vendredi 31 juillet 2009

Présidentielle en Mauritanie: le candidat malheureux appelle au consensus


NOUAKCHOTT — Le colonel Ely Ould Mohamed Vall, candidat malheureux à la présidentielle du 18 juillet et ancien chef de junte (2005-2007) en Mauritanie, a appelé jeudi à un "consensus" pour sortir d'une crise consécutive à une présidentielle "frauduleuse".

"Je pense que suite à cette élection frauduleuse, le pays est plongé dans une crise politique dont la solution résiderait dans la recherche d'un consensus national", a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse.

Cette élection a été remportée au premier tour avec 52,48% des voix par son cousin, le général Mohamed Ould Abdel Aziz.

"Au lieu de résoudre le problème du putsch du 6 août (mené par le général Ould Abdel Aziz), cette élection a enfoncé le pays dans une crise dangereuse en ce sens qu'elle a légitimé, légalisé un coup d'Etat et placé le pays dans une situation de putsch continu", a estimé le colonel Ould Vall.

Il a affirmé que les institutions ayant la charge d'enquêter sur les fraudes comme le Conseil constitutionnel et la commission électorale "n'avaient pas joué leur rôle".

Il a également affirmé que l'accord (de sortie de crise) de Dakar "n'a été appliqué qu'à 10%, (qu') il a été vidé de sa substance, l'élection s'étant déroulée dans les conditions et avec les instruments de l'élection du 6 juin" unilatéralement décidé par les putschistes avant d'être reportée au 18 juillet.

Aussitôt après ces déclarations virulentes sur les résultats des élections, le porte-parole du nouveau président, Adema Moussa Ba, les a qualifiées de "maladroites et sans importance".

"Ould Vall cherche maladroitement à se positionner au sein de l'opposition et ses prises de position, sans importance, ne répondent à aucune logique sauf à des ambitions personnelles", a affirmé M. Ba.

Le colonel Ould Vall qui avait obtenu 3,81% des votes lors de cette présidentielle, en a rejeté les résultats, tout comme deux autres candidats de l'opposition, Ahmed Ould Daddah et Messaoud Ould Boulkheir, qui ont réclamé une commission d'enquête à propos de "fraudes massives".

jeudi 30 juillet 2009

La CNDH appelle Aziz à faire preuve d'ouverture au dialogue

Dans une déclaration rendue publique mercredi à Nouakchott, la Commission Nationale des Droits de l'Homme (CNDH) a affirmé avoir pris acte de l'arrêté du Conseil Constitutionnel validant les résultats des élections présidentielles organisées le 18 juillet 2009, tout en appelant toutes les parties prenantes à scrutin à concourir à la préservation de la paix civile et au renforcement de la concorde nationale par le retour en Mauritanie à une vie politique normalisée, a-t-on appris Xinhua à Nouakchott.

La CNDH a souligné dans son communiqué qu'elle rappelle, en outre, à M. le Président de la République élu la nécessité, conformément à ses propres engagements et à l'intérêt supérieur du pays, d'être un président ouvert au dialogue avec l'ensemble des Mauritaniens.

La CNDH est une organisation de la société civile comprenant plusieurs associations de lutte pour les droits humains ayant, par le passé, apporté d'importantes contributions au dialogue national et à la résolution du problème du passif humanitaire.
 
(Xinhua)

mercredi 29 juillet 2009

Présidentielle en Mauritanie: l'opposition demande une commission d'enquête

NOUAKCHOTT — L'opposition mauritanienne a demandé mardi la création d'une commission d'enquête sur les "fraudes massives" ayant, selon elle, entaché la présidentielle du 18 juillet, tout en déclarant prendre acte de la validation du scrutin "au plan juridique" par le Conseil constitutionnel.

Cette demande a été formulée par les deux principaux candidats de l'opposition, Messaoud Ould Boulkheir (16,66% des voix) et Ahmed Ould Daddah (13,46%) dans un communiqué lu à l'occasion d'une conférence de presse conjointe.

"Nous demandons la constitution d'une commission d'enquête dans l'immédiat pour faire la lumière sur les griefs relevés par les candidats" dans leurs recours devant le Conseil constitutionnel, affirme le communiqué.

La présidentielle avait été remportée par le général Mohamed Ould Abdel Aziz au premier tour avec 52,48%. Le Conseil constitutionnel avait rejeté les recours de l'opposition pour "insuffisance de preuves".

"Tout en prenant acte sur le plan juridique" des résultats annoncés par le Conseil constitutionnel, les deux hommes estiment que "la crise politique reste entière parce que les élections n'ont été ni libres, ni démocratiques, ni transparentes en raison de multiples manoeuvres frauduleuses".

"Ce que nous demandons est très simple: faire le recomptage des votes, vérifier le fichier électoral qui a été manipulé et procéder à l'examen technique des bulletins de vote" soupçonnés de "truquage à base chimique".

"Nous cherchons des solutions pour éviter que le pays ne s'installe durablement dans la crise", ont-ils souligné.

"Si Ould Abdel Aziz refuse cette requête, il aura préféré devenir un président contesté, inconfortablement installé et assumera alors une lourde responsabilité pour l'avenir du pays et de la démocratie", a pour sa part averti Ould Boulkheir.

Les deux hommes ont affirmé qu'ils "continueront ensemble la bataille pour la démocratie" et qu'un jour, "fruit de cette lutte continue, le peuple sortira la tête de l'eau", selon les termes de M. Ould Boulkheir.

Le général Ould Adbel Aziz était arrivé au pouvoir en août 2008 à l'occasion d'un coup d'Etat militaire qui avait plongé le pays dans une grave crise politique.

mardi 28 juillet 2009

Sarkozy et Moubarak félicitent Abdelaziz pour son élection


Lundi, les Etats-Unis ont annoncé avoir Lundi, les Etats-Unis ont annoncé avoir "pris note" du verdict des urnes© AFP











Les présidents français et égyptien ont félicité dimanche Mohamed Ould Abdelaziz pour sa victoire à l'élection présidentielle. Lundi, les Etats-Unis ont annoncé avoir "pris note" du verdict des urnes, et se sont déclarés prêts à travailler avec le nouveau gouvernement.

Le président mauritanien élu Mohamed Ould Abdelaziz a reçu dimanche des messages de félicitation des présidents français Nicolas Sarkozy et égyptien Hosni Moubarak, a-t-on appris de sources gouvernementales.

Dans la même journée, Ould Abdelaziz a reçu des chefs de missions diplomatiques accréditées à Nouakchott, notamment l'ambassadeur des Etats-Unis, Marc Boulwar.

Les Etats-Unis, quant à eux, ont déclaré, dans un communiqué publié lundi à Nouakchott, avoir pris acte de l'élection de Mohamed Ould Abdelaziz et se sont déclarés prêt de travailler avec le nouveau gouvernement.

Les Etats-Unis "prennent acte"

Les Etats-Unis "prennent acte de la décision définitive du Conseil constitutionnel de la Mauritanie, déclarant que Mohamed Ould Abdelaziz a été élu président" et ont "hate de travailler avec le président élu Aziz et avec son gouvernement sur les multiples défis auxquels fait face son pays", selon les termes du communiqué.

Le gouvernement américain a appelé le président élu de la Mauritanie, ainsi que toute la classe politique mauritanienne, à continuer à travailler ensemble de façon constructive.

Le communiqué américain note également que le résultat du scrutin du 18 juin est l'expression de la volonté du peuple mauritanien.

Selon le Conseil constitutionnel mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz a été élu au premier tour avec 52, 47 % des voix à la présidence de la République islamique de Mauritanie.

Xinhua - 28 juillet 2009

samedi 25 juillet 2009

La victoire du général Abdel Aziz confirmée par le Conseil constitutionnel

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L’UE et l’OCI se félicitent du bon déroulement du scrutin.
• La majorité parlementaire appelle l'opposition à accepter 
les résultats.

La victoire du général Mohamed Ould Abdel Aziz à la présidentielle en Mauritanie a été confirmé par le Conseil constitutionnel jeudi dernier qui a rejeté les recours de trois candidats de l'opposition qui ont dénoncé des "fraudes massives", a indiqué le président du Conseil. "M. Mohamed Ould Abdel Aziz a recueilli la majorité absolue des suffrages prévue par la Constitution et est déclaré élu président de la République islamique de Mauritanie", a déclaré M. Abdellahi Ely Salem. Selon les chiffres du Conseil, le général Ould Abdel Aziz a été élu dès le premier tour du scrutin le 18 juillet avec 52.47% des voix. L'ancien ambassadeur mauritanien, Hamadi Ould Meimou, a reconnu jeudi la victoire au premier tour de Mohamed Ould Abdel Aziz. "Je n'ai pas obtenu de preuves tangibles que des suffrages qui m'étaient destinés auraient été transférés frauduleusement en faveur d'un autre candidat", 
a affirmé M. Ould Meimou, candidat indépendant, au cours d'une conférence de presse. Le candidat a tenu à "féliciter le peuple mauritanien pour son esprit de responsabilité et de discipline" et "le président élu Mohamed Ould Abdel Aziz" pour sa victoire. Il a invité toutes les forces vives du pays à "reconnaître les résultats 
du scrutin" afin, a-t-il dit de "permettre à notre pays d'évoluer vers un espace politique apaisé et d'accorder la priorité aux solutions que nécessitent les urgences économiques et sociales"
en Mauritanie.

vendredi 24 juillet 2009

Mauritanie: un opposant appelle le peuple à rejeter le "nouveau coup d'Etat"

Vendredi, 24 juillet

NOUAKCHOTT — Le chef du principal parti d'opposition et candidat malheureux à la présidentielle du 18 juillet en Mauritanie, Ahmed Ould Daddah, a appelé "le peuple à rejeter ce nouveau coup d'Etat", que constitue selon lui la victoire du général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz.

"En ces moments difficiles, j'appelle le peuple mauritanien (...) à rejeter ce nouveau coup d'Etat (électoral)", a lancé M. Ould Daddah jeudi soir lors d'une conférence de presse.

Il s'exprimait quelques heures après la proclamation de la victoire de M. Aziz par le Conseil constitutionnel comme président de la République avec 52,47% des suffrages et le rejet des recours de trois candidats de l'opposition, dont M. Ould Daddah.

L'opposant a également appelé le peuple et les "forces vives" à "engager toutes les formes de lutte démocratique pour défendre leur droit de choisir librement leurs gouvernants, leur liberté, leur dignité, la paix civile et la stabilité du pays".

"Je compte sur tous pour sortir la Mauritanie de cette impasse dans laquelle elle est installée", a ajouté M. Ould Daddah.

L'opposition dénonce des "fraudes massives en amont et en aval du scrutin", M. Ould Daddah demandant spécifiquement un "recomptage des voix et l'analyse chimique des bulletins de vote".

M. Ould Daddah a également salué la "démission courageuse du président de la Commission électorale nationale indépendante, Sid'Ahmed Ould Dey, qui a refusé d'entériner cette mascarade électorale". Il avait annoncé sa démission en raison de "doute" sur la "fiabilité" du scrutin présidentiel.

Les prises de position de la communauté internationale par rapport à la sincérité de ce scrutin, notamment les bailleurs de fonds (Union européenne, France, Etats-Unis...), seront déterminantes.

Cette élection était censée mettre un terme à la crise née du coup d'Etat du 6 août 2008, menée par le général Abdel Aziz.

jeudi 23 juillet 2009

L'opposition appelée à accepter sa défaite à la présidentielle

La majorité parlementaire soutenant le nouveau président élu de Mauritanie, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a appelé mercredi l'opposition à accepter sa défaite au scrutin présidentiel du 18 juillet.

"Nous demandons à l'opposition d'accepter la victoire du candidat élu avec une majorité écrasante et à s'orienter vers l'avenir en jouant son rôle d'opposition démocratique", a déclaré Moustapha Ould Abeiderrahmane, porte-parole de la majorité au Parlement.

Les députés soutenant le général Ould Abdelaziz sont 61 (sur les 95 que compte l'Assemblée).

M. Ould Abeiderrahmane a estimé que "toute la classe politique doit s'inscrire dans la logique du respect de la volonté du peuple, de la légalité et des accords signés par elles notamment l'accord de sortie de crise de Dakar".

"Grand" meeting de protestation

Trois candidats, dont le chef du principal parti d'opposition, Ahmed Ould Daddah, ont dénoncé les résultats de cette élection et déposé mardi un recours devant le Conseil constitutionnel qui a huit jours pour se prononcer.

Les trois hommes ont d'ailleurs appelé à un "grand" meeting de protestation samedi à Nouakchott pour dénoncer "cette mascarade d'élection", a affirmé à l'AFP un haut dirigeant du Front national pour la défense de la démocratie (FNDD, opposition anti-putsch).

AFP, 23 juillet 2009

Le président de la commission électorale "doute" de la "fiabilité" du scrutin

LEMONDE.FR avec AFP, 23 juillet 2009

Principal organisateur du scrutin présidentiel du 18 juillet, Sid Ahmed Ould Deye "doute" de la "fiabilité" de l'élection qui a vu le général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz porté à la présidence. En conséquence, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé, jeudi 23 juillet, qu'il démissionnait de ses fonction.

Dans un communiqué transmis à l'AFP, M. Deye dit avoir "constaté comme beaucoup d'autres que l'élection présidentielle s'était déroulée normalement, dans les formes". Mais, poursuit-il, "les plaintes que j'ai reçues ainsi que les contenus des recours adressés au Conseil constitutionnel ont semé le doute dans mon esprit sur la fiabilité de ces élections quant au fond""C'est pour cela et pour ne pas être en contradiction avec ma conscience que j'ai décidé de présenter ma démission de la présidence de la CENI à compter de ce jour", conclut-il.

"QUELQUES IMPERFECTIONS"

Le meneur du putsch du 6 août 2008 en Mauritanie et ex-chef de la junte, le généralOuld Abdel Aziz, 53 ans, a été déclaré vainqueur dès le premier tour de la présidentielle avec plus de 52 % des voix. Mais les trois principaux candidats de l'opposition – Messaoud OuldBoulkheir, candidat du front anti-putsch,Ahmed Ould Daddah, chef du principal parti d'opposition, et Ely Ould Mohamed Vall, ancien chef de junte (2005-2007) – ont dénoncé des"fraudes massives en amont et en aval du scrutin". Ils ont déposé des plaintes devant la commission électorale et des recours devant le Conseil constitutionnel.

Dirigée par un représentant de la société civile, la CENI est notamment constituée de six membres de l'opposition et de six membres de la majorité favorable au putsch du 6 août. Elle avait, un peu plus tôt dans la journée, publié un communiqué affirmant que le scrutin présidentiel s'était déroulé "dans des conditions normales et transparentes", malgré "quelques imperfections" sans influence sur les résultats.

L'Union européenne, principal bailleur de fonds de Nouakchott, qui a suspendu pour deux ans sa coopération à la suite du putsch du 6 août, a elle appelé jeudi les autorités mauritaniennes à enquêter "de façon adéquate" sur les accusations de fraudes lancées par l'opposition.

mardi 21 juillet 2009

L’opposition mauritanienne crie à la fraude

L’opposition mauritanienne a dénoncé hier «une fraude massive»après la publication des résultats de l’élection présidentielle de dimanche, marqués par la victoire de Mohamed ould Abdel Aziz dès le premier tour. «Une commission se met au travail pour réunir tous les éléments d’information et permettre le dépôt d’un recours devant le Conseil constitutionnel au plus tard demain soir [mardi soir, ndlr]», a déclaré hier, à la presse, le porte-parole de l’opposition, Mohamed ould Mouloud. «Cette opération de vérification permettra sans doute d’avancer des preuves tangibles sur cette fraude massive et de déposer notre recours dans le délai légal», a-t-il expliqué.

L’auteur du coup d’Etat du 6 août 2008 et ex-chef de la junte, le général Mohamed ould Abdel Aziz, a été élu dès le premier tour avec plus de 52 % des voix. Le Quai d’Orsay a fait savoir, hier, qu’il n’y avait pas eu d’anomalies majeures, selon des informations que lui ont fournies des observateurs de l’Organisation internationale de la francophonie et de l’Union africaine. La Commission européenne a estimé de son côté qu’il était «prématuré» de se prononcer sur les résultats.

  • TIMOUR AGGIOURI, Libération, 21/07/2009

lundi 20 juillet 2009

En Mauritanie, le putschiste de 2008 gagne l'élection

Le 19 juillet, à Nouakchott, des supporteurs du général Ould Abdel Aziz fêtent son élection à la présidence de la République islamique, selon les premiers résultats officiels.
AP/Rebecca Blackwell
Le 19 juillet, à Nouakchott, des supporteurs du général Ould Abdel Aziz fêtent son élection à la présidence de la République islamique, selon les premiers résultats officiels.

imanche 19 juillet, ce sont des concerts de klaxons et des manifestations d'allégresse qui ont accueilli dans les rues sablonneuses de la capitale mauritanienne, Nouakchott, l'annonce officielle de la victoire, dès le premier tour, de l'ex-général putschiste, Mohamed Ould Abdel Aziz, à l'élection présidentielle. Le front "anti-Aziz", qui, à longueur de manifestations, demandait depuis le coup d'Etat d'août 2008 le retour à l'ordre démocratique, était absent et silencieux. "Il est sonné, personne ne s'attendait à une victoire aussi nette et rapide", nous explique Mohamed Fall Ould Oumere, rédacteur en chef de l'hebdomadaire indépendant La Tribune, joint au téléphone. Dimanche matin, les quatre principaux candidats battus avaient, certes, dénoncé "un coup d'Etat électoral" et un scrutin apparenté à "une mascarade". Mais, vingt-quatre heures plus tard, aucune plainte pour fraude n'avait encore été déposée. Pas plus que l'on n'enregistrait de manifestations de colère de la part des électeurs d'une opposition qui se disait pourtant massivement flouée.

Ce calme précède-t-il la tempête ou bien faut-il y voir le signe du fatalisme des Mauritaniens, dont la vie n'est rythmée depuis leur indépendance, en 1960, que par des coups d'Etat militaires ou électoraux ? A moins que l'ex-général Abdel Aziz ait tout simplement gagné à la régulière, comme semblaient le confirmer les observateurs de l'Union africaine, notamment, déployés dans les bureaux de vote et qui ne trouvaient rien à redire au déroulement du scrutin.

Si rien ne vient remettre en cause les résultats, l'opposition a en effet de quoi faire grise mine. Selon les chiffres officiels annoncés dimanche soir par le ministère de l'intérieur, Mohammed Ould Abdel Aziz recueille en effet 52,58 % des voix, loin devant le président de l'Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir. Ce descendant d'une famille d'esclaves n'obtient que 16,29 % des voix, suivi (avec 13,66 %) parAhmed Ould Daddah, le chef du principal parti de l'opposition, le Rassemblement des forces démocratique (RFD).

Un temps présenté comme le rival le plus sérieux de Mohammed Ould Abdel Aziz, son cousin germain et ancien chef d'une autre junte militaire (de 2005 à 2007), Ely OuldMohammed Vall obtient un maigre 3,81 %.

Est-ce parce qu'il pressentait cette déroute qu'Ely Ould Mohammed Vall n'a pas attendu plus que quelques heures après le début des opérations de vote, samedi 18 juillet, pour dénoncer de "vastes opérations de fraude, aussi bien à l'intérieur du pays qu'à Nouakchott""Nous sommes en train d'en prendre connaissance et nous en ferons part, si cela se confirme, aux instances concernées et aux observateurs", a-t-il déclaré à la presse.

"Il y a eu achat de conscience, de cartes d'électeurs et d'autres documents de vote. Des villages entiers ont été ciblés par la pression de l'argent pour les amener à voter pour tel ou tel candidat. Cela est très grave", a-t-il ajouté, après avoir voté à Nouakchott. En 2007, l'opposition d'alors avait formulé les mêmes critiques à l'encontre, cette fois-là, du colonel Vall lors de la victoire de "son" candidat, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi.

"Machine à truquer"

Dimanche, le colonel Vall s'est donc retrouvé aux côtés de ses anciens détracteurs pour dénoncer"un coup d'Etat électoral", selon les termes de Massaoud Ould Boulkheir. "L'opposition est présente dans la commission électorale centrale et au ministère de l'intérieur, ce sera très difficile pour elle de contester les résultats", pronostiquait Mohammed Fall Ould Oumere. Auquel cas l'opposition éprouvera quelques difficultés à garnir ses bataillons de protestataires. Mais, de cela, les anti-Aziz, un front hétéroclite uni par son rejet du général, ne semble pas vouloir entendre parler. "Tout était déjà en place pour le 6 juin, lorsqu'Abdel Aziz voulait afficher un taux de participation présentable. Samedi, il n'a eu qu'à activer sa machine à truquer le vote", dénonce, à Paris, un proche du colonel Vall. Le 6 juin fait référence à la date que le général putschiste avait obstinément tenté d'imposer pour la présidentielle.

Seule une forte pression de la communauté internationale, inquiète du manque de légitimité que ne manquerait pas d'avoir une élection boycottée par la plupart des partisans, l'avait fait revenir sur sa décision. Le vote avait finalement été reporté de quelques semaines seulement jusqu'au 19 juillet. Et l'opposition s'était engagée à y participer. Sans doute regrette-t-elle aujourd'hui d'avoir accepté un agenda qui convenait parfaitement à Mohammed Ould Abdel Aziz.

L'ancien chef de la garde présidentielle s'est en effet appuyé sur son bilan à la tête du Haut Conseil d'Etat (HCE), la junte militaire instituée après le putsch d'août 2008. L'ancien général, démissionnaire de l'armée au printemps pour pouvoir se porter candidat à la présidentielle, a dépensé sans compter pour construire des routes, baisser les prix des produits de première nécessité, faire réaliser des travaux d'électrification, de raccordement aux réseaux de distribution d'eau potable. Autant d'investissements publics qui servaient également son image de président proche des nécessiteux. On dit aujourd'hui que les caisses de l'Etat sonneraient creux. D'autant que les institutions financières internationales, l'Union européenne et nombre de pays attendaient ce scrutin avant de relancer leur aide et autres programmes de financement suspendus après le putsch de 2008.

Christophe Châtelot

Mauritanie : un tour suffit à installer le putschiste

MANON RIVIÈRE NOUAKCHOTT, de notre correspondante

Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, le 18 juillet 2009 à Nouakchott.

Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, le 18 juillet 2009 à Nouakchott. (© AFP Watt Abdel Jelil)

  • Calme plat hier après-midi à Nouakchott. Paisibles, les Mauritaniens vaquaient à leurs occupations. Pas de coups de klaxons, ni de démonstration de joie ou de haine intempestive. Juste une journée de juillet comme une autre, pourrait-on dire, entre chaleur et vent de sable. Pourtant, nous étions au lendemain d’un scrutin que la presse locale qualifiait d’«historique». Un scrutin que le général Mohamed ould Abdel Aziz, l’artisan du coup d’Etat d’août dernier, a remporté haut la main. Selon les résultats proclamés hier soir par le ministère de l’Intérieur, il a obtenu 52,58 % des voix, avec une participation de 64 %.
  • «Logique». «On était sûr de gagner au premier tour ! se félicite Mahmoud, au volant de sa Toyota gris métallisée. Pendant sa campagne, Aziz a fait le plein de soutiens, c’est logique qu’il obtienne un bon score !» L’opposition en revanche affiche la mine des mauvais jours. Dès l’aube, trois candidats ont dénoncé des«manipulations à grande échelle». Côte à côte, le président de l’Assemblée nationale, Messaoud ould Boulkheir (16,29 % des voix), le candidat du RFD, Ahmed ould Daddah (16,66 %), et l’ex-chef de la transition militaire de 2005, Ely ould Mohamed Vall (3,81 %), ont accusé leur adversaire, Mohamed ould Abdel Aziz, de«coup d’Etat électoral». Dans un communiqué, lu devant les journalistes à 6 heures du matin, ils ont affirmé que l’élection avait été entachée de fraudes, parlant de «falsification des listes électorales»,d’«achats des consciences», ou encore de «faux bulletins de vote».
  • Pour le moment, aucune preuve n’a été apportée pour étayer leurs propos et les 250 observateurs internationaux se sont abstenus de tout commentaire. Samedi soir, Pierre Buyoya, le chef de la mission d’observation de l’Organisation internationale de la francophonie, estimait pour sa part que «le processus électoral s’était très bien déroulé», du moins jusqu’à la fermeture des bureaux de vote. En effet, c’est peut-être lors du dépouillement que les choses ont pu se corser ici où là. Dans le bureau n°29, Daffa Adama, rompu à l’exercice de surveillance électorale, avait pris le temps d’expliquer à son équipe la bonne manière de valider le bulletin unique. «C’est seulement si l’électeur a marqué cette case blanche, que le vote est recevable!» martelait-il. Un travail pédagogique qui n’a pas été forcément fait partout. «Dans le bureau où j’étais, j’ai vu des aberrations, raconte une jeune observatrice étrangère. Le chef de bureau montrait à peine les bulletins aux autres, la représentante de la Commission électorale regardait le plafond et des bulletins nuls étaient entassés dans les piles de bulletins valables !»
  • Dépité. Hier, la presse étrangère dépêchée en Mauritanie pour l’élection semblait désemparée. «Nous n’avions pas prévu un scrutin à un tour ! Nous allons faire nos valises plus tôt que prévu»,admettait un journaliste anglo-saxon. Sur place, on s’interroge toutefois. Doit-on redouter une riposte de l’opposition ? «Si les observateurs ne disent rien et qu’il n’y a aucune preuve matérielle, il ne se passera rien du tout!» lâche, dépité, un fervent partisan d’Ahmed ould Daddah. La communauté internationale n’a pas encore pris position. Même si, en coulisses, on laisse échapper quelques commentaires mesurés. «Un second tour aurait été souhaitable pour la démocratie et aussi pour aplanir les tensions entre Mauritaniens», estimait hier un diplomate.

dimanche 19 juillet 2009

Le général putschiste vers la victoire, l'opposition conteste

Selon les derniers chiffres de la commission électorale dimanche après-midi, le général Ould Abdel Aziz, 53 ans, a recueilli 52,75% des voix sur 86,34% des suffrages dépouillés.

Si cette tendance se confirme, il serait donc élu dès le premier tour malgré le nombre élevé de candidats en course (neuf au total) pour ce scrutin crucial censé mettre un terme à la grave crise née du putsch.

Dès la nuit de samedi à dimanche, des partisans de l'ex-chef de la junte, qui avait démissionné en avril pour se porter candidat, étaient descendus dans les rues de Nouakchott pour célébrer la victoire.

Selon ces résultats partiels, le président de l'Assemblée nationale et candidat du front anti-putsch Messaoud Ould Boulkheir arrive loin derrière avec 16,16% des voix, suivi par le chef du principal parti de l'opposition, le Rassemblement des forces démocratique (RFD), Ahmed Ould Daddah avec 13,54%.

Ibrahima Sarr, issu de la minorité négro-mauritanienne et qui avait appuyé le putsch, décroche la quatrième place avec 4,74%.

Le candidat islamiste modéré Jemil Ould Mansour, qui se présentait pour la première fois, remporte 4,60% des voix et se place devant le colonel Ely Ould Mohamed Vall, l'ex-chef de la junte (2005-07) qui avait rendu la pouvoir aux civils au terme d'une transition souvent saluée comme exemplaire (3,92%).

Le taux de participation s'élève à 61,51%, selon la commission électorale. Le ministère de l'Intérieur doit annoncer dans l'après-midi les résultats totaux provisoires.

Mais les quatre principaux candidats de l'opposition ont dénoncé dimanche devant la presse une "mascarade électorale qui cherche à légitimer le coup d'Etat" du 6 août 2008.

M. Ould Boulkheir s'exprimait au nom de trois autres candidats: MM. Ould Daddah, Ould Mohamed Vall et Hamadi Ould Meimou, ex-ambassadeur et candidat indépendant.

Les quatre hommes ont publié une déclaration dans laquelle ils rejettent les "résultats préfabriqués" du scrutin et appelé la communauté internationale à diligenter une enquête indépendante sur les irrégularités constatées.

Ils ont demandé aux "entités compétentes" comme le Conseil constitutionnel et le ministère de l'Intérieur de ne pas "accepter la validation" des résultats et au peuple mauritanien de "se mobiliser pour mettre en échec ce coup d'Etat électoral".

Ils accusent le général Ould Abdel Aziz de fraude massive comprenant la "manipulation du fichier électoral", la "corruption généralisée" et l'utilisation de faux documents électoraux.

Presque au même moment, l'ex-chef de la junte s'est rendu au siège de sa campagne pour féliciter son équipe et promettre "d'appliquer rigoureusement" son programme électoral.

Lors de la campagne et le jour du vote, le général putschiste avait répété qu'il serait élu dès le premier tour.

Plus de 300 observateurs internationaux étaient déployés dans le pays, notamment de l'Union africaine (UA), de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et de la Ligue arabe.

Aucun observateur européen n'était présent, officiellement pour des "raisons de calendrier", selon une source diplomatique.

En avril, l'UE avait officiellement suspendu pour deux ans sa coopération avec la Mauritanie en raison du coup d'Etat, assurant que cette coopération ne pourrait reprendre sans "retour à l'ordre constitutionnel".

Sur 156 millions d'euros préalablement programmés entre 2008 et 2013, 40 millions d'euros d'aide budgétaire ont été gelés.

samedi 18 juillet 2009

La présidentielle en Mauritanie doit clore la crise


NOUAKCHOTT - Sous le regard attentif de la communauté internationale, les Mauritaniens se rendent aux urnes ce samedi pour une élection présidentielle censée fermer la parenthèse ouverte en août 2008 par le putsch qui a renversé son premier chef de l'Etat démocratiquement élu.

Poster du général Mohamed ould Abdel Aziz, à la tête des putschistes et candidat à l'élection présidentielle. Sous le regard attentif de la communauté internationale, les Mauritaniens se rendent aux urnes ce samedi pour une élection présidentielle censée fermer la parenthèse ouverte en août 2008 par le putsch qui a renversé son premier chef de l'Etat démocratiquement élu. (Reuters/Vincent Fertey)

Poster du général Mohamed ould Abdel Aziz, à la tête des putschistes et candidat à l'élection présidentielle. Sous le regard attentif de la communauté internationale, les Mauritaniens se rendent aux urnes ce samedi pour une élection présidentielle censée fermer la parenthèse ouverte en août 2008 par le putsch qui a renversé son premier chef de l'Etat démocratiquement élu. (Reuters/Vincent Fertey)

Aux termes d'un compromis conclu fin juin sous l'égide du Sénégal, le président déchu Sidi Mohamed ould cheikh Abdallahi a renoncé formellement à ses fonctions et chargé un gouvernement d'union comprenant une moitié de militaires putschistes de préparer le scrutin.

L'accord impliquait qu'Abdellahi ne se représenterait pas, alors que le chef des putschistes, le général Mohamed ould Abdel Aziz, ancien chef de sa garde présidentielle, briguera les suffrages populaires lors de cette élection qu'il a annoncée "libre et transparente".

Jusqu'à tout récemment, Abdel Aziz était considéré comme le seul candidat sérieux à ce scrutin, dont l'échéance était initialement fixée au 6 juin, mais, depuis l'accord de Dakar, l'opposition a levé sa consigne de boycottage.

Ahmed ould Daddah, vétéran de l'opposition démocratique, et Ely ould Mohamed Vall, auteur en 2005 d'un des nombreux coups d'Etat dont l'histoire de la Mauritanie indépendante est jalonnée, contesteront samedi le leadership d'Abdel Aziz.

L'élection présidentielle, dont l'éventuel second tour aurait lieu le 1er août si aucun candidat ne réunissait dès le premier tour la majorité absolue, offre l'occasion à l'ancienne colonie française de retrouver la légitimité que réclament ses partenaires et donateurs.

"Avec le crime organisé, le trafic de drogue et la menace terroriste, il existe un risque d'instabilité dans la région et la Mauritanie est au coeur de cette fragilité. Cette élection permettra de renforcer les structures institutionnelles et sécuritaires du pays", analyse un diplomate européen en poste à Nouakchott.

"FIABILITÉ ET TRANSPARENCE"

La Mauritanie avait été applaudie dans le monde pour les élections présidentielles libres qui avaient mis fin en 2007 à deux décennies de régime militaire. "Mais elle a perdu avec le dernier coup d'Etat son image attrayante", déplore un autre diplomate en poste dans la capitale.

Ni l'Union européenne, ni les Nations unies, qui se sont félicitées des perspectives de retour à la démocratie, n'ont envoyé d'observateurs, mais plus de 200 délégués de diverses organisations, dont l'Union africaine et la Ligue arabe, sont à pied d'oeuvre pour surveiller le déroulement du scrutin.

"Pour le moment, nous n'avons décelé aucune irrégularité. Il y a eu çà et là des erreurs sur les listes d'électeurs, mais elles ont chaque fois été rectifiées", a déclaré Hamdi ould Mahjoub, vice-président de la commission électorale nationale.

"La présence d'observateurs internationaux nous permettra de garantir la fiabilité et la transparence des élections, ce qui est de la plus haute importance pour nous", a-t-il ajouté.

"Les investisseurs étrangers ne viendront pas ici si la communauté internationale n'entérine pas le régime issu de ces élections", souligne l'économiste mauritanien Isselmou ould Mohamed.

"La Mauritanie est entièrement dépendante de l'aide extérieure. Si la communauté internationale ne reconnaît pas cette élection et ne reprend pas sa coopération, le pays frisera la catastrophe", prévient-il.

L'Union européenne, qui a gelé à la suite du coup d'Etat d'Abdel Aziz l'aide de 156 millions qu'elle avait allouée à la Mauritanie pour la période 2008-2013, se refuse à travailler avec un gouvernement militaire, mais a promis de reprendre sa coopération si le pays en revenait à la démocratie.

Par Reuters, publié le 18/07/2009 à 09:24