jeudi 31 décembre 2009

Mauritanie/terrorisme: cabinet spécial

(AFP) La justice mauritanienne s'est dotée hier d'un cabinet d'instruction judiciaire spécialement chargé des questions de terrorisme au tribunal de Nouakchott, a annoncé aujorud'hui une source judiciaire.

Selon cette source, la décision a été prise par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), au cours d'une réunion tenue hier sous la présidence du chef de l'Etat Mohamed Ould Abdel Aziz.

"La décision s'inscrit dans le cadre du durcissement des mesures prises par le régime pour faire face avec détermination au phénomène du terrorisme", a affirmé cette source.

A la mi-décembre, le Parlement avait adopté une loi renforçant la législation contre le terrorisme: elle autorise désormais les écoutes téléphoniques des suspects, la fouille de leur domicile "à tout moment" (notamment à des heures tardives, ce qui était auparavant interdit) et supprime la prescription pour les actes criminels vieux de plus de 20 ou 30 ans.

Ce texte avait été adopté quelques semaines après l'enlèvement de trois ressortissants espagnols sur la route Nouadhibou-Nouakchott (le 29 novembre) et peu après le rapt de deux Italiens dans le sud-est du pays (le 17 décembre). Ces deux actions ont été revendiquées par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

La nouvelle législation renforce également la coopération entre la Mauritanie et les autres pays, notamment pour des échanges d'informations et pour l'extradition de suspects et criminels, avait expliqué à la presse le ministre de la Défense, Hamadi Ould Hamadi.

Hausse des coûts d'impression: journée sans presse dimanche en Mauritanie


Le rassemblement de la presse mauritanienne (RPM), syndicat des éditeurs de journaux, a décidé jeudi de ne pas paraître dimanche pour protester contre l'augmentation des coûts d'impression par l'imprimerie nationale pour 2010, a annoncé à l'AFP son président.

"L'imprimerie nationale nous a informé d'une augmentation de 300% des frais d'impression des journaux en 2010, en conséquence nous avons décidé de ne pas paraître dimanche prochain pour protester contre cette mesure", a affirmé le président du RPM, Ahmed Ould Cheikh, qui dirige l'hebdomadaire Le Calame.

L'imprimerie recevait une subvention de l'Etat mauritanien qui lui permettait de "ramener à un niveau supportable les coûts d'impression de la presse (locale), mais cette subvention a été supprimée pour 2010", a affirmé M. Ould Cheikh.

"Nous ne pouvons pas faire face à ces charges, l'Etat ne nous apporte aucune aide en dehors de cette assistance à l'impression. Si elle est éliminée, ce sera très grave pour la survie de la presse", a-t-il indiqué.

M Ould Cheikh a lancé un appel aux autorités pour "prendre les mesures qui s'imposent aux fins de sauver la presse".

"Si d'ici dimanche aucune mesure n'est annoncée, nous saurons alors comment continuer notre mouvement de protestation", a averti le chef du syndicat des éditeurs, qui estiment que plus d'une vingtaine de journaux devraient être absents des kiosques.

Rapport accablant sur l’univers carcéral mauritanien


Cour intérieur de la maison d’arrêt de Dar Naïm interdite aux détenus.
Amnesty International
RFI







L’Ordre national des avocats mauritaniens a rendu public, le 29 décembre 2009, un rapport sur les conditions de vie des détenus dans la principale prison de Nouakchott, située à Dar Naïm. Fruit d’une mission de trois jours menée en octobre dernier par le bâtonnier et deux avocats. Son compte-rendu est accablant : surpopulation, déficit sanitaire et même allégations de torture.

Premier constat du rapport : la prison de Dar Naïm conçue pour accueillir 300 détenus en héberge près de 1 000. Pour Maître Hadj Sidi, qui a participé à sa rédaction, cette surpopulation s’explique notamment par un recours excessif du Parquet à la détention préventive : « Il y a des détenus qui sont en détention préventive depuis 2002. D’autres depuis 2003, 2004, et qui n’ont pas encore été jugés. Parmi ces détenus, certains, s’ils avaient été jugés, risquaient une peine allant de trois à quatre années d’emprisonnement. Ils sont donc en train de purger en préventive, une peine peut-être supérieure à la peine à laquelle ils auraient été condamnés ». Contacté par RFI, le procureur de la République n’a pas souhaité répondre.

Autre dénonciation du barreau : les mauvaises conditions sanitaires dues à l’absence d’infirmerie, mais aussi à la surpopulation qui facilite la transmission des maladies infectieuses. Enfin, le rapport fait état d’un climat de violence permanent entre les détenus, mais relaie aussi des allégations de torture par les gardiens. « Soyons clair : ce sont les propos des détenus. Ils montrent certaines cicatrices et vous disent que c’est à la suite de telle ou telle situation. Pouvons-nous certifier que de telles séquelles proviennent effectivement des actes de torture ? Non. Nous attirons l’attention et disons que d’après les propos recueillis, il semble que la torture serait d’usage » avance prudemment maître Hadj Sidi.

La responsable de la direction de l’Administration pénitentiaire indique qu’elle n’a pas connaissance de telles pratiques. Elle admet que la surpopulation de Dar Naïm pose problème, mais souligne que depuis plus d’un an, il existe une réelle volonté politique de développer les infrastructures. La construction à Aleg d’une prison de 650 places est ainsi prévue pour 2010. « Nous partons de très loin, mais cela bouge vraiment » conclut-elle.

La nouvelle stratégie d'AQMI en Mauritanie



Convoi de l'ONG espagnole Barcelona Accio Solidaria en Mauritanie. Trois humanitaires de cette ong ont été enlevés fin novembre.
REUTERS/Rafael Marchante

RFI
Al-Qaïda au Maghreb Islamique a revendiqué dans un message audio-diffusé lundi 28 décembre 2009 l’enlèvement d’un couple d’Italiens, le 18 décembre dans le sud-est de la Mauritanie. Ce deuxième rapt d’Européens, trois semaines seulement après celui de trois Espagnols, également revendiqué par AQMI, est une preuve de plus de l’intensification des activités du groupe terroriste sur le sol mauritanien.

Depuis 2005, AQMI a multiplié les attaques en Mauritanie. Ce sont les militaires qui, dans un premier temps, ont payé le plus lourd tribu avec une trentaine de soldats tués en trois ans.

En décembre 2007, le meurtre de quatre Français à Aleg marque un changement stratégique. Si les militaires sont toujours visés, les Occidentaux deviennent des cibles privilégiées. Ainsi, en juin dernier, AQMI revendique l’assassinat d’un Américain à Nouakchott, puis en août un attentat suicide contre l’ambassade de France, le premier attentat kamikaze qu’ait connu le pays. Depuis novembre, la menace est encore transformée : AQMI opte pour le kidnapping d’Occidentaux et frappe là où on l’attend le moins.

Alors que les autorités venaient de communiquer sur la sécurisation de l’Adrar, dans le nord désertique, c’est sur la principale route du pays, entre Nouadhibou, capitale économique, et Nouakchott, qu’AQMI enlève trois humanitaires espagnols le 29 novembre. Un grand coup puisque le lieu du rapt est à seulement 170 km de la capitale et à plus de 1000 km des bases arrières du groupe, situées au nord Mali. Trois semaines plus tard, c’est au sud est du pays, à 10 km de la frontière malienne et à nouveau sur un axe routier important, que le couple d’Italiens est kidnappé.

Avec ces enlèvements, AQMI atteint plusieurs objectifs : faire la preuve de sa force, semer la terreur, ternir l’image du pays et peut-être aussi renflouer ses caisses, les prises d’otages étant souvent plus lucratives que l’assassinat. Pour le président Mohamed Ould Abdel Aziz, venu au pouvoir avec des promesses de sécurité, le défi est de taille.

Al-Qaïda veut sept millions de dollars pour les otages espagnols, selon la presse

MADRID — Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) réclame sept millions de dollars et la libération de plusieurs de ses membres détenus en Mauritanie contre la libération des trois volontaires humanitaires espagnols retenus en otages au Mali, a assuré jeudi le quotidien El Mundo.

Le ministère espagnol des Affaires étrangères, interrogé par l'AFP, s'est refusé à tout commentaire sur cette information.

"Aqmi réclame sept millions de dollars (4,8 millions d'euros, ndlr) de rançon pour les trois coopérants espagnols séquestrés le 29 novembre" en Mauritanie alors qu'ils acheminaient de l'aide humanitaire en Afrique de l'Ouest à bord d'un convoi, écrit le journal espagnol sans citer de sources.

El Mundo ajoute que les ravisseurs des trois Espagnols - Roque Pascual, 50 ans, Albert Vilalta, 35 ans, et Alicia Gamez, 35 ans - exigent également "la libération d'un nombre déterminé" d'activistes d'Aqmi détenus en Mauritanie.

L'un des Espagnols, Albert Vilalta, blessé par balle à une jambe lors de son enlèvement, "est bien soigné" et son état "évolue positivement", avait indiqué mercredi le directeur de l'ONG Barcelona Accio Solidaria, Francesc Osan.

Selon El Mundo, le gouvernement espagnol est informé des exigences des ravisseurs et le président du Mali, Amadou Toumani Touré, joue "un rôle fondamental dans les négociations".

Le président malien aurait ainsi dépêché au nord du Mali, où seraient retenus les otages dans une région désertique frontalière avec l'Algérie, son consul en Arabie Saoudite, Iyad Ag Gali, un ancien rebelle touareg.

Ce dernier serait en contact avec un chef tribal du nord du Mali pour négocier la libération des trois otages espagnols, mais aussi celles de l'otage français, Pierre Camatte, capturé le 26 novembre, et de l'Italien Sergio Cicala et son épouse Philomène Kabouree, capturés le 18 décembre par Aqmi.

D'après des informations recoupées il y a un quelques jours par l'AFP, au moins trois intermédiaires tentent d'obtenir la libération des otages européens.

Al-Qaïda au Maghreb publie des photos du couple d'otages italiens


Image obtenue le 30 décembre 2009 du Centre américain de surveillance des sites islamistes (SITE), montrant le couple dIitaliens enlevés le 18 décembre en Mauritanie

DUBAI — Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a revendiqué lundi l'enlèvement de deux Italiens le 18 décembre en Mauritanie, a publié des photos du couple, a annoncé jeudi le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE.

L'Aqmi a publié un communiqué, en date du 30 décembre, accompagné de trois photos, deux photos des pièces d'identité des otages et l'une montrant le couple.

Sergio Cicala, retraité de 65 ans, et sa femme Philomène Kabouree, Italienne d'origine burkinabé âgée de 39 ans, sont agenouillés et entourés de cinq hommes armés, selon SITE qui publie ces images.

Dans son communiqué, l'Aqmi précise, selon SITE, que "l'enlèvement intervient alors que le gouvernement de Silvio Berlusconi soutient les guerres en Afghanistan et en Irak et soutient la +croisade+ contre l'islam".

L'"Aqmi précise que si la famille des otages et le peuple italien tiennent à la sécurité de Cicala et Kabouree, ils doivent exercer une pression sur leur gouvernement pour qu'il réponde à sa demande", indique SITE.

Le 28 décembre, la chaîne de télévision Al-Arabiya, basée à Dubaï, avait indiqué qu'Aqmi avait revendiqué dans un message audio l'enlèvement des deux Italiens.

Le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini avait déclaré que l'Italie n'a "aucun contact direct avec un émissaire" d'Aqmi.

Les deux Italiens avaient été enlevés sur une route du sud-est de la Mauritanie. Ils se rendaient au Burkina Faso à bord d'un minibus immatriculé en Italie, avait indiqué une source de sécurité.

Ces deux dernières années, Aqmi a revendiqué une série d'actions meurtrières en Mauritanie, dont l'assassinat fin 2007 de quatre Français à Aleg (250 km à l'est de Nouakchott) et celui d'un Américain en juin dans la capitale.

mercredi 30 décembre 2009

L'otage espagnol blessé par balle va mieux

L'otage espagnol blessé par balle à une jambe lors de son enlèvement fin novembre en Mauritanie "est bien soigné" et son état "évolue positivement", a indiqué mercredi le directeur de l'ONG Barcelona Accio Solidaria, Francesc Osan.

"Il a reçu des médicaments et de l'aide médicale", a précisé M. Osan au sujet d'Albert Vilalta, qui se trouverait au Mali et dont l'enlèvement avec deux autres coopérants espagnols a été revendiqué par l'organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Il a ajouté lors d'une conférence de presse qu'il ne savait pas comment les médicaments utilisés pour soigner M. Vilalta lui étaient parvenus.

Le ministère espagnol des Affaires étrangères avait confirmé mardi soir une information de l'AFP indiquant que M. Vilalta était mal en point, ajoutant, sans autres précisions, qu'il avait été "blessé" au moment de l'enlèvement.

Le chef du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a déclaré mercredi que "tout le nécessaire" serait fait pour obtenir une "prompte libération" des otages, tout en recommandant la discrétion.

Le gouvernement doit être "extraordinairement prudent" dans la diffusion d'informations à ce sujet, a-t-il précisé lors d'une conférence de presse.

Le chef de l'opposition de droite, Mariano Rajoy, a réaffirmé mercredi qu'il était opposé au paiement de toute rançon au groupe qui avait enlevé les Espagnols.

Ces derniers, trois volontaires de l'ONG Barcelona Accio Solidaria - deux hommes et une femme - avaient été enlevés le 29 novembre sur la route très fréquentée Nouadhibou-Nouakchott, à environ 170 kilomètres au nord de la capitale.

Selon une source proche des négociations, les trois otages espagnols et leurs ravisseurs auraient parcouru en un temps record une distance d'environ 2.000 kilomètres, vers le désert du nord du Mali.

Leur enlèvement a été revendiqué le 8 décembre par Aqmi, en même temps que le rapt d'un Français capturé dans le nord du Mali. Lundi soir, Aqmi a également revendiqué le rapt de deux Italiens le 18 décembre en Mauritanie.

L'otage espagnol blessé par balle

MADRID — Un des trois humanitaires espagnols pris en otage en Mauritanie le mois dernier par des militants islamiques a été blessé par balle à la jambe le jour de l'enlèvement, a fait savoir mercredi l'organisation humanitaire Accion Solidaria.

Le président de l'ONG basée à Barcelone Francesc Osan a déclaré à la radio qu'il avait appris la nouvelle de ses blessures par le gouvernement espagnol.

Dans un communiqué diffusé mardi soir, le ministère des Affaires étrangères a précisé que Albert Vilalta a été blessé le jour de l'enlèvement le 29 novembre dernier et reçoit des soins médicaux.

Selon le quotidien "El Païs" qui cite des responsables du gouvernement espagnol, l'otage âgé de 45 ans souffre de trois blessures par balle à la jambe gauche, qui lui ont été infligées alors qu'il tentait de s'enfuir.

L'enlèvement a été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), groupe qui a également kidnappé un Français, Pierre Camatte, au Mali le 25 novembre, après les trois Espagnols -Albert Vilalta, Roque Pascual et Alicia Gamez-le 29 en Mauritanie.

Ne laisser aucun enfant sur le bord de la piste


Photo: Anne-Isabelle Leclercq/IRIN
Le personnel de la Croix-Rouge et du Croissant-rouge évaluant la malnutrition des enfants pendant les campagnes à domicile, dans le village de Nima, près de Kaédi, au sud la Mauritanie. Novembre 2009
KAEDI, 30 décembre 2009 (IRIN) - Arrivés dès les premières heures du jour en charrette tirée par des ânes dans le village de Nima, à plusieurs heures de piste de Kaédi, dans le sud de la Mauritanie, le long du fleuve Sénégal, quelques volontaires du Croissant-Rouge mauritanien frappent à toutes les portes du village pour inviter les familles à faire dépister leurs enfants pour la malnutrition.

Equipés d’une toise, d’une balance et d’un brassard, les volontaires examinent les enfants, enregistrent les données, posent des questions aux accompagnants – souvent les mères - et réfèrent les enfants au centre de santé lorsque cela s’avère nécessaire.

Cette activité routinière est organisée de village en village depuis 2008. « On reste deux jours dans chaque village pour être sûr qu’on n’oublie aucune famille, même celles qui sont parties travailler dans les champs », a expliqué Samba Racine Diallo, superviseur de l’équipe de dépistage dans le périmètre de Nima.

Un véritable travail de fourmi, mais essentiel dans une zone où, selon la dernière enquête menée par le ministère de la Santé et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en juillet pour évaluer la situation nutritionnelle des enfants en période de soudure, les taux de malnutrition aigue globale atteignent 16,8 pour cent.

L’un des principaux objectifs de ces campagnes de dépistage au porte-à-porte, soutenues par la Croix-Rouge française, est donc de « récupérer tous les enfants » souffrant de malnutrition, a expliqué M. Diallo, y compris ceux qui sont encore au stade modéré.

Des besoins qui dépassent les frontières mauritaniennes

A une dizaine de kilomètres de Tokomadji, le poste de santé de Toufunde Cive, qui a commencé ses activités de prise en charge de la malnutrition modérée et sévère en Mai 2008, est aujourd’hui ‘victime de son succès’ au-delà des frontières : sur les quelque 120 enfants qui y étaient suivis pour malnutrition en novembre, plus d’une cinquantaine venait de la région de Matam, au Sénégal, située juste de l’autre côté du fleuve Sénégal qui coule à quelques dizaines de mètres de là.

Le jour où IRIN a visité le centre, une mère sénégalaise venait de traverser le fleuve en pirogue avec sa fille, âgée de 19 mois, l’enfant présentant des complications liées à la malnutrition deux semaines après avoir été dépisté.

« Sa mère l’a ramenée parce qu’elle était inquiète », a expliqué Amadou Ba Samba, l’infirmier chef du poste de santé de Toufunde Cive. « L’enfant a des œdèmes aux pieds et à la tête, on a expliqué à sa mère qu’il fallait l’évacuer vers l’hôpital de Kaédi ».

Une décision parfois difficile à accepter pour des habitants de l’autre côté du fleuve. « C’est la troisième fois que le cas se présente, mais les familles n’acceptent pas toujours d’aller à Kaédi », a dit M. Ba Samba, ajoutant que l’éloignement géographique limitait aussi le suivi des enfants. « Si l’enfant est absent [pour sa prise en charge], c’est difficile d’aller le chercher de l’autre côté du fleuve parce qu’on ne sait pas exactement où il se trouve ».

Des campagnes de dépistage de la malnutrition sont régulièrement organisées au niveau des centres de santé, mais les familles ne viennent pas toujours jusque là. Pourtant, même si de nombreux facteurs autres que le dépistage et la prise en charge influent sur les taux de malnutrition – éducation, facteurs socio-économiques –, la Croix-Rouge comme d’autres organisations humanitaires estiment que la prise en charge de la malnutrition dès le stade modéré a très probablement une influence sur les taux de mortalité liés à la malnutrition sévère.

« Parfois, les familles savent [que l’enfant est malnutri] mais elles ont honte d’aller se montrer au poste de santé, surtout si [le soignant] est une personne plus âgée », a-t-il dit à IRIN. « Ou alors l’enfant est malade mais la famille ne [réalise] pas que c’est lié à un problème de malnutrition, elle se dit que l’enfant va finir par guérir ».

C’est ce qui est arrivé à la petite-fille d’Aminetou Gemoul. Lorsqu’il y a trois mois, sa fille est venue la voir avec l’enfant âgée de 18 mois parce que cette dernière était « très malade, mais sa maman ne savait pas pourquoi », Mme Gemoul, qui a reçu une formation d’agent de santé communautaire, a immédiatement compris et référé l’enfant au dispensaire de Koundel, à trois kilomètres de là, qui traite la malnutrition.

« L’enfant a été sevrée tôt parce que sa maman est retombée [enceinte], elle mangeait seulement de la semoule et du riz », a-t-elle raconté. « Quand je l’ai vue arriver si faible, j’ai cru qu’elle allait mourir ». La petite va mieux et est toujours suivie aujourd’hui.

D’autres raisons expliquent que les familles n’aillent pas toujours au dispensaire. « Les gens ont beaucoup de préoccupations », a dit Aminata Diack, ‘mère-relais’ dans le périmètre de Nima, dont le rôle est entre autres de sensibiliser les villages sur les questions de malnutrition ou encore d’hygiène, de les préparer aux campagnes de dépistage et de faire le suivi des enfants malnutris.

« Ils travaillent dans les champs, donc parfois ils oublient le jour du dépistage au centre ou du rendez-vous pour la prise en charge, ou alors ils sont occupés avec des travaux pénibles, comme aller puiser de l’eau. Ils sont aussi très pauvres, ils n’ont pas toujours les moyens d’aller jusqu’au [dispensaire] ».

C’est le cas de Khadiatou Ba, mère de trois enfants, dont le plus jeune âgé de deux ans vient d’être dépisté lors d’une autre opération porte-à-porte organisée le même jour dans le village de Tokomadji, à quelques kilomètres de Nima.

« Le petit est toujours malade, il ne mange pas bien et il n’a pas de poids, mais je n’ai pas les moyens d’aller au [dispensaire] », a dit la jeune mère de 25 ans. « Mon mari ne travaille plus : il faisait du transport de passagers et de marchandises avec sa charrette, mais maintenant les voitures peuvent venir jusqu’ici et les gens ne veulent plus de la charrette ».


Photo: Anne-Isabelle Leclercq/IRIN
Aminetou Gemoul avec sa fille et sa petite-fille de 18 mois. En août, la petite fille a été dépisté pour une malnutrition sévère, elle s'est maintenant presque complètement remise
La malnutrition est prise en charge gratuitement – grâce à un financement ECHO (Office d’aide humanitaire de la commission européenne) du projet mené par la Croix-Rouge française en partenariat avec le Croissant-Rouge mauritanien, le Programme alimentaire mondial et l’UNICEF - tout comme des pathologies telles que le paludisme et la tuberculose, prises en charge par l’Etat. Les consultations sont également gratuites, mais les familles doivent prendre en charge les ordonnances pour les autres soins.

La mise en place d’unités de prise en charge de la malnutrition a aussi considérablement facilité la tâche des dépisteurs : les familles font dépister beaucoup plus facilement leurs enfants sachant qu’ils seront pris en charge s’ils sont malnutris, a dit M. Diallo. « Dès l’ouverture [des services de prise en charge], on a pu récupérer des enfants sévèrement malnutris, maintenant ils sont sortis guéris et on les suit ».

« Les femmes sont vraiment très contentes, parfois elles dansent quand leurs enfants sortent guéris », a dit Mme Diack.

Les campagnes de dépistage porte-à-porte permettent aussi de localiser précisément où se trouvent les enfants malnutris, et de pouvoir assurer le suivi. « Lorsqu’un enfant continue à perdre du poids ou quand il ne se présente pas pour la prise en charge, je vais à domicile voir ce qu’il se passe, [vérifier] si la bouillie pour l’enfant est bien préparée, ou si l’hygiène est bien respectée : si ce n’est pas le cas, j’explique et je montre », a dit Mme Diack.

S’il est encore trop tôt pour évaluer scientifiquement l’impact du dépistage et de la prise en charge de la malnutrition, les données de l’enquête SMART indiquent que les taux de malnutrition dans les zones d’activités de dépistage et prise en charge sont largement inférieurs à la moyenne enregistrée dans cette région du sud de la Mauritanie – environ 12 pour cent, contre 16,8.

mardi 29 décembre 2009

Al-Qaida s'est transformée en «label» terroriste

Pierre Prier | Le Figaro

L'organisation fondée par Oussama Ben Laden ne semble plus avoir les moyens de monter une opération d'envergure.

L'attentat manqué du vol Amsterdam-Detroit, revendiqué par al-Qaida, ravive la crainte du terrorisme planétaire. Mais Ben Laden ne semble plus avoir les moyens de monter une opération complexe comme celle du 11 Septembre. Il continue cependant à fournir des indications générales à une nébuleuse disparate, à laquelle le fondateur du mouvement djihadiste accorde le «label» al-Qaida.


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• Pakistan, Afghanistan : la « centrale » menacée

Oussama Ben Laden, 52 ans, et son second Ayman al-Zawahiri se cachent sans doute dans les zones tribales qui échappent au contrôle du gouvernement. À la merci d'une trahison et d'un missile américain, Ben Laden est un homme traqué. Al-Qaida ne donne pas d'ordres, mais indique des thèmes généraux d'action. Par ailleurs, des groupes affiliés à al-Qaida, comme le «réseau Haqqani», lancent des attaques suicides contre l'Afghanistan, en partant du Nord-Waziristan, l'une des zones tribales. Au Pakistan même, le groupe Lashkar e-Taiba, auteur desattentats de Bombay il y a un an, entretient un «partenariat» technique avec al-Qaida.

• Péninsule arabique : défaite en Arabie, refuge au Yémen

La branche saoudienne d'al-Qaida a subi une défaite militaire cuisante grâce à la féroce contre-attaque des services de sécurité. En janvier 2009, les derniers dirigeants se sont repliés au Yémen, où ils ont fusionné avec la branche locale pour former «al-Qaida dans la péninsule arabique» (Aqpa). C'est au Yémen qu'a été organisée la tentative d'assassinat manquée du vice-ministre de l'Intérieur, le prince Ben Nayef, en août 2009, ainsi que l'attentat raté du vol pour Detroit. Cette nouvelle base stratégique est menacée. Trente militants, dont deux dirigeants, ont été tués ces dernières semaines par des frappes aériennes yéménites, sans doute accompagnées de tirs de missiles américains.

• Irak : al-Qaida reste dangereux

Les sunnites ont porté un rude coup aux militants d'al-Qaida, eux aussi sunnites, mais dont ils refusaient l'hégémonie. Mais al-Qaida s'est lancé dans une dérive nihiliste, multipliant les attentats contre toutes les communautés dans l'espoir de créer le chaos. Le plus sanglant a fait 101 morts au cœur de Bag dad le 19 août.

• Al-Qaida au Maghreb islamique : un mouvement contre la France

Oussama Ben Laden a offert son «label» au GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) algérien quand, en 2005, son chef, Abdelmalek Droukdal, a décidé de se transformer en «Al-Qaida au Maghreb islamique» (Aqmi), avec un projet antioccidental et particulièrement antifrançais. Il recrute aujourd'hui dans le Sahel, au Niger, au Mali et en Mauritanie. Aqmi a revendiqué l'assassinat d'un groupe de voyageurs français en Mauritanie en décembre 2007, et l'enlèvement d'un Français et de trois Espagnols au Mali et en Mauritanie le 12 décembre dernier. On lui attribue le rapt d'un couple d'Italiens en Mauritanie, disparus depuis le 25 décembre. Aqmi n'a pas réussi jusqu'à ce jour à agir sur le territoire français.

• Somalie : proposition d'allégeance

«Al Shabab», l'un des deux groupes islamistes en lutte contre le gouvernement somalien, a prêté officiellement allégeance à al-Qaida en septembre 2009. Oussama Ben Laden l'a encouragé, sans lui conférer son «label».

• Asie du Sud-Est : faux départ

Ben Laden avait noué des liens avec la Jama Islamiya, responsable de l'attentat contre une discothèque de Bali en octobre 2002 (200 morts). Mais la répression qui a suivi a démantelé le groupe. Ben Laden n'a jamais accepté l'offre de ralliement d'un dissident, le Malaisien Noureddine Top, auteur d'une nouvelle série d'attentats à Bali en 2005, et tué en septembre dernier. Al-Qaida a refusé également «l'adhésion» du groupe Abu Sayyaf, né aux Philippines, qu'il juge plus mafieux que politique.

• Bande de Gaza : l'impossible implantation

Les Israéliens et le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, ont accusé al-Qaida de s'implanter dans les Territoires palestiniens. Plusieurs groupes djihadistes ont tenté d'imposer un projet de guerre sainte planétaire dans la bande de Gaza, utilisant le vocabulaire de Ben Laden, comme «émirat islamique», mais sans se revendiquer expressément d'al-Qaida. Le Hamas, au pouvoir à Gaza, islamiste mais nationaliste, a mis fin à la dernière tentative des «Soldats des partisans de Dieu» en août 2009, en donnant l'assaut à leur mosquée, faisant 17 morts, dont le chef du groupe.


RSF demande la libération d'un journaliste ayant purgé sa peine

L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a demandé mardi "la libération immédiate" du journaliste mauritanien Henevi Ould Dehah maintenu en détention après avoir purgé sa peine de six mois d'emprisonnement.

RSF "demande la libération immédiate du directeur du site d'informations Taqadoumy qui aurait dû être relâché la semaine passée après avoir purgé sa peine de six mois de prison", indique un communiqué transmis à l'AFP.

"Le fait de garder Henevi Ould Dehah derrière les barreaux alors qu'il a déjà purgé une peine de prison tout à fait disproportionnée constitue une grave violation des lois en vigueur", ajoute l'organisation basée à Paris.

Henevi Ould Dehah, directeur du site d'information mauritanien Taqadoumy, devait en principe être libéré jeudi, après avoir passé six mois en prison pour "atteinte aux bonnes moeurs".

Cette "libération doit intervenir au plus vite sous peine de mettre davantage en péril la santé" de M. Ould Dehah, selon RSF.

Selon l'opposition au régime mauritanien, le journaliste a débuté une grève de la faim le 25 décembre pour "protester contre l'injustice et l'arbitraire".

Des membres de l'association des journalistes mauritaniens (AJM) ont organisé lundi un sit-in devant les locaux des Nations unies à Nouakchott pour réclamer sa libération.

M. Ould Dehah, arrêté et placé en détention provisoire le 18 juin, avait été condamné en août pour "atteinte aux bonnes moeurs" à six mois de prison ferme assortis d'une amende de 30.000 ouguiyas (83 euros). Il avait en revanche été relaxé pour des accusations de "diffamation", "incitation à la rébellion" et "incitation à la commission des crimes et délits".

Selon son avocat, Me Brahim Ould Ebetty, la condamnation portait sur "une page débat réservée par Taqadoumy aux moeurs et notamment à l'éducation sexuelle".

Le site Taqadoumy se situe dans l'opposition au régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz, meneur du coup d'Etat du 6 août 2008, qui a été élu à la présidence de la République en juillet.

lundi 28 décembre 2009

Sit-in devant l'ONU pour la libération d'un journaliste

Des membres de l'association des journalistes mauritaniens (AJM) ont organisé lundi un sit-in devant les locaux des Nations unies à Nouakchott pour réclamer la libération d'un journaliste ayant purgé sa peine de six mois d'emprisonnement, a constaté l'AFP.

La manifestation était organisée en solidarité avec le journaliste Henevi Ould Dehah, directeur du site d'information mauritanien Taqadoumy, qui devait en principe être libéré jeudi, après avoir passé six mois en prison pour "atteinte aux bonnes moeurs".

Les manifestants ont dénoncé le maintien en "détention arbitraire" du journaliste et ont appelé le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, à "rétablir Ould Dehah dans son droit de recouvrer la liberté".

La mère du journaliste détenu, N'Deyami Niass, s'est dit "convaincue que le président ignorait tout du maintien en prison" de son fils et l'a supplié "d'intervenir à son secours de toute urgence".

L'opposition au régime a publié lundi un communiqué dans lequel "elle rend le pouvoir responsable de toute dégradation de l'état de santé" de M. Ould Dehah, et affirme qu'il a débuté une grève de la faim le 25 décembre pour "protester contre l'injustice et l'arbitraire".

M. Ould Dehah, arrêté et placé en détention provisoire le 18 juin, avait été condamné en août pour "atteinte aux bonnes moeurs" à six mois de prison ferme assortis d'une amende de 30.000 ouguiyas (83 euros). Il avait en revanche été relaxé pour des accusations de "diffamation", "incitation à la rébellion" et "incitation à la commission des crimes et délits".

Selon son avocat, Me Brahim Ould Ebetty, la condamnation portait sur "une page débat réservée par Taqadoumy aux moeurs et notamment à l'éducation sexuelle".

Le site Taqadoumy se situe clairement dans l'opposition au régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz, meneur du coup d'Etat du 6 août 2008, qui a été élu à la présidence de la République en juillet.

Al-Qaïda au Maghreb revendique l'enlèvement de deux Italiens

Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué l'enlèvement de deux Italiens le 18 décembre en Mauritanie, a indiqué lundi la chaîne de télévision Al-Arabiya, basée à Dubaï.

Selon le site internet d'Al-Arabiya, la revendication est contenue dans un message audio diffusée dimanche dans lequel un porte-parole du groupe, qui se présente sous le nom de Salah Abou Mohammed, justifie l'enlèvement par "les crimes du gouvernement italien en Afghanistan et en Irak".

Les deux Italiens avaient été enlevés sur une route du sud-est de la Mauritanie. Sergio Cicala, retraité de 65 ans, et sa femme Philomene Kabouree, Italienne d'origine burkinabè et âgée de 39 ans, se rendait au Burkina Faso à bord d'un minibus immatriculé en Italie, avait indiqué une source de sécurité.

Leur enlèvement s'est déroulé à peu près de la même façon que celui de trois Espagnols fin novembre à l'autre bout du pays, revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Ces deux dernières années, Aqmi avait revendiqué une série d'actions meurtrières en Mauritanie, dont l'assassinat fin 2007 de quatre Français à Aleg (250 km à l'est de Nouakchott) et celui d'un Américain en juin dans la capitale

samedi 26 décembre 2009

Le chef de la Banque centrale veut une solution à l’amiable

Nouakchott - Le gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie (Bcm), Sid’Ahmed Ould Raiss, s’est prononcé pour une solution à l’amiable dans l’affaire de trois hommes d’affaires mauritaniens emprisonnés dans le cadre de transferts illicites de la Bcm entre 2001 et 2002.

"Ce à quoi nous aspirons, c’est qu’on parvienne à une solution à l’amiable aux termes de laquelle les montants qui ont disparu hors réglementation soient remboursés", a déclaré le gouverneur de la Bcm jeudi soir à la presse.

"Une solution à l’amiable est toujours souhaitée et recherchée mais l’application de la loi s’impose à tous", a ajouté M. Ould Raiss lors de cette rencontre avec la presse, sans détailler la solution qu’il préconise. Trois hommes d’affaires mauritaniens ont été inculpés et écroués début décembre par la Justice mauritanienne qui exige d’eux le "remboursement de sommes indûment encaissées (lors de) transferts illicites de la Bcm entre 2001 et 2002" sous l’ancien président Maaouya Ould Taya (1984-2005).

Il s’agit du président du Conseil d’administration de la Banque Al-Amana mauritanienne islamique (Bamis), Chriv Ould Abdallahi, du Pdg de la Banque nationale de Mauritanie Mohamed Ould Noueiguedh et de l’homme d’affaires Abdou Maham. Ces transferts se chiffrent à plus de dix milliards d’ouguiyas (près de 26 millions d’euros), a indiqué le ministre mauritanien des Finances Ousmane Kane lors de cette même rencontre avec la presse.

Selon lui, ce "montant représente 10% du budget du pays et ne saurait être ignoré au moment où la Mauritanie s’engage dans le cadre d’un redressement général pour assurer son développement".

Les accusés acceptent de restituer les montants réclamés mais sans payer des intérêts exigés par la Bcm, avait indiqué leur défense.

AFP

vendredi 25 décembre 2009

Mauritanie: un journaliste ayant purgé sa peine est maintenu en détention (défense)

Les avocats du directeur du site d'information mauritanien Taqadoumy, Hanevy Ould Dehah, qui devait être libéré jeudi après six mois de prison pour "atteinte aux bonnes moeurs", ont dénoncé vendredi son maintien en "détention arbitraire" et exigé sa libération.

Hanevy Ould Dehah devait être libéré le 24 décembre mais, vendredi matin, il était toujours maintenu en détention à la prison civile de Nouakchott après avoir purgé sa peine, selon ses avocats.

"La défense interpelle toutes les consciences pour qu'elles se mobilisent contre ce cas de détention arbitraire" et "exige la libération immédiate" de Hanevy Ould Dehah, affirment-ils dans un communiqué transmis vendredi matin à l'AFP.

Ils interpellent "les plus hautes autorités du pays pour qu'elles interviennent pour mettre fin à ce dysfonctionnement de la justice attentatoire aux libertés individuelles et collectives".

M. Ould Dehah avait été arrêté et placé en détention provisoire le 18 juin, et condamné en août pour "atteinte aux bonnes moeurs" à six mois de prison ferme assortis d'une amende de 30.000 ouguiyas (83 euros). Il avait en revanche été relaxé pour des accusations de "diffamation", "incitation à la rébellion" et "incitation à la commission des crimes et délits".

Le site Taqadoumy se situe dans l'opposition au régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz, meneur du coup d'Etat du 6 août 2008, qui a été élu à la tête de l'Etat en juillet.

Au cours d'un rassemblement organisé jeudi soir à Nouakchott, le syndicat des journalistes mauritaniens (SJM) a décidé de "continuer (les) sit-in et toutes autres formes de pressions" pour que le journaliste soit remis en liberté.

Commission maroco-mauritanienne: Nouvel élan aux relations bilatérales

Promouvoir les relations bilatérales et de les hisser au niveau d'un partenariat stratégique au service des deux peuples frères. (Photo : AFP)

Les travaux préparatoires de la Haute commission mixte maroco-mauritanienne ont débuté, jeudi à Nouakchott, avec la participation de nombreux experts et de hauts responsables des deux pays.

Au menu de ces travaux de deux jours, figurent plusieurs questions se rapportant à la coopération bilatérale et visant à promouvoir les relations entre les deux pays et à étendre leur coopération à divers domaines.

Lors de l'ouverture de ces travaux, le ministre délégué mauritanien chargé des affaires maghrébines, Akbarou Ould Mohamed, a qualifié de «privilégiées et fructueuses» les relations bilatérales à la faveur desquelles ont été noués plusieurs partenariats touchant différents secteurs.

La Mauritanie œuvre pour que sa coopération avec le Maroc soit à la hauteur de l'excellence des relations entre les deux pays et les deux peuples frères, a-t-il dit.

Le ministre mauritanien a, à cette occasion, passé en revue certains secteurs de coopération, citant particulièrement la formation professionnelle et la formation des cadres. Il a, à ce propos, souligné l'impératif d'un surcroît d'efforts pour intensifier et développer ce partenariat, de sorte à pouvoir répondre aux aspirations des deux pays sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI et du Président Mohamed Ould Abdel Aziz.

Il a, par ailleurs, souligné que les relations existant entre le Maroc et la Mauritanie constituent l'un des principaux affluents de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) que «nous souhaitons tous qu'elle soit un espace régional où les peuples de la région peuvent jouir des bienfaits d'une renaissance globale.

Il a formé le vœu de voir ces réunions préparatoires se traduire par des résultats positifs contribuant ainsi à l'élaboration d'une feuille de route de la Haute commission mixte qui se tiendra prochainement.

Pour sa part, l'ambassadeur directeur des Affaires arabes et islamiques au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, qui préside la délégation marocaine à ces réunions, Mekki Koane, a affirmé que cette rencontre discutera de tous les dossiers liés à la coopération entre les deux pays en vue de promouvoir les relations bilatérales et de les hisser au niveau d'un partenariat stratégique au service des deux peuples frères.

Il a, également, exprimé la disposition de la délégation marocaine à oeuvrer pour réactiver la mise en place des mécanismes appropriés afin de promouvoir les relations de partenariat entre les deux pays dans la perspective des prochaines réunions qui, a-t-il dit, doivent être minutieusement préparées à travers la définition des projets et l'élaboration des documents qui y seront présentés.

M. Koane a souhaité en outre que les résultats attendus de ces réunions soient à la hauteur des aspirations des dirigeants des deux pays, réaffirmant l'attachement du Maroc à l'Union du Maghreb arabe en tant que choix stratégique, et sa disposition à contribuer à la concrétiser comme espace de coopération et de fraternité au service des peuples de la région.

Ces réunions examinent plusieurs dossiers relatifs à la coopération et au partenariat avec la Mauritanie dans les domaines des affaires étrangères et de la coopération, de l'équipement et du transport, de l'agriculture et de la pêche maritime, de l'énergie et des mines, du logement et de l'urbanisme, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique et de la formation professionnelle.

La délégation marocaine à ces réunions est composée de hauts fonctionnaires, dont des secrétaires généraux de ministères, de directeurs et de hauts cadres d'organismes œuvrant pour la coopération maroco-mauritanienne.
MAP

jeudi 24 décembre 2009

Marche de l'opposition contre l'insécurité et l'injustice

NOUAKCHOTT Quelques milliers de militants de l'opposition ont manifesté mercredi à Nouakchott contre "l'insécurité grandissante", "l'injustice et l'arbitraire" dont ils accusent le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz, a constaté le correspondant de l'AFP. "Non à l'insécurité grandissante", "Non au terrorisme", "non à la politisation de l'armée", ont notamment scandé les manifestants mobilisés à l'appel de la coordination des forces de l'opposition démocratique (CFOD).

Cette marche intervenait après l'enlèvement, revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique, de trois Espagnols fin novembre, dans le nord-ouest de la Mauritanie, et d'un couple d'Italiens, la semaine dernière dans le sud-est du pays. Au cours d'un meeting qui a suivi la marche, les dirigeants de l'opposition ont fustigé la "politique sécuritaire inefficace", selon eux, du président Ould Abdel Aziz, affirmant que le pays court des "dangers gravissimes", selon les termes du chef de l'opposition démocratique, Ahmed Ould Daddah.

L'opposant Messaoud Ould Boulkheir, président de l'Assemblée nationale, a également fustigé "l'injustice qui règne et qui n'a jamais eu d'égal dans l'histoire du pays".

Il a alors évoqué la détention, "arbitraire" selon lui, de trois hommes d'affaires dans le cadre de la "lutte contre la gabegie". Il a également condamné la hausse "des prix des produits de première nécessité", affirmant que de "nouvelles taxes sur le riz, les carburants et latéléphonie mobile" (décidées au titre de la loi des finances 2010) allaient "accentuer le calvaire des pauvres".

M. Ould Boulkheir a enfin dénoncé "l'immixtion de la Mauritanie dans l'affaire du Sahara Occidental". Il faisait ainsi référence à une récente visite, dans cette ex-colonie espagnole, de l'ambassadeur de Mauritanie à Rabat, "pour constater les grandes réalisations faites par le Royaume (marocain) au profit de ses populations".

Le diplomate Cheikh Al-Avia Ould Mohamed Khouna avait parlé de ces réalisations en termes élogieux, suscitant un vif débat à l'Assemblée sur l'oportunité de cette visite, alors que Nouakchott affiche habituellement sa neutralité vis-à-vis des belligérants marocains et sahraouis.

Ne pas perdre les acquis de la lutte contre le sida


Photo: Anne-Isabelle Leclercq/IRIN
Le docteur Abderrahmane Ould Mouhamedoune constate au quotidien l'inquiétude des patients du CTA de Nouakchott face à la suspension des financements VIH/SIDA
NOUAKCHOTT, 23 décembre 2009 (PlusNews) - Il y quelques années, on ne parlait pas du sida en Mauritanie, les malades se cachaient et devaient aller se faire soigner à l’extérieur. Suite au lancement de programmes financés par deux grands bailleurs internationaux, les malades ont commencé à se faire connaître et les traitements à être disponibles dans le pays, mais les acteurs de la lutte contre la pandémie craignent que la suspension de ces financements internationaux ne réduise à néant ces avancées.

Le financement VIH/SIDA de la Banque mondiale, d’un montant de 21 millions de dollars a été suspendu en août 2008 suite au coup d’Etat perpétré contre le président élu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. La subvention de 15 millions de dollars sur cinq ans accordée en 2006 par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, l’a été quelques mois plus tard, suite à la découverte d’importantes irrégularités de gestion.

« Au niveau du moral des patients, la suspension des financements joue énormément », a constaté le docteur Abderrahmane Ould Mouhamedoune, médecin-chef du Centre de traitement ambulatoire (CTA) de Nouakchott, la capitale, géré par l’Etat avec le soutien de la Croix-Rouge française, et qui suit plus de 2 000 patients en file active.

Le nouveau gouvernement, nommé en septembre suite aux élections présidentielles de juin, s’est engagé à régulariser la situation des financements. En attendant, seuls les quelque 1 000 patients séropositifs déjà sous traitement antirétroviral (ARV) avant la suspension continuent à bénéficier de ces médicaments, tandis que toutes les autres activités de lutte contre le sida, notamment la sensibilisation et la prévention, sont à l’arrêt.

« Psychologiquement, c’est dur », a confirmé Yahya Ould Ishak, 39 ans, l’un des plus anciens patients du CTA. « Avant, la prise en charge était totale. Maintenant, même si les ARV sont payés [pour les patients déjà sous traitement], il y a le problème des autres médicaments qui ne sont pas disponibles au CTA et qu’il faut acheter ailleurs. Et pour ceux qui ne sont pas sous ARV, le fait de savoir qu’il n’y a pas de traitement est très négatif, les gens perdent l’habitude de passer au centre. Dans les associations non plus, les gens ne passent plus parce qu’on n’a plus rien pour les aider ».

Potentiel de propagation du VIH

Les acteurs de la lutte contre le sida se disent inquiets de l’arrêt des activités, notamment de prévention : avec une prévalence d’environ 0,7 pour cent selon les statistiques officielles, la Mauritanie est encore un pays à épidémie concentrée, mais avec un potentiel d’augmentation. « C’est un pays de transit, de commerce et avec une culture [nomade] », a dit à IRIN/PlusNews le docteur Ahmed Aida, Secrétaire exécutif national par intérim du Secrétariat exécutif du Comité national de lutte contre le sida (SENLS).

« Au début, on faisait des consultations nocturnes à domicile, les médias refusaient de parler du sida... Aujourd’hui, on voit l’impact de tout ce qui a été fait »
« Il y a un phénomène de migration, des zones minières avec des jeunes travailleurs qui ont des moyens mais sont loin de leur famille. Or les connaissances des jeunes [en matière de VIH] sont dramatiques », a ajouté El Hadj Abdallahi, coordonnateur du Projet commun des Nations Unies sur le sida (ONUSIDA) en Mauritanie, qui a dit craindre une recrudescence de l’épidémie suite aux suspensions.

En termes de sensibilisation sur l’épidémie, le pays vient de loin. « Au début [de la lutte], on faisait des consultations nocturnes à domicile, les médias refusaient de parler du sida, même quand des malades voulaient le faire », a raconté à IRIN/PlusNews M. Ould Mouhamedoune du CTA, l’un des pionniers de la lutte contre le pays. « Aujourd’hui, on voit l’impact de tout ce qui a été fait : les gens commencent à utiliser les services, les patients se regroupent et font leurs propres avocats. Hier ils se cachaient pour prendre leurs médicaments, aujourd’hui ils parlent devant les caméras ».

Le nombre de personnes bénéficiant d’une thérapie antirétrovirale a presque quadruplé entre 2006 et début 2008, selon les chiffres officiels.

Depuis l’arrêt des activités, les acteurs de la lutte contre l’épidémie, y compris institutionnels, font ce qu’ils peuvent. « Nous ne pouvons que faire le suivi : enregistrer les décès, distribuer les préservatifs [fournis par le Programme des Nations Unies pour la population] », a dit Mohamed Taleb Ba, secrétaire exécutif régional du Tiris Zemmour, dans le nord-est du pays, qui, comme ses collègues des autres régions, n’a pas touché de salaire depuis plus d’un an.

Solidarité

Et pour les patients, c’est la solidarité qui prime, notamment dans les régions de cet immense pays de plus d’un million de kilomètres carrés, avec seulement trois centres de prise en charge sur tout le territoire. « Les gens se débrouillent », a dit M. Ould Mouhamedoune. « Parfois les patients nous appellent pour nous demander de mettre le traitement dans le taxi-brousse et ils le récupèrent à l’arrivée ».

« Les associations [dans les régions] s’organisent : une seule personne fait le voyage à Nouakchott pour les médicaments de tous les autres, mais le problème de la conservation des médicaments se pose », a dit M. Abdallahi d’ONUSIDA.

S’il est pour l’instant encore difficile de chiffrer l’impact des suspensions, certains signes, au niveau de la fréquentation des centres de dépistage, du nombre de femmes enceintes bénéficiant de tests, ou encore de la sensibilisation des populations, suscitent l’inquiétude. « Les gens vont moins au dépistage, c’est plus difficile de les [convaincre] d’y aller », a constaté M. Ould Ishak, qui fait de la sensibilisation avec l’association Espoir et Vie.

Selon le rapport 2008 de la Mauritanie dans le cadre du suivi de la Session spéciale de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/SIDA, le nombre de personnes ayant effectué le dépistage du VIH a été multiplié par huit entre 2002 et 2007. « Après tout le travail de sensibilisation qui a été fait, on ne va quand même pas revenir à zéro… », a dit M. Ould Ishak.

D'autant plus que « le gain à stopper l’infection au niveau actuel est énorme », a plaidé M. Aida, du SENLS. « Le pays a fait d’énormes progrès dans la lutte contre le sida, et c’est maintenant qu’il faut nous aider à passer du quantitatif au qualitatif. En protégeant la Mauritanie, on lutte contre le sida dans toute la région ».

IRIN