dimanche 28 novembre 2010

L'opposition dénonce la politique d'"improvisation" du pouvoir


Ahmed Ould Daddah à Nouakchott le 2 juin 2009
NOUAKCHOTT — Le principal parti d'opposition, le Rassemblement des forces démocratique (RFD) d'Ahmed Ould Daddah, a accusé vendredi le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz de gérer les affaires du pays dans "l'improvisation" et "l'opacité".
"Le RFD dénonce avec énergie, l'improvisation et la gestion solitaire de l'Etat, caractérisée par une centralisation excessive de la prise de décision", selon le texte publié à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance du pays, ex-colonie française, qui sera célébré dimanche en Mauritanie.
Le parti d'opposition assure que cette improvisation a "aggravé le désarroi de l'administration, le marasme économique et l'inflation galopante qui affectent de manière dramatique le pouvoir d'achat des citoyens, particulièrement les plus pauvres".
Le RFD dénonce enfin "la paralysie des services publics" et "l'opacité" de la gestion des affaires publiques. Il souligne que "selon l'organisation Transparency International, la Mauritanie est passée du 84e rang en 2006 au 143e rang en 2010" dans le classement de 178 pays, en fonction de la perception du niveau de corruption affectant l'administration et la classe politique.
Il rappelle que "devant la conjugaison de ces périls qui menacent les fondements même de la nation" (les actions d'Al-Qaïda au Maghreb islamique contre le pays, ndlr), le RFD avait finalement reconnu, en septembre, l'élection de l'ancien général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz en juillet 2009. Le parti explique avoir ainsi "choisi d'apaiser le climat politique" pour donner "toute sa chance à un dialogue" entre les différents protagonistes de la vie politique.

Ould Abdel Aziz affirme son engagement à lutter contre les extrémismes



Le président mauritanien Ould Abdel Aziz a affirmé samedi l’engagement "ferme" de son pays à continuer "la lutte contre les extrémismes, le trafic de la drogue pour réaliser la sécurité et la stabilité indispensables pour le progrès et le développement".
Dans un discours à la nation à l’occasion de la commémoration ( 28 novembre) du cinquantenaire de l’indépendance de son pays, le président Ould Abdel Aziz a indiqué que la Mauritanie a acquis " des quantités considérables de véhicules, d’avions et des moyens techniques pour accroître (ses) capacités opérationnelles" pour pallier la faiblesse de ses moyens pour faire face aux multiples défis sécuritaires.
"De nouvelles bases militaires ont été créées et nos forces armées ont pu être réorganisées et redéployées de façon à contrôler toutes les frontières du pays" a ajouté le chef de l’ Etat mauritanien.
"Les résultats enregistrés au cours des dernières opérations contre les bandes terroristes et criminelles prouvent que les choses ont changé", a ajouté le président Aziz.
Il a souligné que durant cette année "10 tonnes de drogues ont été saisies et plus de 270 narcotrafiquants ont été arrêtés et soumis à la justice"
Par ailleurs, le président Aziz a adressé un appel aux partis politiques (y compris ceux de l’opposition) afin qu’ils participent à "un dialogue politique sérieux et sincère pour contribuer à l’oeuvre de construction nationale dans le sens de préserver les intérêts supérieurs du pays et de garantir un meilleur avenir pour notre peuple".
La Mauritanie est en proie à la violence terroriste depuis 2005. Plus d’une trentaine de militaires sont morts dans des attaques terroristes et des ressortissants étrangers, dont 4 français et un américain, ont été tués en 2007 et 2008. Des otages européens ont également été enlevés dans ce pays, dont 3 humanitaires espagnols et un couple italien au cours des années 2008 et 2009.
L’armée mauritanienne a décidé de mettre en application, à partir du deuxième semestre de 2010, une nouvelle stratégie, qui consiste à mener des attaques "préventives" contre les colonnes d’Al-Qaida au Maghreb Islamique(AQMI) en territoire malien. Ces opération ont permis, selon l’armée mauritanienne de tuer plus d’une vingtaine d’islamistes armées. 
Xinhua

Mauritanie : cinquante années d'indépendance tourmentées



Désert mauritanien.
Désert mauritanien.
(CC)Thegeoffmeister/Flickr

Les cinquante années d'indépendance de la République islamique de Mauritanie ont été marquées par des changements de pouvoir issus de coups de force plutôt que des urnes. Des frontières improbables et une société aux composantes antagonistes ont alimenté ces changements. Dans la dernière décennie, la Mauritanie a connu deux coups d'Etat dont le plus important reste celui qui mit fin en 2005 à 20 ans de pouvoir du président Maaouiya Ould Taya. Aujourd'hui doté d'un président élu, le pays a de nombreux défis à relever, dont celui posé par la présence de l'AQMI sur son territoire.
Au XIème siècle, l'empire du Ghana s’étend du delta du Sénégal à la Boucle du Niger et de l'Adrar (coeur de la Mauritanie) au Bambouk (entre Sénégal et Mali). Il inclut Aoudaghost et Oualata, centres caravaniers des Berbères sanhadja qui prospèrent depuis le IIIème siècle avec le commerce transsaharien. Convertis à l’islam, ceux-ci appuient la progression almoravide pour faire tomber l’empire. La pénétration des arabes Hassan, du XIIIe au XVIe siècle, aboutit à la formation d’émirats.
Le comptoir de Saint-Louis, établi par les Français en 1659, détourne le commerce transsaharien dont celui de la gomme arabique et le général Faidherbe impose la souveraineté française dans la région en 1858. Rattachée à l’Afrique occidentale française (AOF), la Mauritanie devient colonie française en 1920.

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Nouakchott est créée peu avant l’indépendance, proclamée le 28 novembre 1960. Le Maroc, qui a des prétentions sur le sol mauritanien, ne reconnaît le nouvel Etat qu’en 1970, et trois ans après, la Mauritanie intègre la Ligue arabe. Quand l’Espagne quitte le Sahara espagnol en 1976, Maroc et Mauritanie revendiquent son territoire. La résistance autonomiste menée par le Front Polisario fragilise le régime mauritanien, qui ne peut contrôler les actions de la rébellion et se voit soumis aux pressions du Maroc. Le 10 juillet 1978, l’armée chasse le président Moktar Ould Daddah, après dix-huit ans de régime civil. En 1979, la Mauritanie officiellement renonce au Sahara occidental.
Après une période de tensions internes au sein du Comité de salut national issu du coup d'Etat de 1978, le colonel Mohamed Khouna Ould Haïddallah prend les rênes du pouvoir. Il promulgue la charia. Deux ans plus tard, son Premier ministre, Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya le renverse et instaure un régime fort. Il doit faire face à une série de violences. Sur fond de tensions communautaires internes dont l'origine remonte aux années 60*, un conflit éclate avec le Sénégal, suscité par un incident entre agriculteurs et éleveurs. Il dégénère avec des représailles exercées dans les villes du Sénégal contre la communauté maure, très présente dans le petit commerce. La Mauritanie réplique par des exactions de grande amplitude contre la communauté négro-africaine. La «guerre» Sénégal-Mauritanie se greffe sur un vieux différend frontalier et traduit surtout les convoitises autour de la mise en valeur de la région du fleuve, qui a bénéficié, après les sécheresses des années 1970, de vastes aménagements hydro-agricoles (construction de grands barrages). Des dizaines de milliers de négro-africains sont spoliés de leurs biens et forcés à l'exil.
Emportée dans le mouvement général de revendication pour le multipartisme, la Mauritanie libéralise à partir de 1991 sa vie politique, mais laisse peu d'espace à l’opposition naissante, qui oscille entre boycott et participation aux élections.
Maaouiya Ould Taya, élu en 1992, est réélu en 1997 puis en 2003. Aux prises avec de nombreuses luttes d’influences entre groupes «baasistes» (ou baathistes) et «nassériens»**, le pays se range aux côtés de l’Irak pendant la guerre du Golfe, ce qui accentue son isolement international après la crise avec le Sénégal. Il s’efforce ensuite de renouer avec le camp occidental et rompt en 1999 avec l’idéologie baathiste avant de reconnaître Israël, et se retrouve dans le camp du soutien aux Etats-Unis lors de la guerre d’Irak***.
Ce positionnement est la source de nouvelles tensions, en particulier avec les mouvements islamistes, visés par des vagues d’arrestations.

Présidentielle du 25 mars 2007. Ahmed Ould Daddah (gauche), et le candidat de l’ex-majorité présidentielle, Sidi Ould Cheikh Abdallahi (droite).
AFP/Reuters
En juin 2005, la guérilla algérienne du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) attaque une unité de l'armée mauritanienne au nord-est du pays. L'évènement précipite la chute duprésident Ould Taya, renversé «à la mauritanienne», sans effusion de sang, le 3 août.
Le coup d’Etat, condamné par la communauté internationale, a le soutien de la classe politique et de la population. Un Comité militaire, présidé par l’ancien chef de la sécurité, le colonel Ely Ould Mohammed Vall, annonce sa volonté de favoriser le retour à un régime civil et met en place un gouvernement de transition. On constate un apaisement : plusieurs dizaines de prisonniers sont libérés et des opposants au régime déchu rentrent d’exil. Un référendum sur la Constitution est organisé en juillet 2006 qui limite à deux le mandat présidentiel.
Conformément à ses engagements, le colonel Ely Ould Mohammed Vall ne se présente pas à l'élection qu'il organise l'année suivante. Mais, dans l'ombre, les militaires ont choisi leur candidat : Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Il sera élu au second tour en mars 2007. Toutefois, le 6 août 2008, celui-ci est renversé par un nouveau coup d'Etat, dont l'auteur est son chef d'Etat-major particulier, le général Mohamed Ould Abdel Aziz. Débute une période de transition au cours de laquelle le général consacre la rupture avec Israël, Etat qui possèdait une ambassade à Nouakchott depuis 1999. Ce geste ne suffit pas à empêcher de nouvelles attaques et prises d'otages des islamistes de l'AQMI.

Général Mohamed Ould Abdel Aziz, putschiste en 2008. Président élu en 2009.
Watt Abdel Jelil / AFP
Depuis 2003, les terroristes multiplient les actions: enlèvements, meurtres de civils occidentaux et attaques sanglantes d'unités de l'armée mauritanienne. Les mesures prises par les gouvernements successifs ne parviennent pas à contenir la menace que représentent les groupes armés.
Mohamed Ould Abdel Aziz est élu au premier tour de la présidentielle, en juillet 2009.

 Source: Les 100 clés de l'Afrique, Philippe Leymarie et Thierry Perret, Hachette Littérature/RFI, 2006
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DOSSIER SPÉCIAL 50 ANS DES INDÉPENDANCES AFRICAINES
© J-B. Pellerin
*En 1960, l'enseignement de l'arabe est introduit dans le cycle primaire. En 1964, le gouvernement décide d'introduire les notes d'arabe dans le calcul de la moyenne générale pour le passage en classe supérieure et en 1966, rend l'étude de l'arabe obligatoire dans l'enseignement secondaire. La réaction des Négro-mauritaniens ne se fait alors pas attendre : les élèves des ethnies noires, soutenus par les rédacteurs du fameux Manifeste des 19 dénonçant le racisme du régime et sa volonté d'arabiser le pays, déclenchent un mouvement de grève dans les lycées qui dégénère en violents conflits raciaux. (La longue marche de l'arabisation en Mauritanie. Ambroise Queffelec et Bah ould Zein)
** voir la définition du nasserisme sur le blog de l'lnstitut tunisien des relations internationales.
*** The Gulf War, documents (en anglais) sur le site de l'émission Frontline télévision publique américaine, PBS.
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Nouvelles défections pour Aqmi



Certains jeunes repentis n'auraient pas plus de 14 ans.Certains jeunes repentis n'auraient pas plus de 14 ans.© Archive/AFP
Al-Qaïda au Maghreb islamique a enregistré la défection de 28 jeunes Mauritaniens embrigadés dans ses camps du Sahara, d'après des sources militaires.
Vingt-huit jeunes Mauritaniens ont réussi à s'échapper des bases d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Ils « ont fui les bases d’Aqmi dans le Sahara et sont actuellement en route vers la Mauritanie », a affirmé à l'AFP une source militaire mauritanienne dans le Nord du Mali.
Ces jeunes seraient des « mineurs » d'après cette source. « Ils sont très jeunes et ont été endoctrinés. Certains ont même 14 ans [...] et ont été battus dans les camps par Aqmi », a-t-elle ajouté.
Infiltration
« Leur retour est le fruit d’un travail sur le terrain », d'après cette source. Ces défections auraient été obtenues grâce à l'infiltration du groupe terroriste par des éléments dépêchés par l’armée mauritanienne. L'information a été confirmée par une autre source étrangère sur le terrain.
Début novembre, six jeunes Mauritaniens avaient déjà fui les bases d'Aqmi selon les mêmes sources.
"Jeunesse égarée"
Ces défections tombent à pic pour Nouakchott, qui s'était donné pour objectif d'inciter la jeunesse « égarée » à revenir à la raison et « ré-épouser l'islam modéré » lors d'un forum sur le terrorisme et l'extrémisme organisé le mois dernier.
Une nouvelle loi sur le terrorisme avait été adoptée par le parlement mauritanien au mois de juillet ouvrant la voie du repentir aux combattants islamistes. Ceux qui se rendent aux autorités « avant leur arrestation » obtiennent des conditions spéciales pouvant aller jusqu'à leur mise en liberté sous contrôle. (avec AFP)
Jeune Afrique.com

La Mauritanie se dote d’un système d’état civil moderne


APA – Nouakchott La Mauritanie s’est dotée d’un système d’état civil moderne avec l’inauguration dimanche à Nouakchott du Centre technique de l’Agence nationale du registre de la population et des titres sécurisés (ANRPTM).
Cette agence est chargée d’exécuter un projet de détermination de l’identité et de sécurisation des documents nationaux permettant l’unification des données personnelles et la sécurisation des documents nationaux.
Le projet en question « contribuera, sans nul doute, à assurer la sécurité des citoyens à l’intérieur comme à l’extérieur en facilitant la gestion des flux migratoires par la tenue des points de passage et de contrôle aux frontières, la lutte contre la falsification et l’usurpation des documents nationaux, la lutte contre le terrorisme, le trafic illicite, la criminalité transfrontalière organisée et la production d’actes de naissance et de titres sécurisés », a indiqué le ministre mauritanien de l’intérieur et de la décentralisation, Mohamed Ould Boilil, à la cérémonie d’inauguration.
De son côté, Jean-Paul Jainsky, président directeur général de Morpho Groupe Safran, qui prend en charge le projet, a exprimé l’engagement de son groupe de mettre en place un « système garantissant l’émission fiable et hautement sécurisée des documents d’identité des citoyens et des résidents grâce au numéro national d’identification dont la génération est protégée par la dernière version de notre système multi biométrique de reconnaissance d’empreintes digitales et de visages ».
En plus des livraisons matérielles et logicielles, Morpho apportera tout au long de ce projet l’assistance technique nécessaire et assurera le transfert de compétences à l’administration mauritanienne, a ajouté M. Jainsky.
L’inauguration, présidée par premier ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, s’inscrit dans le cadre des activités commémoratives du cinquantenaire de l’indépendance nationale.

lundi 22 novembre 2010

Le Mali ignorait l’opération franco-mauritanienne contre AQMI, dit ATT



Le président malien Amadou Toumani Touré a affirmé n’avoir jamais été informé du raid franco-mauritanien mené le 22 juillet dernier, en plein territoire malien, contre une base d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI).
"Je me trouvais au Tchad quand on m’a informé qu’il y a eu cet affrontement en plein territoire malien. Notre orgueil national a été touché et dans une certaine mesure, notre territoire a été également touché", a déclaré le président malien qui s’exprimait au cours d’une interview accordée à la télévision mauritanienne ce weekend.
Toutefois, a-t-il souligné, "du moment que la Mauritanie, pour assurer sa sécurité a été amené à exécuter cette opération, nous avons estimé que la sécurité de ce pays est aussi la nôtre et que nous devons travailler ensemble au lieu d’agir tout seul".
Le président malien a déploré le fait que "chaque pays (de la bande sahélo-saharienne) agisse seul pour faire la guerre contre le terrorisme en faisant entendre qu’il fait tout".
Il a suggéré que les pays doivent agir ensemble pour pouvoir contrôler l’espace sahélien qui est énorme et qui fait face à des menaces autre que le terrorisme, notamment le trafic de la drogue.
"L’état-major de Tamanrasset (Algérie) qui regroupe aussi bien des officiers algériens, maliens et nigériens, doit étudier et planifier des opérations ponctuelles que nous devrions mettre en exécution ensemble", a-t-il recommandé. 
Xinhua

La Mauritanie veut conjuguer dialogue national et offensive militaire


Le pays prépare sa stratégie de lutte contre les terroristes d’Al Qaîda au Maghreb islamique


 
 Le centre-ville de Nouakchott

Le gouvernement mauritanien change de stratégie à l’égard d’AQMI : un nouveau plan prévoit de bouter les terroristes hors du territoire national.




Nouakchott (Mauritanie)
De notre envoyé spécial


Le décor est planté depuis plusieurs années. Il devient même coutumier pour les habitants de la capitale mauritanienne, Nouakchott. Devant les hôtels fréquentés par les étrangers, à proximité des ambassades et à l’entrée des institutions du pays, la sécurité est extrêmement renforcée. Des policiers et des militaires armés assurent en permanence la surveillance de ces lieux. Ils ne laissent rien au hasard : pas de stationnement devant les hôtels et les édifices publics pour les taxis, vérification systématique des véhicules et de l’identité des chauffeurs à chaque fois qu’ils passent dans les rues, sombres et désertes, où sont dressés les barrages de police.Nouakchott n’est pas Kaboul ou Baghdad. Mais les attaques terroristes et les enlèvements d’étrangers enregistrés depuis 2005 ont fini par bouleverser les habitudes de ce pays, qui, estiment ses habitués, était calme et paisible, et dont la population pratique un Islam tolérant.
Aujourd’hui, la donne a changé. Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) est passée par là. La Mauritanie est à la croisée des chemins. Pays n’ayant, jusque-là, qu’une présence médiatique insignifiante, il est, depuis quelques années, sous les feux de la rampe. A peine sorti de l’instabilité politique engendrée par une multitude de putschs, dont le dernier en date remonte à 2008, le pays est entraîné «malgré lui», comme l’affirment ses dirigeants, dans la spirale du terrorisme. «La menace terroriste nous vient de l’extérieur», affirment les responsables du gouvernement mauritanien et des chefs de partis politiques que nous avons rencontrés à Nouakchott durant la dernière semaine du mois d’octobre dernier. Certes, Al Qaîda est une organisation terroriste internationale. Mais l’islamisme radical en Mauritanie existe bel et bien. Il a même connu une période d’ascension. Et la majorité des attaques kamikazes commises à Nouakchott sont l’œuvre de Mauritaniens affiliés à Al Qaîda. Comment faire face à cet «ennemi extérieur» ?
Rupture diplomatique avec Israël     
Les autorités mauritaniennes ont réagi à la menace d’Al Qaîda par l’élimination des facteurs ayant favorisé l’intrusion de cette organisation terroriste dans la société mauritanienne, pour inciter les jeunes à la désobéissance et au «jihad» contre les «impies».
Le premier facteur est la normalisation avec Israël et l’ouverture d’une représentation diplomatique de ce pays à Nouakchott. En effet, la Mauritanie est l’un des rares pays arabes à avoir des relations diplomatiques avec «l’ennemi sioniste». «Cette situation a été exploitée par les terroristes pour recruter des jeunes Mauritaniens. On leur a expliqué que l’objectif est de lutter contre l’ennemi qui opprime les frères palestiniens. On leur a fait croire également qu’en contrepartie ils auront le droit au paradis», expliquent les représentants de la classe politique mauritanienne.
Le deuxième facteur est l’arrestation, par le pouvoir mauritanien, des islamistes et «des oulémas». Dans ce pays où la religion occupe une place importante dans la vie quotidienne de la population locale, l’arrestation des oulémas était perçue comme «une agression» et un «abus de pouvoir».Comme pour donner des gages de «sa bonne volonté», le nouveau régime de Nouakchott procède à l’élimination de ces deux facteurs. Le pouvoir de Mohamed Ould Abdelaziz, président mauritanien, a rompu les relations avec Israël et fermé l’ambassade de ce pays à Nouakchott. Il a également libéré quelques islamistes. «Sur les 75 personnes arrêtées au début du phénomène du terrorisme en Mauritanie, 35 ont été libérées ; parmi elles, il y a même des jeunes recrutés par les réseaux terroristes», explique un journaliste mauritanien.
«Des jeunes égarés»
En plus de ces actions, le gouvernement mauritanien tente de sensibiliser sa population contre le phénomène. Pour cela, il veut impliquer toutes les composantes de la société ; il a, à cet effet, organisé, du 24 au 28 octobre dernier, un débat national sur le terrorisme et l’extrémisme. Un débat durant lequel les participants ont mis l’accent sur le danger du terrorisme, tout en niant la montée de l’extrémisme dans le pays. «Ce phénomène est étranger à la société mauritanienne. Il n’y a pas une montée de l’islamisme dans le pays, mais seulement quelques jeunes égarés qui ont été induits en erreur par les intégristes», estime Mohamed Yahya Ould Horma, vice-président du Parti de l’Union pour la République (UPR). Mais pourquoi ces jeunes sont-ils aussi facilement recrutés ? N’y a-t-il pas de facteurs endogènes qui favorisent l’endoctrinement de la société mauritanienne ?
Si ! rétorque la classe politique mauritanienne. Et parmi ces facteurs, il y a le chômage des jeunes. Le pays compte aujourd’hui, selon les dernières statistiques officielles, 33% de chômeurs. Un taux trop élevé pour un pays qui compte à peine 3 millions d’habitants. «C’est impératif ! Il faut lutter contre le chômage des jeunes. La création de postes d’emploi permet de réduire l’ampleur de la pauvreté en Mauritanie», souligne la majorité des responsables politiques.
Outre la lutte contre le chômage, les Mauritaniens insistent également sur un aspect important : la réforme du système éducatif. Ils sont convaincus que sans une école prospère qui donne aux futurs élèves les outils qui les aideraient à distinguer le bon grain de l’ivraie, la société mauritanienne restera exposée à tous les dangers.Mais, pour le moment, les facteurs sociaux favorisant la montée de l’islamisme existent, et ils sont même bien entretenus dans le pays. Les signes ne trompent pas. Profitant de la faiblesse de l’Etat, les islamistes ont commencé à tisser leur toile au sein de la société. Ils ont même réussi à gagner la sympathie de dizaines de jeunes, dont une partie a même intégré des réseaux terroristes dans le pays. Certains d’entre eux ont été arrêtés, et ils n’ont été graciés que récemment.     

 El Watan

Principales attaques terroristes

-Le 5 juin 2005, la base militaire de Lemghïty (nord-est de la Mauritanie) a été attaquée par un groupe terroriste. Bilan : 16 militaires tués.
-En 2007, l’armée mauritanienne est prise une nouvelle fois au dépourvu. Elle subit une attaque terroriste au niveau d’ Al Ghallaouiya. Bilan 4 morts.
-Durant la même année, le 24 décembre 2007, quatre touristes français ont été froidement assassinés.
-Dans la nuit du 1er février 2008, la plus grande boîte de nuit de Nouakchott (le VIP) et l’ambassade d’Israël mitoyenne ont été ciblés. Six individus ouvrent le feu sur les lieux, blessant une Française et deux Franco-Mauritaniens. L’attaque est revendiquée par Al Qaîda au Maghreb islamique.
-En septembre 2008, à Tourine, une patrouille de l’armée mauritanienne a été attaquée. 12 soldats mauritaniens ont trouvé la mort.

La presse privée demande un "soutien financier" de l’Etat


Des journalistes mauritaniens ont déploré le manque de soutien financier de l’Etat à la presse privée, au cours d’une conférence débat organisée samedi soir à Nouakchott par le Regroupement de la Presse Mauritanienne (RPM), sous le thème "Notre presse, après un demi siècle : quel bilan ?"
Les intervenants ont loué l’évolution "positive qui marque la Mauritanie d’aujourd’hui sur le plan de la liberté d’expression", mais déploré le manque de soutien financier destiné la presse qui, selon eux, "demeure obligée de compter sur ses propres ressources pour pouvoir continuer à exister, bravant les difficultés liées à l’accès aux sources de l’information et aux publicités".
"Nous demandons aux pouvoirs publics de revoir la possibilité d’ un soutien financier destiné à la presse privée et une ouverture des sources devant les journalistes", a souligné le journaliste Abdallahi Mamadou Bâ.
La presse privée mauritanienne bénéficie d’une réduction des frais d’impression prise en charge par l’Etat. 
Xinhua

Des déserteurs d'Aqmi aux mains de l'armée mauritanienne


Carte d'Afrique délimitant le Sahel et situant le sanctuaire et la zone d'activité directe d'Al Qaïda dans la région (juillet 2010)

BAMAKO — Une trentaine de jeunes mauritaniens membres d'Al-Qaïda au Sahel étaient aux mains de l'armée lundi, ont assuré des sources dans la région, alors que Nouakchott encourage les désertions dans les rangs de cette organisation responsable de rapts d'étrangers, dont cinq Français.
La fuite de ces jeunes combattants, depuis le début du mois, hors des camps dans le Sahara d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a été annoncée dimanche par des sources militaires et indépendantes, dans le nord du Mali et à Nouakchott.
"Les 28 sont toujours aux mains de l'armée et n'ont pas encore été transférés à la police pour enquête et décision à prendre à leur encontre", a assuré, lundi, une source sécuritaire à Nouakchott. Ils sont en route vers la Mauritanie, selon une source militaire mauritanienne dans le nord du Mali.
"Ils ont été endoctrinés", a expliqué par téléphone à l'AFP un officier mauritanien, sur le terrain. "On leur a mis dans la tête que mourir, c'est aller au paradis".
Début novembre, des sources militaires avaient déjà annoncé la désertion d'Aqmi de six Mauritaniens, des hommes "très jeunes" parmi lesquels figureraient des adolescents âgés de seulement 14 ans.
Le 2 novembre, un adolescent, Ahmed Ould Weiss, avait été présenté comme le premier jeune à avoir fui Aqmi. Il avait fait ensuite une déclaration à la télévision nationale, accusant cette organisation de "faire des choses contraires à l'Islam".
Ces désertions interviennent alors qu'Aqmi --qui détient cinq otages français enlevée à la mi-septembre au Niger-- a récemment lié ses exigences à celles d'Oussama ben Laden, le chef d'Al-Qaïda.
Le chef d'Aqmi, l'Algérien Abdelmalek Droukdel, a exigé notamment que Paris retire ses troupes d'Afghanistan, pour élargir ses prisonniers.
Pour contrer les agissements de cette organisation, le gouvernement mauritanien a promulgué en juin un loi qui offre aux extrémistes qui se rendent aux autorités "avant leur arrestation" des conditions spéciales pouvant aller jusqu'à leur mise en liberté sous contrôle.
Commentant les récentes désertions, un Malien impliqué par le passé dans plusieurs médiations pour la libération d'ôtages européens, a estimé que les jeunes gens rentrent chez eux "parce qu'ils constatent qu'ils ont été mis sur le mauvais chemin. Leur vie dans les camps, c'est le Coran, les corvées, l'entraînement militaire, la discipline, rien d'autre".
Un membre d'une ONG étrangère travaillant à la frontière entre Mali et Mauritanie va jusqu'à décrire la "technique de fuite" de ces jeunes: "certains feignent d'être malades ou même les mourants et sont abandonnés par Aqmi; d'autres fuient dès qu'ils s'éloignent des bases pour les corvées d'eau".
Pour susciter ces désertions, l'armée mauritanienne aurait infiltré ou fait infiltrer les camps d'Aqmi, selon des sources sécuritaires.
Et globalement, l'offensive lancée le 17 septembre par l'armée mauritanienne dans la région malienne de Tombouctou (900 km au nord-est de Bamako) aurait aussi changé la donne.
Pour le journaliste Mohamed Fall Ould Oumère, du quotidien La Tribune, "la présence militaire mauritanienne dans le nord du Mali et les patrouilles mixtes avec l'armée malienne ont perturbé le trafic, coupé les voies des échanges et rompu la 'normalité' qui s'offrait à Aqmi parmi les populations locales. Aqmi a dû céder, abandonnant les plus fragiles, et ses dirigeants s'en tiennent désormais à leur propre sécurité".
Serge DANIEL et Hademine OULD SADI

mercredi 17 novembre 2010

Au moins 500 cas de violences conjugales enregistrées de 2009 à 2010


Quelque 500 cas de violences conjugales à l’encontre des épouses ont été enregistrés en Mauritanie de 2009 à 2010, a révélé Toutou Mint Ahmed Jiddou, présidente de l’association de lutte contre la dépendance (ALD).
Mint Ahmed Jiddou a donné cette indication dimanche à Nouakchott au cours d’un forum de réflexion consacré aux moyens et procédures de lutte contre les violences basées sur le genre, organisé à l’intention des greffiers et officiers de police judiciaires mauritaniens.
La présidente de l’ong ALD a ajouté que les "300 cas les moins graves ont trouvé une solution amiable au niveau de l’association, alors que 200 cas d’une extrême gravité ont été soumis à la police, puis à la justice".
Selon elle, 200 enfants fortement perturbés par les conflits au sein des couples ont été pris en charge par son organisation. Elle a également indiqué que seulement 6 cas de violence conjugale pratiquée sur des époux ont été enregistrés.
La lutte contre les violences conjugales fait l’objet d’un vaste plaidoyer de la part des organisations de la société civile en Mauritanie.
Les femmes en Mauritanie constituent 50% de la population, mais elles restent particulièrement vulnérables, eu égard à leur dé pendance vis-à-vis des hommes, à l’ignorance et à la pauvreté, ainsi qu’au poids des traditions. 
Xinhua

mardi 16 novembre 2010

Grâce présidentielle pour 17 jihadistes pour l'Aid-el-Kébir



Le président mauritanien Mohammed Ould Abdel Aziz, le 19 juillet 2009 à Nouakchott

NOUAKCHOTT — Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a gracié 124 détenus dont 17 jihadistes à l'occasion de l'Aïd-el-Kébir, une des plus importantes fêtes musulmanes célébrée mardi en Mauritanie, a annoncé lundi l'Agence mauritanienne d'information (AMI, officielle).
Les 17 islamistes graciés étaient "poursuivis ou condamnés dans le cadre des dossiers liés au terrorisme", selon l'AMI qui cite un décret présidentiel publié lundi.
Le président Aziz a également gracié 117 prisonniers de droit commun dont 21 étrangers.
La remise en liberté des 17 jihadistes porte à 52 le nombre d'islamistes présumés graciés et libérés en deux mois.
Elle entre dans le cadre de la politique encourageant le repentir des extrémistes musulmans liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui a multiplié ses actions en Mauritanie ces derniers mois, avec des enlèvements et exécutions d'Occidentaux.
Cette politique a abouti à la reddition récente de six Mauritaniens venus des camps d'Aqmi dans le Nord du Mali, dont au moins un a été remis en liberté la semaine passée.
L'Etat mauritanien envisage de mobiliser des financements "substantiels" au profit des repentis pour les réinsérer dans la vie active, a appris l'AFP de sources officielles.
Une récente loi mauritanienne sur le terrorisme, adoptée en juin, offre aux extrémistes qui se rendent aux autorités "avant leur arrestation" des conditions spéciales pouvant aller jusqu'à leur mise en liberté sous contrôle.
Un forum sur le terrorisme et l'extrêmisme organisé récemment à Nouakchott a pris une résolution encourageant cette procédure pour encourager la jeunesse "égarée" à revenir à la raison et à "ré-épouser l'islam modéré en vigueur" en Mauritanie.

dimanche 14 novembre 2010

La Mauritanie vend ses ressources minières, les "trésors cachés du désert"


NOUAKCHOTT — La Mauritanie qui dispose d'importantes ressources minières, veut doper ce secteur, son deuxième poste d'exportation après la pêche, en attirant les investisseurs étrangers malgré la menace d'Al-Qaïda dans le Nord qui abrite l'essentiel du potentiel minier du pays.
Une "conférence-exposition" internationale sur "les trésors cachés du désert", une première dans ce pays sahélien pauvre, aux trois quarts désertique, a pris fin jeudi.
Les mines sont un "secteur porteur" pour la Mauritanie qui va poursuivre une "politique libérale attractive des investissements extérieurs", a déclaré le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, à l'ouverture des travaux.
Quatre cents invités dont une quarantaine de sociétés internationales opérant dans le pays ont pris part à cette rencontre de trois jours qui a vanté les facilités accordées aux investisseurs dans le code minier.
"C'est un secteur attractif, à haut potentiel et qui peut constituer la première locomotive du développement de la Mauritanie", a affirmé à l'AFP un conseiller au ministère des mines, Ahmed Ould Taleb Ahmed.
Quelque 170 permis de recherche pour sept groupes de substances minérales ont été accordés à des investisseurs, surtout dans la zone Nord.
Les mines sont officiellement le deuxième produit d'exportation après la pêche, avec notamment le fer, le cuivre, l'or et le gypse qui contribuent à hauteur de 20% du produit intérieur brut (PIB).
Le fer occupe une place importante par le volume de sa production (12 millions de tonnes par an).
Le groupe minier suisse Xstrata, qui a pris le contrôle de l'Australien Sphere Minerals en Mauritanie, va prochainement investir environ 6 milliards de dollars dans la production du fer dans ce pays, a annoncé vendredi le ministre mauritanien des Mines, Mohamed Abdallahi Ould Oudaa.
Quant à l'or, il prend de l'importance avec un projet qui permettra prochainement à la Canadienne Kinross, en trois ans, de doubler sa production, actuellement de 250 onces d'or par an.
"Ces minerais peuvent être rattrapés, en termes d'importance, dans quelques années par l'uranium dont l'existence est confirmée dans l'extrême Nord, notamment à Bir En Nar. Nous pouvons parler aujourd'hui d'une véritable province uranifère, qui s'étend sur près de 500 km2, dans la région de la Dorsale R'Gueibatt", affirme Thiam Baidi, du ministère des Mines.
Une société canadienne, Forte Energy, a confirmé lors de cette exposition la découverte de 1,33 million de tonnes d'uranium à Bir En Nar (nord).
L'espoir suscité par les mines survient après la déception née du pétrole avec l'exploitation à partir de 2006 des gisements off shore de Chinguitty (ouest de Nouakchott): la production est tombée actuellement à moins de 10.000 barils/jour contre des prévisions initiales de 75.000 barils.
Mais cet attrait des mines intervient parallèlement à une intensification ces dernières années des activités d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en Mauritanie, dans le Nord particulièrement, avec des enlèvements et exécutions d'Occidentaux.
Cette menace, rarement évoquée, est cependant présente dans les esprits, selon des observateurs. "Les experts impliqués dans les explorations en Mauritanie n'ont jamais été concernés par les actes terroristes mais il n'en demeure pas moins que certains parmi eux paniquent à l'occasion d'enlèvements", estime Cheikh Ould Atigh, partenaire mauritanien de Forte Energy.
Le ministre mauritanien des mines, Mohamed Abdallahi Ould Oudaa, se veut rassurant: "Notre pays offre aux investisseurs la sécurité totale et un code des investissements suffisamment attractif pour les encourager à venir nombreux".