vendredi 14 mai 2010

Terrorisme: la riposte du président malien

Alors que les enlèvements d'Occidentaux se multiplient dans le Sahel, Amani Toumani Touré défend la politique de son pays.

Le président malien Amadou Toumani Toure

Terrorisme: la riposte  du président malien

REUTERS/Eric Feferberg

"J'en ai assez que le territoire malien soit, en permanence, violé par les terroristes et les trafiquants!" Dans son palais de Koulouba, il fulmine, le président du Mali, Amani Toumani Touré, surnommé ATT. Vingt-six otages occidentaux ont été enlevés au Sahel et dans le Sahara. Le 19 avril dernier, encore, un Français et son chauffeur algérien ont été pris dans le Nord du Niger. "Pas un seul otage n'a été enlevé au Mali", insiste ATT. Pourtant, c'est le Mali qui est montré du doigt.

En février, la Mauritanie et l'Algérie ont rappelé leurs ambassadeurs pour protester contre la libération par le Mali de quatre combattants d'Al-Qaeda au Maghreb (AQMI) en échange d'un otage français, Pierre Camatte. "Ces hommes n'avaient commis aucun acte répréhensible sur notre territoire, répond le chef de l'Etat. C'était la moins mauvaise solution."

Lourde contribution

Aussi étendue que le territoire français et jouxtant de nombreux Etats en proie au terrorisme (Algérie, Mauritanie, Niger), la région du Nord est devenue un sanctuaire pour toutes sortes de trafics : cigarettes, drogue, armes, émigrés clandestins et, plus récemment, otages occidentaux. "Le Mali n'est pas pris pour cible par les terroristes mais nous savons que ces derniers circulent dans le désert", reconnaît ATT.

Partisan d'une collaboration étroite entre les armées de la région pour traquer les preneurs d'otages et les contrebandiers, le Mali a déjà payé une lourde contribution : 44 de ses soldats ont été tués en mission. Sa tentative, il y a deux ans, d'organiser une conférence de tous les chefs d'Etat de la région afin de mieux coordonner la lutte antiterroriste en permettant notamment aux forces de sécurité le franchissement des frontières est restée lettre morte. "Ma porte est ouverte, lance le président malien. Dès qu'ils le souhaitent, je peux les recevoir à Bamako."

En attendant, une cellule antiterroriste siégeant directement au Palais devrait être mises en place. "Le Nord Mali a été complètement démilitarisé. Pour que l'aide internationale puisse y parvenir et y rester, il faut commencer par recréer une logistique", explique un initié.

Christine Holzbauer

lexpress.fr