samedi 31 octobre 2009

La France discréditée par son soutien au régime Ben Ali

Nul besoin d'épiloguer longuement sur les résultats des élections présidentielle et législatives tunisiennes du 25 octobre. En s'accordant un score inférieur à 90 % des voix - officiellement de 89,62 % -, le président Ben Ali a cherché à éviter les sarcasmes que lui avaient valus les scores à la soviétique des précédents scrutins (99 % et 95 % des suffrages).

Toutes les grandes figures de l'opposition ont ainsi été écartées de la course à la présidence. Le seul "vrai" candidat de l'opposition, qui ait été autorisé à concourir, Ahmed Brahim, du parti Ettajdid, un homme sans charisme mais à la réputation d'intégrité, s'est vu attribuer le score ridicule de 1,57 % des suffrages. En revanche, deux autres prétendants à la magistrature suprême, totalement inconnus du grand public, se sont vu décerner respectivement 5,01 % et 3,80 % des voix. Il faut dire qu'en dépit de leur statut officiel d'"opposants", ils avaient fait campagne en faveur du président Ben Ali !On ne répétera jamais assez à quel point le "pluralisme" politique mis en avant par le palais de Carthage à l'intention de l'étranger est une mascarade. Le chef de l'Etat tunisien choisit soigneusement ses opposants. Il dessine lui-même la carte politique de la Tunisie, sur laquelle le parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), doit garder l'absolue mainmise par le biais d'un clientélisme et d'un maillage policier difficilement imaginables. Ben Ali élimine par avance, à coups d'amendements électoraux taillés sur mesure, tous ceux qui pourraient lui faire de l'ombre, quand bien même ces derniers ne risqueraient pas une seule seconde de l'emporter. Il récompense les uns, humilie les autres, alors que la situation plutôt prospère de la Tunisie et sa stabilité pourraient l'amener, au contraire, à ouvrir l'espace politique et instaurer une véritable démocratie.

Il faut cesser de se laisser prendre au langage du palais de Carthage, selon lequel la Tunisie de Ben Ali est "une démocratie émergente et perfectible". Un argumentaire soigneusement mis au point à Tunis, où l'on sait que ce ton bonasse, faussement modeste, a toutes les chances de séduire les visiteurs occidentaux.

Si elle est performante en matière économique - mais pas autant qu'elle le pourrait, compte tenu de l'inhibition des entrepreneurs face au comportement prédateur des proches du pouvoir -, la Tunisie de Ben Ali ne progresse en rien sur la voie de la démocratie, et n'en a nulle intention. Quiconque émet une voix discordante est systématiquement combattu, et voit sa vie rendue infernale par une série de représailles dont on n'a pas idée en France : Agressions physiques graves ; filatures collantes ; courriers électroniques détournés ; domiciles assiégés ; asphyxie alimentaire, suite aux interdits professionnels ; campagnes de presse diffamatoires, et souvent même obscènes quand il s'agit de femmes. Et cela, en toute impunité...

Car porter plainte contre ces méthodes de voyou est inutile : les plaintes sont systématiquement classées sans suite. La justice tunisienne est totalement instrumentalisée. On ne compte plus les obscures procédures déclenchées contre tel ou tel opposant ou militant des droits de l'homme, qui se voit soudain écroué ou interdit de quitter le territoire tunisien, au motif qu'il est l'objet d'une plainte, opportunément déposée ou exhumée, mais entièrement ignorée de l'intéressé.

"Etat de droit", "démocratie", "multipartisme" et "transparence" font partie du vocabulaire préféré du régime tunisien. On ne peut exclure que le président Ben Ali, qui commence donc un cinquième mandat après vingt-deux ans de pouvoir sans partage, finisse par croire à ces mots totalement vides de sens dans son propre pays. Mais les capitales européennes, elles, ne peuvent pas être dupes. Elles savent bien que l'espace des libertés ne grandit pas en Tunisie, contrairement à ce qu'affirmait M. Sarkozy lors de sa visite officielle à Tunis, en avril 2008.

Les Tunisiens eux-mêmes sont lucides. Un certain confort matériel, la peur de représailles ainsi que la crainte de l'inconnu les poussent à s'accommoder d'un régime, qu'en privé, les uns et les autres avouent exécrer, en particulier pour la façon dont il pille sans vergogne les richesses du pays. Dans le moindre petit village reculé de Tunisie, il se trouve toujours un intellectuel, instituteur ou autre, pour rappeler avec ironie et amertume les propos de Nicolas Sarkozy, le jour de son installation à l'Elysée, le 16 mai 2007 : "Je ferai de la défense des droits de l'homme (l'une des deux) priorités de l'action diplomatique de la France dans le monde."

En continuant à soutenir aveuglément le président Ben Ali, en le félicitant pour sa "victoire"comme elle l'a fait il y a quelques jours, et en l'assurant de son entier "soutien" sans la moindre distance critique - à la différence des Etats-Unis -, la France pratique une politique à courte vue. Et cela au nom d'intérêts économiques, de lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine ou de la relance d'une Union pour la Méditerranée moribonde. Un jour viendra où il faudra pourtant rendre des comptes. La France s'apercevra alors qu'elle a perdu l'essentiel de son prestige et de sa crédibilité.

Florence Beaugé

vendredi 30 octobre 2009

Pas de saisons pour la malnutrition à Nouakchott


Photo: Anne Isabelle Leclercq/IRIN
Nené Koné prépare la bouillie composée de riz, poisson et légumes, distribuée aux enfants au centre de santé de Dar Naim
NOUAKCHOTT, 30 octobre 2009 (IRIN) - Au centre de santé de Dar Naim, un quartier populaire de Nouakchott, le bâtiment qui accueille les enfants souffrant de malnutrition ne désemplit pas : contrairement aux régions rurales où les saisons et l’état des récoltes ont une influence sur les pics de malnutrition, dans la capitale, ce phénomène est relativement constant tout au long de l’année.

La dernière enquête nutritionnelle menée par le ministère de la Santé et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), selon la méthodologie SMART en juillet, pour évaluer la situation nutritionnelle des enfants en période de soudure, a révélé que trois régions du pays (Sud-Est, Sud et Centre) enregistraient des taux de malnutrition aigue globale (GAM, en anglais) élevés, jusqu’à 19,2 pour cent dans le Centre – bien au-delà du seuil de 15 pour cent fixé par l’Organisation mondiale de la santé pour définir une situation grave nécessitant des interventions d’urgence.

Dans ces zones rurales, les causes de la malnutrition sont généralement multiples, a noté le docteur Mohamed Moustapha Kane, chef du service nutrition au ministère de la Santé.

Au-delà de la pauvreté qui frappe l’ensemble du pays – plus de 46 pour cent de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon les Nations Unies - et de la période de soudure, traditionnellement difficile, ces zones « sont des régions agropastorales, mais tout le monde n’a pas de [bétail ou de terres]. Il y a également l’ignorance des débouchées et des [bonnes pratiques nutritionnelles], l’enclavement et le manque d’infrastructures : accès à la santé, l’eau potable ou [l’hygiène] ».

Le taux de GAM est beaucoup moins élevé à Nouakchott que dans ces régions, avec 7,9 pour cent, selon l’enquête SMART de juillet 2009. Mais à la différence des zones rurales, les saisons ont peu d’influence sur le phénomène dans la capitale : l’enquête SMART de décembre 2008, en période post-récoltes, a révélé un taux de 5,9 pour cent à Nouakchott. En comparaison, ce taux était de 11,9 pour cent dans la région Centre.

Quelque soit la période de l’année, le problème de la disponibilité des denrées alimentaires ne se pose pas en milieu urbain, ont noté plusieurs acteurs. D’après Nené Koné, qui s’occupe de la malnutrition des enfants au centre de santé de Dar Naim depuis 1991, c’est le manque de moyens qui explique en grande partie la perpétuation de ce problème à Nouakchott.

Lorsque les mères arrivent au centre avec leurs enfants, « le principal problème qui revient c’est la grande pauvreté », a dit Mme Koné à IRIN. « Si la maman a faim parce qu’elle n’a pas mangé,elle n’a pas de lait [pour allaiter] ».


Photo: Anne-Isabelle Leclercq/IRIN
Tahya Sidiekhreye prend soin de son petit-fils âgé de 15 mois, qui souffre de malnutrition sévère
« Les familles sont très endettées, toute l’année », a ajouté Isabel Marco, de l’ordre des Filles de la charité, qui soutient le centre. Et l’explosion du prix des denrées alimentaires sur le marché mondial en 2008 a aggravé la situation des ménages urbains qui ne produisent pas et doivent tout acheter : les 25 litres de lait se sont vendus jusqu’à 35 000 ouguiyas (134 dollars), contre 53 dollars en 2004, a rappelé Mme Marco. Ils coûtent aujourd’hui 24 000 ouguiyas (92 dollars) – soit l’équivalent du revenu minimum mensuel dans un pays où « culturellement, on boit beaucoup de lait ».

La malnutrition des enfants en milieu urbain est également liée à la dégradation de la situation économique de la majorité des Mauritaniens au cours des dernières décennies : Tahya Sidiekhreye, âgée d’une cinquantaine d’années, a élevé « plusieurs » enfants, elle est arrivée au centre de Dar Naim début octobre avec son petit-fils, âgé de 15 mois, qui souffrait de malnutrition aigue sévère.

« Je n’ai jamais eu ces problèmes avec mes enfants : avec mon mari, on a toujours réussi à se débrouiller [pour les nourrir], mais maintenant, c’est trop difficile », a-t-elle dit. « Cela fait quatre mois que [mon petit-fils] est malade et je n’ai pas les moyens de le soigner. [Sa mère] ne travaille pas, son père est chômeur, ils ne peuvent pas s’en occuper ».

Si c’est elle qui s’occupe de son petit-fils, c’est aussi parce que sa fille ne sait pas faire, a-t-elle dit : la mère de l’enfant a 15 ans. Le manque de connaissances nutritionnelles, lorsque la mère manque de lait et ne peut pas allaiter, et, dans le cas du milieu urbain notamment, l’évolution des pratiques, favorisent également la malnutrition, ont noté plusieurs acteurs.

« L’allaitement était très valorisé socialement par le passé, mais il y a un phénomène de mode [qui consiste à] donner du lait de substitution », a dit à IRIN Brahim Ould Isselmou, chargé de communication à l’UNICEF. Au-delà du coût élevé de cette pratique – une boîte de lait maternisé est vendue environ 1 600 ouguiyas (six dollars) pour cinq jours –, cela perturbe les habitudes. « Au bout de quelques mois, les mamans sont désorientées et on peut en voir qui donnent de la viande à des bébés de six mois ».

Même s’il est plus facile d’accéder aux services de santé en milieu urbain qu’en milieu rural, la qualité de la prise en charge de la malnutrition n’est pas pour autant garantie partout, comme Mme Sidiekhreye en a fait l’expérience : avant de finalement franchir la porte du centre de santé de Dar Naim et de pouvoir y faire soigner son petit-fils, elle a commencé par consulter un médecin privé qui l’a référée à un hôpital, l’enfant présentant des signes inquiétants. « Il vomissait beaucoup, il était déshydraté, mais ils ne l’ont pas hospitalisé : ils m’ont fait une ordonnance pour du [paracétamol] et m’ont renvoyée, c’est tout », a-t-elle raconté.

Pour harmoniser la prise en charge de la malnutrition et tenter de remédier entre autres à ces problèmes de qualité des soins, les autorités ont élaboré en 2007 un protocole national, auquel tous les centres sont censés, petit à petit, se conformer, et qui institue la standardisation des modes de mesures, référence, prise en charge et suivi de la malnutrition. Comme dans d’autres centres, les personnels de Dar Naim sont actuellement formés à ce protocole, avec le soutien de l’UNICEF.
IRIN

Le mirage du Maghreb uni, par Jean-Pierre Tuquoi

Dans le message de félicitations qu'il a adressé au président Ben Ali au lendemain de sa réélection, le 25 octobre, à la tête de la Tunisie, le roi Mohammed VI du Maroc n'a pas manqué d'évoquer, parmi les chantiers qui attendent Ben Ali, la poursuite de "l'édification de l'Union du Maghreb (arabe, l'UMA)".

Le dossier du Sahara occidental n'est pas responsable de l'échec d'un projet imaginé à la fin des années 1950 par des nationalistes aux idées larges. Même si l'Algérie et le Maroc tombaient enfin d'accord sur l'avenir des Sahraouis et de leurs terres désertiques, le chantier de l'UMA resterait en plan.Depuis 1989, l'année de sa mise en orbite,"l'édification du Maghreb" revient comme un leimotiv dans les discours officiels, y compris de ce côté-ci de la Méditerranée. Mais en pratique, rien n'avance. Le Maghreb uni reste un rêve, même si, sur les hauteurs d'Alger, un magnifique bâtiment de style colonial abrite un fantomatique Conseil consultatif de l'Union du Maghreb. Le dernier sommet des cinq chefs d'Etat concernés date de 1994.

Le problème est plus profond. Si les trois pays phares du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) ne parviennent pas à se rapprocher malgré les bénéfices promis par les experts (1 % de croissance supplémentaire au bas mot), c'est parce que, depuis des décennies, des régimes autoritaires les dirigent et qu'ils verrouillent les structures transfrontalières.

Tout ce qui menace le monopole du pouvoir central est tenu en suspicion ou combattu. Qu'il s'agisse de créer des syndicats maghrébins libres, de favoriser les investissements économiques et financiers de part et d'autre des frontières, de rapprocher les systèmes judiciaires, de multiplier les échanges culturels, les murailles sont là, toujours aussi hautes. Du coup, les peuples du Maghreb s'ignorent. En témoigne l'absence de reportage dans la presse maghrébine sur ce qui se passe dans les pays voisins. Les journalistes font plus volontiers le voyage à Paris qu'à Tunis, Alger ou Rabat. "Les seuls à croire au Maghreb unifié sont les combattants d'Aqmi, Al-Qaida au Maghreb islamique. Ils se jouent des frontières", note un journaliste.

Un projet, cher au président algérien, permet de toucher du doigt le fossé qui sépare les régimes d'Afrique du Nord, et la concurrence qui les anime. En début de semaine, Alger a lancé l'appel d'offres pour la construction de ce que les habitants appellent déjà la "grande mosquée". Implantée sur un terrain d'une vingtaine d'hectares en face de la baie d'Alger, elle comportera, outre la salle de prière, une école d'enseignement du Coran, une bibliothèque, et un auditorium.

Le minaret de l'édifice culminera à 270 mètres de hauteur, ce qui en fera la troisième mosquée la plus haute du monde, après celle des lieux saints de l'islam, La Mecque et Médine. Mais devant celle de Casablanca, la mosquée Hassan- II, qui n'a que 200 mètres !


Le Monde

Jean-Pierre Tuquoi

jeudi 29 octobre 2009

Paris mise sur le régime putschiste en Mauritanie

Des partisans de Mohamed Ould Abdel Aziz, le 7 août 2008.

Reuters - Des partisans de Mohamed Ould Abdel Aziz, le 7 août 2008.

Pour combattre le terrorisme, la France mise sur un régime de Mohamed Ould Abdel Aziz. Calcul aventureux.

Au nom de la lutte antiterroriste, la France s'est empressée d'absoudre le putschiste mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, parvenu au pouvoir en août 2008, puis d'avaliser, moins d'un an plus tard, son élection à la hussarde. Point d'orgue, la visite à Paris du général ainsi "normalisé", censée s'achever ce 29 octobre. Face à la hantise des fous d'Allah, les principes démocratiques ne pèsent pas lourd.

De fait, l'activisme d'Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), avatar des maquis djihadistes algériens, menace tout l'espace saharo-sahélien, du Sud marocain aux confins du Tchad, via le Niger et le Mali. Un kamikaze a d'ailleurs sévi, le 8 août dernier, aux portes de l'ambassade de France,à Nouakchott.

Le souci d'enrayer les trafics -armes, drogue, migrants - qui prospèrent dans un tel pot au noir peut justifier l'intensification de la coopération sécuritaire, qu'atteste le récent séjour mauritanien du général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées.

"Mauvais calcul, objecte Ely Ould Mohamed Vall, lui-même auteur d'un coup d'Etat en 2005, mais qui orchestra la transition avant de s'effacer au profit d'un président élu. On ne peut vaincre le terrorisme qu'avec un pouvoir stable et légitime. Or celui d'Abdel Aziz n'est ni l'un ni l'autre."

Vincent Hugeux

Mohamed Ould Abdel Aziz à Reporters sans frontières : "Mon objectif est de libéraliser la presse"

Lors d’une rencontre avec le chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, le 27 octobre 2009, une délégation de Reporters sans frontières a obtenu l’assurance que la liberté de la presse fait et fera partie de ses priorités. Le Président, en visite officielle à Paris, a réservé un accueil chaleureux à l’organisation et a affirmé sa volonté d’œuvrer pour améliorer la situation de la liberté de la presse dans son pays.

"Mon intention est d’encourager la liberté de la presse et la liberté d’expression de tous les Mauritaniens. Malgré toutes les insultes dont j’ai pu être victime, j’ai comme principe de ne jamais attaquer la presse de quelque manière que ce soit. Je pense que les personnalités publiques qui n’acceptent pas ce principe devraient changer de métier", a affirmé Mohamed Ould Abdel Aziz aux représentants de Reporters sans frontières. "J’ai décidé de mettre fin au système de publicité étatique qui encourageait la corruption. Aujourd’hui, l’Etat finance 80% de l’impression de la presse privée à travers l’imprimerie nationale. C’est un effort imporant, et je pense qu’il devrait d’abord aider les journaux réguliers", a ajouté le chef de l’Etat mauritanien.

Une semaine après la publication du classement mondial de la liberté de la presse, dans lequel la Mauritanie se situe à la centième position, enregistrant un gain de cinq places par rapport à l’année 2008, la discussion avec le chef de l’Etat, élu le 4 août 2009, a porté sur la situation actuelle des médias dans le pays et les progrès enregistrés depuis 2005.

Reporters sans frontières a notamment insisté sur :

- l’urgence de promulguer le décret d’application de la loi sur l’audiovisuel favorisant la libération effective des ondes ;

- la nécessité d’assainir le secteur des médias ;

- l’intérêt pour la Mauritanie de combler le vide juridique concernant la presse en ligne. Le cas du directeur de publication du site Internet Taqadoumy, Hanevy Ould Dehah, emprisonné depuis le 18 juin 2009 et condamné à six mois de prison, a été évoqué.

Le président de la République islamique de Mauritanie a promis de se saisir de l’ensemble de ces dossiers.

Reporters Sans Frontières

mercredi 28 octobre 2009

Paris et Nouakchott normalisent leurs relations

La visite en France du président mauritanien Abdel Aziz, qui a rencontré ce mardi son homologue français Nicolas Sarkozy, marque la normalisation des relations entre Paris et Nouakchott. Depuis deux ans, la Mauritanie est la cible d'attaques de la mouvance d'al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a notamment revendiqué l'attentat-suicide perpétré en août près de l'ambassade de France à Nouakchott et dans lequel deux gendarmes avaient été légèrement bléssés.

La coopération millitaire entre la France et la Mauritanie, ne date pas d'hier. A la fin des années 1970 l'armée française était régulièrement intervenue en Mauritanie pour lutter contre la guérilla du Front Polisario et sécuriser le chemin de fer qui mène aux mines de Zouérate.

En avril 1986 un accord militaire technique avait été conclu avec Nouackchott. Aujourd'hui la coopération millitaire française est donc axée sur la lutte contre le terrorisme. La France devrait apporter une aide à la formation des personels mauritaniens et peut-être aussi livrer ou céder certains matériels ( il n'est pas question d'armes pour le moment mais plutôt de véhicules).

Poignée de main entre le président français Nicolas Sarkozy et le président mauritanien Ould Abdel Aziz sur le perron de l'Elysee, le 27 octobre 2009.( Photo : Gonzalo Fuentes / Reuters )

Poignée de main entre le président français Nicolas Sarkozy et le président mauritanien Ould Abdel Aziz sur le perron de l'Elysee, le 27 octobre 2009.
( Photo : Gonzalo Fuentes / Reuters )

Pour le ministère français de la Défense, cette visite du président Mohamed Ould Abdel Aziz va permettre d'identifier les « besoins » de la Mauritanie en matière millitaire. Aprés le coup d'Etat du 6 août 2008, l'Union européenne et la France avaient suspendu leur coopération avec Nouakchott.

Aujourd'hui la présence millitaire française en Mauritanie est donc « très modeste » précise le ministère de la Défense. Officiellement, il n'y a qu'un groupe de huit formateurs, dont six officiers répartis entre la capitale Nouackchott et le camp d'Atar au coeur du massif de l'Adrar à plus de 400 kilomètres de la capitale.

C'est aussi là que se trouve une base arrière des GLAT, les groupements de l'armée mauritanienne de lutte antiterroriste qui patrouillent dans le désert pour empêcher les infiltration des millitants d'al-Qaïda pour le Maghreb islamique.

Avec la normalisation des relations entre Paris et Nouakchott, la coopération millitaire entre les deux pays devrait se renforcer. Au début du mois, le chef d'état major des armées le général Jean-Louis Georgelin a fait le déplacement en Mauritanie. Déja la France a cédé quelques véhicules 4X4 de type « Land Rover » à l'armée mauritanienne.

On parle aussi d'une vente d'avions d'entraînement « Tucano ». Cet avion a été retiré de l'armée de l'Air française au mois de juillet mais il pourrait reprendre du service sous les couleurs mauritaniennes comme avion d'observation.

RFI

mardi 27 octobre 2009

La situation est sous contrôle en Mauritanie

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a souligné, lundi, que la situation acridienne était maîtrisée en Mauritanie, tout en mettant en garde contre la survenue de conditions favorables à l'infestation dans les zones touchées.

La situation en Mauritanie suite à la sévère infestation de criquets pèlerins, qui y sévit depuis plusieurs semaines, semble être sous contrôle, indique l'Organisation basée à Rome.

Selon la FAO, les foyers de criquets devraient être éliminés d'ici début décembre, à condition cependant que de fortes pluies ne viennent pas modifier la situation.

L'Organisation craint, dans un communiqué publié à ce sujet, que des pluies anormalement abondantes et généralisées ne viennent, au cours des six prochaines semaines, favoriser la formation de petits essaims début décembre dans la zone infestée.

Ces essaims pourraient alors se diriger vers le nord de la Mauritanie et le sud du Maroc et se reproduire durant l'hiver, prévient-elle en mettant en garde contre de nouvelles migrations et une reproduction au printemps jusque dans les Monts Atlas au Maroc et en Algérie.

Cette probabilité est toutefois faible, a rassuré la FAO en soulignant qu'elle suivra de près, avec ses partenaires, l'évolution de la situation.

Même s'il n'y a pas de menace immédiate, d'autres pays de la région sont prêts à intervenir pour venir en aide à la Mauritanie si nécessaire, précise-t-elle.

L'Organisation souligne également que le Maroc a mobilisé des équipes de prospection et deux aéronefs dans l'extrême sud du pays, au cas où des ailés arrivent de Mauritanie.

Jusqu'à présent, les conditions écologiques restent sèches dans le sud du Maroc et aucune infestation acridienne significative n'est signalée, observe-t-elle.

L'actuelle infestation est de moindre envergure que celle de 2003 qui avait donné lieu à une invasion régionale en 2004/2005, rassure la FAO précisant qu'aucune pluie significative n'est tombée ce mois-ci et la végétation commence à se dessécher.

«Tous les pays de la région sont beaucoup mieux préparés qu'en 2003 et disposent des ressources suffisantes pour maîtriser la situation «, poursuit-elle.

S'agissant particulièrement de la situation en Mauritanie, la FAO précise que dix-sept équipes du Centre antiacridien national de Mauritanie sont en train d'effectuer des opérations de prospection et de lutte contre les criquets en reproduction dans l'ouest du pays.

Les larves nouveau-nées forment des groupes larvaires, petits mais denses, qui constituent de bonnes cibles pour les équipes d'intervention, indique-t-elle précisant que plus de 2.100 hectares ont été traités depuis le démarrage des opérations de lutte, le 11 septembre.

Le Matin (Maroc)

lundi 26 octobre 2009

Paris annonce la normalisation des relations avec Nouakchott

PARIS - La visite en France du président mauritanien, qui rencontrera mardi le président Nicolas Sarkozy, marque la normalisation des relations entre Paris et Nouakchott, indique le Quai d'Orsay.

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. La visite du président mauritanien, qui rencontrera Nicolas Sarkozy mardi, marque la normalisation des relations entre Paris et Nouakchott, selon le Quai d'Orsay. (Reuters/ Ahmed Jadallah)

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. La visite du président mauritanien, qui rencontrera Nicolas Sarkozy mardi, marque la normalisation des relations entre Paris et Nouakchott, selon le Quai d'Orsay. (Reuters/ Ahmed Jadallah)

Paris explique sa décision par les progrès accomplis à la faveur de l'élection présidentielle de juillet, que l'opposition mauritanienne a dénoncée comme truquée mais que les observateurs de l'Union européenne ont jugée régulière.

Lors de sa visite en France, jusqu'à mercredi, le président Mohamed Ould Abdel Aziz s'entretiendra avec le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et le secrétaire d'Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie, Alain Joyandet.

"Cette visite marque la normalisation des relations entre la Mauritanie et la France après les élections présidentielles tenues le 18 juillet dernier", a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères lors d'un point de presse électronique.

"M. Mohamed Ould Abdel Aziz a été élu à l'issue d'un scrutin qui s'est déroulé dans des conditions régulières et transparentes selon la commission électorale nationale indépendante multipartite de Mauritanie ainsi que selon tous les observateurs internationaux indépendants présents", a-t-il dit.

Pour la France, "ces élections ont consacré la sortie de crise en Mauritanie".

Reuters

Sénégal : l'ex-représentant du FMI a reçu 100 000 euros pour "acheter des cadeaux à ses parents"

La forte somme d'argent remise par les autorités sénégalaises à l'ex-représentant du Fonds monétaire international (FMI) à la fin de septembre ne visait pas à le "corrompre" mais à l'aider à "acheter des cadeaux pour ses parents", a affirmé le premier ministre sénégalais à la presse, lundi 26 octobre.

"Il ne s'agissait pas pour nous de le corrompre, ce n'était pas une corruption", a plaidé le chef du gouvernement, Souleymane Ndéné Ndiaye, dans une interview publiée par le journal sénégalais Kotch. "Mais ce qui s'est passé, c'est que nous avons cherché à aider quelqu'un à acheter des cadeaux pour ses parents parce qu'il venait de quitter le Sénégal après un séjour de trois ans", a-t-il assuré.Selon le FMI, son ancien représentant à Dakar, l'Espagnol Alex Segura, avait reçu au dernier jour de sa mission "un cadeau monétaire"d'une "valeur substantielle" qui avait été "rendu aux autorités sénégalaises" par la suite.

Pour la première fois, un représentant du gouvernement reconnaît ainsi explicitement qu'une somme d'argent a été donnée à M. Segura.
Mais M. Ndiaye explique ce geste par
"une tradition en Afrique" : "Quand vous avez quelqu'un qui vient vous voir, vous lui offrez un cadeau à son départ." A l'objection "Un cadeau de 100 000 euros ne saurait être symbolique", le premier ministre répond : "Figurez-vous, 100 000 euros, c'est rien. Sans que je puisse même confirmer la somme, c'est quand même quelqu'un [Alex Segura, ndlr] qui est à l'étranger. (...) Avec cette somme, qu'est-ce que vous pouvez acheter en France ? Vous ne pouvez même pas vous payer un appartement."

L'affaire dite du "cadeau monétaire" – reçu par M. Segura après un dîner à la présidence de la République sénégalaise le 25 septembre puis restitué, plus tard, en Europe, aux autorités sénégalaises – fait scandale à Dakar.

LeMonde.fr

Alnaha Bint Djaddi Oueld Meknes: “Je vois ma nomination comme un geste envers la femme mauritanienne.”

Alnaha Bint Djaddi Oueld Meknes est la ministre mauritanienne des Affaires étrangères. Elle a été nommée en août dernier, suite à l‘élection présidentielle qui a avalisé le coup d’Etat du général Mohamed Ould Abdelaziz. Alnaha Bint Meknes est la fille d’un célèbre ministre des affaires étrangères, en poste dans les années 70.
Riad Muasses, d’
euronews est allé à sa rencontre, à Nouakchott.


euronews :
Madame la ministre, vous faites partie du premier gouvernement du président Ould Abdelaziz.
Vous êtes à la tête du ministère des Affaires étrangères, et vous êtes la première femme arabe à occuper ce poste. Quels seront les grands traits de la politique étrangère du nouveau président ?

Alnaha Bint Djaddi Oueld Meknes :
Dans son discours d’investiture, juste après les élections présidentielles, Mohamed Ould Abdelaziz a souligné que la politique étrangère servira les intérêts de la Mauritanie et du peuple mauritanien. Nous allons travailler pour que notre diplomatie soit une diplomatie productive, une diplomatie de développement. La politique étrangère mauritanienne sera définie à la lumière des besoins et des intérêts du peuple mauritanien.

euronews :
Madame la ministre, le président Ould Abdelaziz s’est rendu au Venezuela, et il a de bonnes relations avec Hugo Chavez, avec Mouammar Kadhafi en Libye ou encore avec l’Iran. Y aura-t-il de nouvelles orientations dans la diplomatie mauritanienne ?

Alnaha Bint Djaddi Oueld Meknes :
A partir d’aujourd’hui, les relations avec les pays frères et amis seront fondées sur le respect mutuel avant toute chose. Elles seront basées sur le respect de la souveraineté de l’Etat mauritanien ainsi que sur les intérêts du peuple mauritanien. Tous les frères et les amis qui seront prêts à travailler avec nous en respectant ces principes seront les bienvenus, et nous serons ouverts à toute collaboration avec les pays qui sauront respecter notre souveraineté.

euronews :
Nous savons, madame la ministre, que le chef de l’Etat se rend en France ce lundi 26 octobre pour une visite de travail. Quels sont les points essentiels des discussions avec le président français Nicolas Sarkozy ?

Alnaha Bint Djaddi Oueld Meknes :
Plusieurs dossiers seront évoqués durant cette rencontre. Il y a des dossiers prioritaires pour le président, qui s’est engagé à mener les réformes nécessaires tels que le secteur de la santé, l’éducation, les infrastructures et la sécurité pour les Mauritaniens, et aussi celle des étrangers vivant en Mauritanie.

euronews :
Est-ce que vous voulez dire que la France pourrait apporter des aides à la Mauritanie dans le domaine de la formation militaire ? Ou bien s’agit-il d’aides directes pour rétablir la sécurité dans le pays ?

Alnaha Bint Djaddi Oueld Meknes :
Il y aura de la place pour tous ceux qui voudront aider l’Etat mauritanien à améliorer le niveau de vie de ses citoyens.

euronews :
La France a-t-elle déjà exprimé sa volonté d’apporter une telle aide ?

Alnaha Bint Djaddi Oueld Meknes :
Nous sommes prêts à travailler avec tous les pays qui expriment leur volonté de collaborer avec la Mauritanie.

euronews :
Nous savons que la Mauritanie a connu des attentats terroristes ces derniers temps. Y a-t-il une sorte de forme de coopération entre la Mauritanie et la France dans ce domaine spécifiquement ?

Alnaha Bint Djaddi Oueld Meknes :
Je voudrais attirer l’attention d’abord sur le fait qu’il n’ y a pas de bases d’entraînement de terroristes sur le sol mauritanien ; il n’y a pas non plus de cellules terroristes. En revanche, il y a des personnes qui s’infiltrent en provenance des pays limitrophes, et nous nous efforçons de mettre un terme à ce phénomène dangereux. Nous sommes prêts à coopérer avec tous les Etats qui veulent aider la Mauritanie et les pays concernés pour garantir la sécurité de tous les ressortisants.

euronews :
Après la guerre de Gaza, le président mauritanien a fermé l’ambassade israélienne à Nouakchott.
Avez-vous l’intention de la rouvrir ?

Alnaha Bint Djaddi Oueld Meknes :
La priorité du gouvernent et du président mauritanien est l’amélioration de niveau de vie de nos concitoyens. Les autres dossiers seront traités au moment opportun.

euronews :
La Mauritanie est un point de passage pour l’immigration clandestine vers l’Europe. Cette question préoccupe beaucoup les Européens, notamment les Français et les Espagnols. On sait par ailleurs que l’Italie a signé des conventions avec la Libye, sur ce sujet. Alors, la Mauritanie a-t-elle des conventions avec l’Europe ou fait-elle des efforts pour contenir cette immigration clandestine ?

Alnaha Bint Djaddi Oueld Meknes :
Même s’il y a des conventions avec des pays pour contenir le phénomène de l’immigration clandestine, je pense que la solution à ce problème est de lutter contre la pauvreté et l’ignorance.
S’il y a de réels efforts dans la lutte contre la pauvreté, alors nous sommes sûrs que l’immigration clandestine diminuera un jour.

euronews :
Une dernière question qui vous concerne personnellement : vous êtes la première femme dans le monde arabe, à être ministre des Affaires étrangères. La Mauritanie est pionnière dans ce domaine. Pensez-vous que votre nomination répond à la volonté du chef de l’Etat d’oeuvrer à l‘émancipation de la femme mauritanienne, ou bien est-ce parce votre père a occupé le poste de chef de la diplomatie pendant longtemps ?

Alnaha Bint Djaddi Oueld Meknes :
Je suis fière du parcours politique qu’a effectué mon père pour le bien du pays, et je vois ma nomination comme un geste envers la femme mauritanienne afin de l’intégrer dans la société. Je rappelle que les femmes constituent environ 52% de la population totale du pays.

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Mauritanie-France : Aziz boycotte Kouchner


Mauritanie-France : Aziz boycotte KouchnerMauritanie-France : Aziz boycotte Kouchner© AFP

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz est attendu pour sa première visite officielle en France ce lundi 26 octobre à 15h15. Il séjournera à l’hôtel Meurice. Il sera accueilli par le ministre délégué à la Coopération, Alain Joyandet.

Reçu à l’Elysée le mardi 27 à 18h30 par Nicolas Sarkozy, le général Aziz devait être, dans la soirée, l’hôte d’un dîner offert au Quai d’Orsay par le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. C’est tout du moins ce qui avait été convenu, lors de la visite préparatoire que l’homme d’affaires Mohamed Bouamatou, émissaire d’Aziz, a effectué à Paris au cours de la semaine du 12 octobre. Ce rendez-vous figurait aussi sur les agendas respectifs de Kouchner et de Joyandet rendus publics le 23 octobre.

Las. Le lendemain, samedi 24 octobre, depuis Nouakchott, le Président mauritanien a pris la décision d’annuler sa participation à ce dîner, sans plus d’explications (mais ses relations délicates avec Bernard Kouchner depuis sa prise de pouvoir doivent y être pour quelque chose).

En lieu et place, ce même mardi soir, Aziz et son épouse dîneront donc en petit comité avec le ministre Joyandet et madame, l’avocat Robert Bourgi et madame et…Claude Guéant, le Secrétaire général de l’Elysée.

Jeune Afrique | François Soudan

dimanche 25 octobre 2009

Le président Abdel Aziz en visite en France


Le président mauritanien Mohamed ould Abdel Aziz, le 19 juillet 2009.(Photo : AFP)

Le président mauritanien Mohamed ould Abdel Aziz, le 19 juillet 2009.
(Photo : AFP)

Le président mauritanien, Mohamed ould Abdel Aziz, débute ce mardi sa première visite officielle en France depuis son élection le 18 juillet dernier et son arrivée au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat en août 2008. Mohamed ould Abdel Aziz doit rencontrer son homologue français, le président Nicolas Sarkozy. Il devrait aussi être reçu par le Premier Ministre François Fillon, par le ministre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner et par le secrétaire d’Etat chargé de la Coopération, Alain Joyandet. Sa visite doit s’achever mercredi soir.

La première visite en France pour le président Abdel Aziz, moins de trois mois après son investiture, cette rencontre officielle prouve – si besoin est – que les relations entre Paris et Nouakchott sont à nouveau au beau fixe.

Après le coup d’Etat d’août 2008, la Mauritanie a traversé une longue période d’isolement diplomatique et économique. Les auteurs du coup d’Etat et leurs proches étaient alors officiellement persona non grata en France.

« Le but premier de cette rencontre parisienne est donc de renouer le contact, de rattraper le temps perdu », confie même le Premier ministre mauritanien. La relance de la coopération bilatérale sera bien-sûr au cœur des discussions, comme le confirme la présence à Paris du ministre mauritanien des Finances.

Autre grand dossier : celui de la sécurité au Sahel. « La coopération en matière de lutte contre le terrorisme doit être prochainement renforcée à travers des programmes de formation et de partage d’informations », confirme encore le Premier ministre.

Difficile de savoir si des choses concrètes ressortiront de cette première visite, si des contrats spécifiques seront signés. Les deux parties souhaitent en tout cas impulser une nouvelle dynamique politique dans leurs relations, effacer le tableau noir et tout reprendre à zéro.

jeudi 22 octobre 2009

« Dès que mes enfants iront mieux, je rentrerai au village »


Photo: Anne Isabelle Leclercq/IRIN
C'est au centre de santé de Dar Naim qu'Adama a amené ses jumelles et son dernier-né, qui souffrent tous de malnutrition
NOUAKCHOTT, 22 octobre 2009 (IRIN) - Adama Ndiaye, 20 ans, est originaire de la région de Kaédi, dans le sud de la Mauritanie, l’une des régions les plus touchées par la malnutrition. Après avoir perdu ses deux premiers enfants, elle a décidé de se rendre à Nouakchott, la capitale, pour faire soigner ses jumelles et son dernier-né qui souffrent de malnutrition.

« Mes jumelles ont [21 mois], et mon bébé a un mois. J’ai eu deux enfants avant eux, un premier qui est mort à l’âge d’un an, puis un autre qui a vécu un mois et demi. Ils étaient malades, ils avaient de la fièvre et refusaient de téter, puis ils sont décédés [de complications liées à la malnutrition].

« Mon mari est agriculteur [près de Kaédi], il cultive du mil et des arachides. Parfois, on a de quoi manger, mais d’autres fois, les oiseaux mangent les semences et rien ne pousse. Dans la région, la plupart des gens ne mangent qu’une fois par jour, moi aussi.

« Comme je ne mangeais pas beaucoup, je n’avais pas assez de lait pour les jumelles. [Peu après leur naissance], elles n’allaient pas bien, alors j’ai décidé de venir à Nouakchott pour les faire soigner. Je les amenais tous les jours au centre de Dar Naim [centre de santé d’un quartier de Nouakchott géré par l’Etat, qui prend en charge la malnutrition avec le soutien de donateurs, comme le Fonds des Nations Unies pour l’enfance].

« Au bout de six mois, mes jumelles avaient bien récupéré alors je suis repartie chez mon mari. Je suis retombée enceinte. Mais les jumelles ont recommencé à tomber malade, alors je suis revenue à Nouakchott. Cela fait cinq mois maintenant que je suis là, je loge chez des [proches]. Je viens presque tous les jours au centre. Les jumelles reçoivent de la bouillie de riz, poisson et légumes, et le petit du lait [maternisé].

« Dès que mes enfants iront mieux, je rentrerai au village. Je suis seulement venue les faire soigner, mais je ne veux pas rester ici, je veux rentrer chez moi, en brousse. Pour les enfants, on se débrouillera, avec mon mari ».

lundi 19 octobre 2009

Les personnes séropositives exhortent les donateurs à ne pas les abandonner


Photo: IRIN
Les activités de prévention et de sensibilisation sont à l'arrêt depuis la suspension des financements Fonds mondial et Banque mondiale (photo d'archives)
NOUAKCHOTT, 19 octobre 2009 (PlusNews) - Plusieurs associations de personnes vivant avec le VIH ont fait part de leur désarroi suite à la suspension des financements VIH/SIDA de la Banque mondiale, puis du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, des décisions face auxquelles elles se sentent impuissantes mais dont elles subissent les conséquences.

[Cet article est le premier d'une série sur la Mauritanie]

Le 14 octobre, des dizaines de personnes vivant avec le VIH ont organisé un sit-in devant les locaux de la Banque mondiale à Nouakchott, la capitale mauritanienne, pour attirer l’attention de l’institution et de la communauté internationale sur leur situation.

« En suspendant leurs programmes sans nous consulter, les bailleurs de fonds n’ont pas pris en compte notre détresse », a dit à IRIN/PlusNews Fatimata Ball, point focal des personnes vivant avec le VIH auprès du Secrétariat exécutif du Comité national de lutte contre le sida (SENLS), l’organe gouvernemental chargé de la gestion des financements Fonds mondial et Banque mondiale.

« Ce ne sont pas nous, les personnes vivant avec le VIH, qui avons causé des problèmes, alors pourquoi devrions-nous en payer les conséquences ? », a-t-elle ajouté. « Si les bailleurs donnent des millions à la Mauritanie, c’est parce que nous sommes un pays pauvre. Ils sont venus nous apporter l’espoir d’une seconde vie à un moment où on ne pouvait même pas l’espérer, ils ne doivent pas nous lâcher ».

Le financement VIH/SIDA de la Banque mondiale, d'un montant de 21 millions de dollars prévu au départ jusqu'en 2009, a été suspendu en août 2008, suite au coup d’Etat perpétré contre le président élu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.

Peu de temps après, le Fonds mondial a à son tour suspendu sa subvention VIH/SIDA accordée en 2006 pour un montant de plus de 15 millions de dollars sur cinq ans, suite à des soupçons d’irrégularités dans la gestion de ces financements. Un audit a confirmé ces « malversations » en septembre 2009, ce qui a poussé la Banque mondiale à lancer également un audit approfondi de ses financements, actuellement en cours.

Conformément aux conditions posées par le Fonds mondial pour la reprise de ses financements, le nouveau gouvernement, nommé en septembre à la suite des élections présidentielles de juin, a lancé des poursuites judiciaires contre quatre responsables du SENLS soupçonnés d’être impliqués dans les malversations. L’Etat a également promis de rembourser 1,7 million de dollars au Fonds mondial et de fournir toutes les pièces justificatives de l’utilisation de plus de deux autres millions de dollars. Enfin, il s’est engagé à restructurer l’Instance de coordination nationale (CCM, en anglais), l’organe de gestion des financements Fonds mondial au niveau de chaque pays, dont la faiblesse est considérée comme l’une des causes du problème rencontré aujourd’hui.

Des engagements

« Ce ne sont pas nous, les personnes vivant avec le VIH, qui avons causé des problèmes, alors pourquoi devrions-nous en payer les conséquences ? »
Reconnaissant les problèmes des derniers mois, le SENLS a assuré de la volonté du nouveau gouvernement de régler la situation au plus vite. « L’Etat a pris des engagements très forts pour assainir la situation, nous avons nous-mêmes demandé à l’Inspection générale de l’Etat de mener des audits, ils sont en cours », a dit à IRIN/PlusNews le docteur Ahmed Aida, Secrétaire exécutif national par intérim du SENLS, nommé récemment.

« Des mesures correctives ont été prises pour que la suite se passe mieux, il faut [que les partenaires] nous accompagnent », a-t-il plaidé.

En attendant, le SENLS s’est voulu rassurant sur la question de la prise en charge médicale. « Le gouvernement est prêt à prendre en charge les traitements », a assuré M. Aida. L’accès au traitement est en principe garanti par une loi, votée en 2007.

Le Fonds mondial a dit avoir noté l’engagement du gouvernement, et faire son possible pour limiter l’impact des suspensions sur les personnes vivant avec le VIH. « Nous sommes engagés à 100 pour cent pour qu’il n’y ait pas de rupture de traitement [pour les patients déjà sous antirétroviraux, ARV], et nous ferons tout ce que nous pourrons pour que la subvention [continue] », a dit à IRIN/PlusNews, par téléphone, Jon Lidén, responsable de la communication du Fonds mondial à Genève.

« La corruption rend la situation difficile, mais le Fonds mondial est très engagé sur le long terme pour trouver un moyen de fournir des [services VIH/SIDA] d’une manière sûre et prévisible, et de les étendre comme cela était prévu », a-t-il ajouté.

De son côté, la Banque mondiale a réaffirmé à la fois sa volonté d’éclaircir la situation au plus vite, mais aussi sa disponibilité à aider les personnes vivant avec le VIH à surmonter cette crise. « Nous sommes conscients de l’urgence, nous continuons à nous occuper des malades », a dit à IRIN/PlusNews François Rantrua, représentant résident de la Banque mondiale en Mauritanie. En ce qui concerne la prise en charge de nouveaux patients, « nous sommes en bonne voie de trouver une solution pour un appui financier à très court terme », a-t-il ajouté.

Car si la suspension des programmes VIH/SIDA financés par le Fonds mondial ne concerne pas les patients déjà sous ARV avant la découverte des irrégularités – un peu plus d’un millier de personnes qui continuent à recevoir leurs médicaments -, en revanche, aucun nouveau patient n’a pu être inclus dans le programme de traitement, soit une quarantaine de personnes supplémentaires chaque mois.

Par ailleurs, les autres activités de lutte contre le sida financées dans le cadre de ces programmes sont aujourd’hui à l’arrêt, notamment la prévention et le soutien aux personnes vivant avec le virus.

« Nous ne sommes pas contre le fait que [les bailleurs de fonds] viennent fouiller dans [les comptes] parce que cela permet de sécuriser nos vies », a dit Mme Ball. « Mais ce qui nous blesse, c’est l’arrêt brutal. Si nous avions été prévenus, nous aurions pu nous mobiliser pour chercher d’autres solutions. Nous souffrons déjà du sida, nous ne voulons pas être en plus victimes des procédures ».