jeudi 22 octobre 2009

« Dès que mes enfants iront mieux, je rentrerai au village »


Photo: Anne Isabelle Leclercq/IRIN
C'est au centre de santé de Dar Naim qu'Adama a amené ses jumelles et son dernier-né, qui souffrent tous de malnutrition
NOUAKCHOTT, 22 octobre 2009 (IRIN) - Adama Ndiaye, 20 ans, est originaire de la région de Kaédi, dans le sud de la Mauritanie, l’une des régions les plus touchées par la malnutrition. Après avoir perdu ses deux premiers enfants, elle a décidé de se rendre à Nouakchott, la capitale, pour faire soigner ses jumelles et son dernier-né qui souffrent de malnutrition.

« Mes jumelles ont [21 mois], et mon bébé a un mois. J’ai eu deux enfants avant eux, un premier qui est mort à l’âge d’un an, puis un autre qui a vécu un mois et demi. Ils étaient malades, ils avaient de la fièvre et refusaient de téter, puis ils sont décédés [de complications liées à la malnutrition].

« Mon mari est agriculteur [près de Kaédi], il cultive du mil et des arachides. Parfois, on a de quoi manger, mais d’autres fois, les oiseaux mangent les semences et rien ne pousse. Dans la région, la plupart des gens ne mangent qu’une fois par jour, moi aussi.

« Comme je ne mangeais pas beaucoup, je n’avais pas assez de lait pour les jumelles. [Peu après leur naissance], elles n’allaient pas bien, alors j’ai décidé de venir à Nouakchott pour les faire soigner. Je les amenais tous les jours au centre de Dar Naim [centre de santé d’un quartier de Nouakchott géré par l’Etat, qui prend en charge la malnutrition avec le soutien de donateurs, comme le Fonds des Nations Unies pour l’enfance].

« Au bout de six mois, mes jumelles avaient bien récupéré alors je suis repartie chez mon mari. Je suis retombée enceinte. Mais les jumelles ont recommencé à tomber malade, alors je suis revenue à Nouakchott. Cela fait cinq mois maintenant que je suis là, je loge chez des [proches]. Je viens presque tous les jours au centre. Les jumelles reçoivent de la bouillie de riz, poisson et légumes, et le petit du lait [maternisé].

« Dès que mes enfants iront mieux, je rentrerai au village. Je suis seulement venue les faire soigner, mais je ne veux pas rester ici, je veux rentrer chez moi, en brousse. Pour les enfants, on se débrouillera, avec mon mari ».