dimanche 9 janvier 2011

Les deux Français enlevés au Niger ont été tués

Les deux Français enlevés vendredi soir à Niamey ont été retrouvés morts, ont indiqué samedi 8 janvier des sources sécuritaires nigériennes. Une information confirmée peu après par le ministre de la défense Alain Juppé, qui précise qu'ils ont trouvé la mort au cours d'une opération militaire menée par la garde nationale nigérienne et coordonnée par des militaires français à la frontière du Mali.


Dans un communiqué diffusé par ses services, Alain Juppé précise que les deux Français avaient été enlevés vendredi soir "par quatre hommes armés alors qu'ils dînaient au restaurant". "Le groupe a été immédiatement pris en chasse par la garde nationale nigérienne pour lui interdire de rejoindre une zone refuge, ce qui constituait une menace grave pour nos otages", a-t-il ajouté.

LA FRANCE "REMERCIE" LE NIGER

"Après un accrochage dans la nuit au cours duquel le chef de détachement de la garde nationale nigérienne a été blessé, les terroristes ont poursuivi leur progression en direction du Mali". "Alors qu'ils se trouvaient dans la zone frontalière, l'opération engagée, coordonnée avec des éléments français présents dans la région, a permis à ces derniers d'intercepter les terroristes à la frontière avec le Mali et de neutraliser certains d'entre eux", a poursuivi le ministre. "A l'issue de cette action, les corps des deux otages ont été découverts sans vie", a-t-il ajouté.

Dans son communiqué, le ministre souligne que les "autorités françaises remercient les autorités nigériennes pour leur détermination à lutter contre le terrorisme et saluent leur courage pour libérer nos deux compatriotes". "Elles leur assurent la volonté de la France à les y aider et réaffirment toute la détermination de la France à ne pas céder au chantage et à tenir en échec les terroristes".

L'armée nigérienne, qui avait décidé de prendre en chasse les ravisseurs, avait peu auparavant annoncé qu'elle avait "encerclé" les preneurs d'otages. "Nous sommes optimistes", avait déclaré en fin de journée le porte-parole du gouvernement nigérien, Mahaman Laoualy Dan Dah : "Nos hommes se sont rapprochés de leur position, ils les ont encerclés". Quelques heures plus tôt, une fusillade avait éclaté entre les forces de sécurité nigériennes et les ravisseurs vers Ouallam, près de la frontière avec le Mali, à 160 km au nord-ouest de Niamey.



"TOI ET TOI, SUIVEZ-NOUS !"


Devant le restaurant Le Toulousain, à Niamey, où deux Français ont été enlevés, vendredi 7 janvier.AFP/Boureima HAMA
Les deux hommes, dont l'un allait épouser la semaine prochaine une Nigérienne, ont été kidnappés vendredi soir dans un restaurant de Niamey par des inconnus "enturbannés et armés", qui "avaient la peau claire et parlaient l'arabe", selon des témoins. Ils se trouvaient au restaurant "Le Toulousain", dans le centre-ville de la capitale, lorsque les ravisseurs ont fait irruption et les ont contraint à les suivre, a raconté un membre du personnel.

Selon le gérant du restaurant, Soumaïla Kima, l'un des Français est un "client régulier, résidant à Niamey" et travaillant pour une ONG. L'autre otage est l'un de ses amis, arrivé le soir même pour assister à son mariage le 15 janvier, a-t-il indiqué.

D'après un client français présent, les ravisseurs "avaient l'air de savoir qui ils étaient venus prendre". "Quand ils sont entrés, ils sont tombés sur les deux Français et ils ont crié : 'Toi et toi, suivez-nous !'. Dans la précipitation, un des assaillants a perdu son turban", a raconté un client présent dans le restaurant au moments de faits.

Les deux Français, Antoine De Léocour et Vincent Delory, tous deux âgés de 25 ans, étaient originaires de la même petite ville du nord de la France, Linselles, a-t-on appris auprès du député de la région Christian Vanneste.

LES SOUPÇONS PORTENT SUR AQMI

Le porte-parole du gouvernement nigérien a déclaré ne pas être en mesure de donner l'identité des assaillants, alors que les soupçons se portent sur Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) qui opère dans la bande sahélo-saharienne aux confins du Niger, du Mali, de l'Algérie et de la Mauritanie.

Cet enlèvement et l'attaque de l'ambassade de France à Bamako portent, pour la première fois, la menace islamiste jusqu'au coeur de capitales réputées sûres de pays amis et posent la question de la sécurité et du maintien des Français dans cette région du Sahel.

La France tente actuellement d'obtenir la libération de cinq Français, retenus en otage au nord du Niger depuis septembre par AQMI. Le 1er décembre, la ministre des affaires étrangères Michèle Alliot-Marie avait déclaré que ces otages, pour l'essentiel des collaborateurs des groupes français Areva et Satom, étaient toujours en vie, au vu des dernières informations dont la France disposait. Le groupe islamiste avait annoncé en juillet l'exécution d'un autre otage français, l'humanitaire Michel Germaneau, dont le corps n'a jamais été retrouvé.

LeMonde.fr avec AFP et Reuters