mercredi 5 janvier 2011

Ouverture du procès de six militants antiesclavagistes


NOUAKCHOTT - Le tribunal correctionnel de Nouakchott a débuté mercredi le procès de six militants antiesclavagistes mauritaniens, inculpés d'"agression contre la police" à la suite d'une manifestation dénonçant un cas d'esclavage sur deux mineures.

Les six prévenus, qui plaident non coupables, appartiennent à l'ONG Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) en Mauritanie, un pays où l'esclavage est officiellement aboli depuis 1981.
Ils avaient été arrêtés le 13 décembre à la suite d'une manifestation dénonçant des pratiques présumées esclavagistes contre deux filles, âgées de 10 et 14 ans.
Les adolescentes avaient nié être esclaves. Mais la femme chez qui elles vivaient a été inculpée pour "exploitation de mineurs" et placée sous contrôle judiciaire en attendant son jugement.
Les militants avaient été placés en détention provisoire pour "rassemblement non autorisé, agression contre les forces de l'ordre et direction d'une association non reconnue".
"Je suis jugé pour mon combat contre l'esclavage en Mauritanie que les autorités ont toujours essayé de cacher. Elles ont toujours intimidé les militants des causes justes antiesclavagistes", a déclaré devant le tribunal le dirigeant de l'ONG, Biram Ould Abeid, qui a promis de continuer ce "combat" une fois sa liberté recouvrée.
La défense avait, à l'ouverture du procès, estimé que le tribunal était incompétent pour cette affaire qui, selon elle, "entre dans le cadre d'une dénonciation d'un crime d'esclavage et non d'une attaque contre la police".
Le parquet avait rejeté ces arguments en faisant valoir que "l'affaire de présumés esclaves était indépendante du dossier des anti esclavagistes, ceux-ci étant jugés pour agression contre la police".
Dans un communiqué publié fin décembre à Paris et Genève, l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme a estimé que les six militants sont victimes d'un "harcèlement judiciaire" ne visant "qu'à sanctionner leurs activités en faveur des droits de l'Homme et de la lutte contre l'esclavage en Mauritanie".
L'audience a été suspendue mercredi. Le jugement était attendu jeudi.


AFP