samedi 13 juin 2009

Déclaration à propos de l'Accord cadre de Dakar

Intervenu après dix longs mois de crise, de tourmentes et d’affrontements douloureux, l’accord auquel sont parvenus à Dakar les partenaires politiques dans notre pays constitue un élément annonciateur d’un temps nouveau que les mauritaniens souhaitent vivement être celui de l’entente et de la réconciliation. 

 

 Consciente de ce fait, l’Initiative citoyenne pour le Changement (ICC), tout en félicitant  les trois parties signataires de cet accord salutaire, rend un hommage bien mérité à la communauté internationale qui a su encadrer jusqu’à son dénouement heureux  le  tortueux et délicat  processus de négociations.

 

L’Initiative Citoyenne pour le Changement nourrit l’espoir de voir cet accord érigé en feuille de route débouchant sur des élections présidentielles transparentes et honnêtes, ce qui implique nécessairement la bonne volonté, le respect rigoureux des clauses de l’accord par les différents partenaires politiques, et requiert un arbitrage et un suivi régulier de la part de la communauté internationale.  C’est précisément de cette perspective que l’Initiative se fait un devoir d’attirer l’attention de toutes les parties sur le fait que des problèmes complexes et des obstacles inédits ne manqueront pas de surgir en grand nombre sur la voie de l’application concrète et responsable de l’accord trouvé à Dakar. Pour prévenir ces difficultés et aplanir ces obstacles, il est indispensable de mettre en œuvre des mécanismes adéquats de concertation et de coordination, et de faire constamment preuve d’esprit patriotique, de loyauté et de sincérité en plaçant à chaque moment le sort et le devenir du pays au dessus de toute autre considération.

 

En se félicitant de l’avènement de ce contrat de réconciliation nationale, l’Initiative Citoyenne pour le Changement rappelle que son engagement pour  la réforme démocratique  en Mauritanie est resté constant et qu’il a toujours constitué le seul axe de son action, depuis sa fondation en 2006. Maintes fois exprimée et réitérée à de nombreuses occasions, la vision qui sou tend cet engagement a fait, récemment encore, l’objet d’un document de référence contenant des propositions essentielles pour une refondation de notre système politique marqué par des déséquilibres institutionnels et juridiques graves et porteurs de risques réels. Une telle reforme est d’autant plus nécessaire que ces déséquilibres institutionnels nous semblent être la source des crises périodiques qui secouent le pays depuis son accession à l’indépendance. Aussi, l’Initiative Citoyenne pour le Changement interpelle-t-elle tous les candidats aux prochaines échéances présidentielles et l’ensemble des acteurs politiques nationaux et les exhorte à œuvrer pour être en mesure à affronter les défis persistants qui planent sur la scène nationale. Ils doivent en particulier s’atteler à relever impérativement trois défis   prioritaires :

 

1- Garantir la transparence et la crédibilité du scrutin par la mise en œuvre des instruments juridiques et réglementaires prévus à cet effet, notamment à travers la neutralité rigoureuse de l’administration publique et l’accomplissement par la commission électorale nationale indépendante (CENI) de son rôle de contrôle dans toute sa plénitude, car ainsi seulement sera garantie la validité du scrutin et du même coup son corollaire, la reconnaissance par les concurrents des résultats sortis des urnes. Les nombreuses expériences locales et extérieures sont à ce sujet édifiantes et prouvent amplement que les scrutins mal organisés mènent droit aux dérapages politiques et à toutes sortes de conflits civils aigus.

 

2- S’en tenir fermement aux principes et valeurs de citoyenneté constituant le socle de l’unité nationale et le fondement du pacte social, qui est seul à même de transcender les particularismes sectaires, les dérives communautaires et les filiations partisanes étroites. Il est vital pour le pays que la pluralité politique s’opère non pas sur la base de clivages à caractère tribal, ethnique ou régional funestes à la cohésion de la Nation, mais sur une saine floraison de programmes politiques et de projets de société.

 

3- Préparer d’ores et déjà de façon efficace et constructive la période post électorale et se prémunir contre les difficultés qu’elle engendrera en cultivant et en consolidant l’esprit de consensus et de gestion transparente concertée de la chose publique. La nécessaire réforme de notre système politique à travers une révision globale de la Constitution et de ses lois annexes devra, elle aussi, s’inscrire dans la même logique et se donner pour objectif la consolidation des libertés publiques, l’instauration d’un véritable contrôle citoyen et la systématisation de la lutte contre toutes les formes de gabegie.

 

 

Nouakchott le 14 juin 2009

INITIATIVE CITOYENNE POUR LE CHANGEMENT