mercredi 3 juin 2009

Satisfaction après le report de la présidentielle mauritanienne

NOUAKCHOTT - Des instances internationales et des hommes politiques mauritaniens ont salué mercredi la décision de la junte de reporter l'élection présidentielle du 6 juin au 18 juillet et de mettre en place une administration provisoire pour sortir de l'impasse politique.

La formation d'un gouvernement de transition et une plus large participation au scrutin reporté sont considérés comme de premiers pas vers une sortie de l'isolement dans lequel se trouve la Mauritanie depuis le renversement, en août dernier, du premier chef d'Etat librement élu par le général Mohamed Ould Abdel Aziz.

Les partis d'opposition mauritaniens avaient rejeté la date du 6 juin parce qu'elle avait été imposée sans consultation par la junte. Des diplomates et des observateurs estimaient qu'un scrutin boycotté par l'opposition ne représenterait pas un retour à l'ordre constitutionnel réclamé par la communauté internationale.

Dans le cadre d'un accord conclu à Dakar, un gouvernement de transition dont les 26 postes seront répartis à parts égales entre des personnalités désignées par la junte et des hommes politiques d'opposition sera formé.

"C'est une sortie honorable de la crise qui met en place un cadre politique", a relevé un diplomate occidental.

Dans le cadre de l'accord conclu mardi soir dans la capitale sénégalaise, l'Union africaine, l'Onu, l'Union européenne et d'autres instances internationales se sont déclarées prêtes à apporter leur aide pour le scrutin du 18 juillet qui sera suivi, si nécessaire, d'un second tour le 1er août.

"ÉLECTION OUVERTE"

"Le délai est très court et il faut espérer que les dirigeants continueront de faire preuve de leur intention de respecter le calendrier", a remarqué le diplomate occidental.

La communauté internationale a critiqué le putsch d'Abdel Aziz. L'UA a imposé des sanctions en février et l'UE a annoncé en avril qu'elle ne pouvait coopérer avec un gouvernement militaire et qu'elle suspendrait son aide pendant deux ans.

En parvenant à un accord sous l'égide du président sénégalais Abdoulaye Wade, les dirigeants politiques mauritaniens ont manifesté leur intention d'assurer le retour rapide à l'ordre constitutionnel, s'est réjouie dans un communiqué la France, ancienne puissance coloniale.

Bien qu'ils ne l'aient pas encore confirmé, il semble que les partis d'opposition soient désormais prêts à participer au scrutin reprogrammé.

"Le parti se réunira avant de prendre une décision", a répondu Ahmed Ould Daddah, président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) à des journalistes qui lui demandaient si son parti désignerait un candidat.

Le Front national pour la Défense de la Démocratie, une coalition opposée à la junte représentée aux discussions de Dakar par Mohamed Ould Maouloud, a laissé entendre qu'elle était prête à participer à l'élection.

"Présenter un candidat du FNDD n'est pas notre priorité essentielle, mais en même temps, c'est un souhait personnel qu'il y ait un candidat", a-t-il dit.

Les observateurs s'attendaient à ce qu'en cas de scrutin le 6 juin, Abdel Aziz remporte la victoire en l'absence d'opposition sérieuse, mais ses partisans espèrent que sa décision de reporter l'élection jouera en sa faveur.

"L'élection est ouverte et cela ne nous fait pas peur", a déclaré Mohamed Ali Cherif, membre du parlement et partisan d'Abdel Aziz. "Aziz a montré sa capacité d'ouverture et d'écoute, ce qui est tout à son avantage".