lundi 10 août 2009

Mauritanie - La France visée pour son soutien à la lutte antiterroriste

Paris a estimé dimanche que l’attentat suicide de samedi à proximité de l’ambassade française était sans doute lié à la totale adhésion de la France à la politique du président Aziz, qui souhaite s’attaquer fermement à la nébuleuse islamiste.
« L’attentat pour l’instant n’a pas été revendiqué. Je crois qu’il est surtout en relation avec l’élection du président Aziz, qui a indiqué mercredi dernier dans son discours d’investiture être déterminé à s’attaquer, et sans ménager ses efforts, à al-Qaida », a déclaré dimanche le secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet. « Evidemment, la France s’est réjouie de cette position, donc dire que la France est visée, on ne peut pas dire le contraire », a-t-il ajouté. Alain Joyandet s’est néanmoins voulu rassurant à l’égard des ressortissants français résidant en Mauritanie, estimant que ces derniers ne devaient pas avoir d’« inquiétude particulière », puisque l’attaque suicide restait un acte isolé, en outre non revendiqué pour l’heure. Samedi, un jeune kamikaze mauritanien s’était tué en actionnant sa ceinture d’explosifs près de l’ambassade de France à Nouakchott, blessant légèrement deux gendarmes mobiles français et une habitante de la ville. Les deux hommes avaient été déployés en renfort à la protection de l’ambassade le temps de travaux de sécurisation du site. Ils terminaient une séance de sport et regagnaient l’ambassade en courant lorsque le souffle de l’explosion les a balayés. Ils ont été conduits à l’hôpital en observation. Selon une source hospitalière à Nouakchott, l’un des deux gendarmes a été soigné « pour une blessure à la poitrine pas très grave ». Ces hommes auraient en revanche été très choqués psychologiquement par l’attaque.

Premier attentat kamikaze

La Mauritanie, qui n’avait jamais connu d’attentat suicide à ce jour, est la cible depuis environ deux ans d’attaques de la branche maghrébine d’al-Qaida(AQMI), implantée en Algérie, mais qui tente d’étendre ses actions au Sahel. Le parquet antiterroriste de Paris a aussitôt ouvert une enquête de flagrance, a-t-on appris hier de source judiciaire. Elle a été confiée à la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur, fusion de l’ex-DST et des Renseignement généraux). Des actions de ce type sont régulièrement menées quand des Français sont victimes de faits terroristes à l’étranger. Par exemple, en décembre 2007, une enquête préliminaire avait été ouverte par le parquet antiterroriste de Paris à la suite du meurtre de quatre Français près d’Aleg, toujours en Mauritanie. Ces simples touristes avaient été tués par trois terroristes mauritaniens présumés proches du groupe al-Qaida au Maghreb islamique. La France a condamné hier « avec la plus grande fermeté » l’attentat. Elle a réaffirmé son soutien aux nouvelles autorités mauritaniennes dans leur lutte contre le terrorisme.
Romain Bourg, le lundi 10 août 2009