vendredi 21 août 2009

Mauritanie: RSF dénonce la condamnation d'un journaliste à 6 mois de prison

DAKAR — Reporters sans frontières (RSF) a "fermement condamné" la décision d'un tribunal de Nouakchott "d'infliger six mois de prison" au journaliste mauritanien Hanevy Ould Dehah, directeur de publication du site Taqadoumy pour "atteinte aux bonnes moeurs".

Ecroué depuis deux mois, Hanevy Ould Dehah a en outre été condamné mercredi au paiement de 51.000 ouguiyas (142 euros) d'amende et de frais de dossier.

Selon le jugement du tribunal de la wilaya de Nouakchott, dont Reporters sans frontières détient une copie, le journaliste a été relaxé des accusations de "diffamation", "d'incitation à la rébellion" et "d'incitation à la commission des crimes et délits" pour "cause d'absence de textes exécutoires et applicables aux délits commis par voie de presse électronique."

RSF rappelle que le journaliste avait été arrêté le 18 juin suite à une plainte déposée le 22 mai par le candidat à l'élection présidentielle Ibrahima Moctar Sarr, du parti d'opposition AJD/MR (l'Alliance pour la justice et la démocratie/Mouvement pour la rénovation). Dans un communiqué, cette formation avait reproché au journaliste d'avoir "sali", dans un article, "l'image d'homme politique intègre et honnête" de M. Sarr.

"Cette condamnation est disproportionnée et vise simplement à rétablir la +bonne+ réputation de l'homme politique Ibrahima Moctar Sarr mis en cause par le webjournaliste. Nous espérons que la justice infirmera son jugement en appel et que le journaliste retrouvera bientôt la liberté", écrit l'organisation basée à Paris.

L'avocat du journaliste, Me Brahim Ould Ebetty, avait assuré jeudi à l'AFP que la condamnation pour atteinte aux bonnes moeurs concernait "une page débat réservée par Taqadoumy aux moeurs et notamment à l'éducation sexuelle".

Très controversé en Mauritanie, le site Taqadoumy critique de façon virulente, depuis le coup d'Etat du 6 août 2008, les militaires putschistes ainsi que d'autres personnalités, et se positionne clairement dans l'opposition au nouveau régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz.