dimanche 14 novembre 2010

La Mauritanie vend ses ressources minières, les "trésors cachés du désert"


NOUAKCHOTT — La Mauritanie qui dispose d'importantes ressources minières, veut doper ce secteur, son deuxième poste d'exportation après la pêche, en attirant les investisseurs étrangers malgré la menace d'Al-Qaïda dans le Nord qui abrite l'essentiel du potentiel minier du pays.
Une "conférence-exposition" internationale sur "les trésors cachés du désert", une première dans ce pays sahélien pauvre, aux trois quarts désertique, a pris fin jeudi.
Les mines sont un "secteur porteur" pour la Mauritanie qui va poursuivre une "politique libérale attractive des investissements extérieurs", a déclaré le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, à l'ouverture des travaux.
Quatre cents invités dont une quarantaine de sociétés internationales opérant dans le pays ont pris part à cette rencontre de trois jours qui a vanté les facilités accordées aux investisseurs dans le code minier.
"C'est un secteur attractif, à haut potentiel et qui peut constituer la première locomotive du développement de la Mauritanie", a affirmé à l'AFP un conseiller au ministère des mines, Ahmed Ould Taleb Ahmed.
Quelque 170 permis de recherche pour sept groupes de substances minérales ont été accordés à des investisseurs, surtout dans la zone Nord.
Les mines sont officiellement le deuxième produit d'exportation après la pêche, avec notamment le fer, le cuivre, l'or et le gypse qui contribuent à hauteur de 20% du produit intérieur brut (PIB).
Le fer occupe une place importante par le volume de sa production (12 millions de tonnes par an).
Le groupe minier suisse Xstrata, qui a pris le contrôle de l'Australien Sphere Minerals en Mauritanie, va prochainement investir environ 6 milliards de dollars dans la production du fer dans ce pays, a annoncé vendredi le ministre mauritanien des Mines, Mohamed Abdallahi Ould Oudaa.
Quant à l'or, il prend de l'importance avec un projet qui permettra prochainement à la Canadienne Kinross, en trois ans, de doubler sa production, actuellement de 250 onces d'or par an.
"Ces minerais peuvent être rattrapés, en termes d'importance, dans quelques années par l'uranium dont l'existence est confirmée dans l'extrême Nord, notamment à Bir En Nar. Nous pouvons parler aujourd'hui d'une véritable province uranifère, qui s'étend sur près de 500 km2, dans la région de la Dorsale R'Gueibatt", affirme Thiam Baidi, du ministère des Mines.
Une société canadienne, Forte Energy, a confirmé lors de cette exposition la découverte de 1,33 million de tonnes d'uranium à Bir En Nar (nord).
L'espoir suscité par les mines survient après la déception née du pétrole avec l'exploitation à partir de 2006 des gisements off shore de Chinguitty (ouest de Nouakchott): la production est tombée actuellement à moins de 10.000 barils/jour contre des prévisions initiales de 75.000 barils.
Mais cet attrait des mines intervient parallèlement à une intensification ces dernières années des activités d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en Mauritanie, dans le Nord particulièrement, avec des enlèvements et exécutions d'Occidentaux.
Cette menace, rarement évoquée, est cependant présente dans les esprits, selon des observateurs. "Les experts impliqués dans les explorations en Mauritanie n'ont jamais été concernés par les actes terroristes mais il n'en demeure pas moins que certains parmi eux paniquent à l'occasion d'enlèvements", estime Cheikh Ould Atigh, partenaire mauritanien de Forte Energy.
Le ministre mauritanien des mines, Mohamed Abdallahi Ould Oudaa, se veut rassurant: "Notre pays offre aux investisseurs la sécurité totale et un code des investissements suffisamment attractif pour les encourager à venir nombreux".