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jeudi 24 décembre 2009

Abou Hannas, le juge du désert

Abou Hannas, dans l'une de ses vidéos - El País.com

Abou Hannas, dans l'une de ses vidéos - El País.com

Le sort des six ressortissants français, espagnols et italiens capturés ces derniers jours dans la zone du Sahel pourrait dépendre d'un jeune imam mauritanien devenu la caution religieuse d'Al-Qaida au Maghreb islamique, avance le quotidien espagnol El País.

Les enlèvements de ressortissants européens se multiplient depuis un mois dans le Sahel. Aux rapts du Français Pierre Cammatte, le 25 novembre à Mékana, au Mali, et de trois humanitaires espagnols le 29 novembre dans le nord-ouest de la Mauritanie, revendiqués par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), est venue s'ajouter, le 19 décembre, la capture d'un couple d'Italiens dans le sud-est de la Mauritanie, près de la frontière malienne.

Concernant les trois Espagnols, leur sort est entre les mains d'un Mauritanien connu sous le nom d'Abou Hannas, croit savoir le quotidien El País. Cet homme, âgé d'une trentaine d'années, ancien imam passé à la lutte armée, est depuis quelques années le référent religieux d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), un groupe issu de l'alliance en 2006 des militants algériens du Groupe salafiste de prédication et de combat (GSPC) et de ceux du réseau d'Oussama Ben Laden. La nébuleuse AQMI est composée aujourd'hui, selon des sources des renseignements français et mauritaniens, de quatre brigades fortes de 300 hommes de sept nationalités différentes. "La forte expansion d'AQMI a obligé ses dirigeants à se doter d'un juge du désert qui puisse expliquer leurs décisions et les bénir", rapporte l'envoyé spécial du quotidien espagnol à Nouakchott, la capitale mauritanienne, sur la foi de sources proches des salafistes.

La gendarmerie mauritanienne attribue au juge du désert Abou Hannas la rédaction d'un document intitulé "Manuel sur les prisonniers étrangers", saisi lors d'une opération policière à Nouakchott. Ces quelques feuillets en arabe expliquent que faire avec les personnes enlevées et comment les traiter : s'il s'agit de femmes, les djihadistes sont autorisés à les prendre pour épouses, s'il s'agit de militaires, à les tuer et dans le cas de civils, ils doivent demander un échange de prisonniers ou une rançon.

Isabelle Lauze

samedi 19 décembre 2009

Disparition d'un couple d'Italiens, probablement enlevé

NOUAKCHOTT — Un couple d'Italiens qui se rendait en minibus au Burkina Faso est porté disparu depuis vendredi soir dans le sud-est de la Mauritanie, après avoir "très probablement" été enlevé, a indiqué samedi à l'AFP une source sécuritaire mauritanienne.

Cette annonce intervient près de trois semaines après l'enlèvement de trois ressortissants espagnols sur la route côtière Nouadhibou-Nouakchott (nord-ouest de la Mauritanie), revendiqué le 8 décembre par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

"Il s'agit d'un couple de voyageurs italiens, qui se rendait au Burkina Faso à bord d'un minibus immatriculé en Italie. Ils sont portés disparus depuis vendredi soir et ont très probablement été enlevés par un groupe armé", a annoncé une source sécuritaire, précisant que l'homme était "né en 1944 en Italie et son épouse, en 1970 au Burkina Faso".

A Bamako, une source diplomatique a clairement affirmé à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, qu'il s'agissait d'"un enlèvement par des individus armés".

"Un ressortissant italien et sa compagne ont été enlevés par des individus armés, vendredi, en Mauritanie, dans une zone qui fait frontière avec l'extrême ouest du Mali", a déclaré cette source diplomatique, selon laquelle "leur véhicule, leurs affaires et des objets de valeurs ont été retrouvés sur place".

La disparition s'est produite sur l'axe Aïoun (Mauritanie) - Kayes (Mali), dans le département mauritanien de Kobenni, près de la localité de N'Eissira, non loin de la frontière avec le Mali.

Selon des témoignages de voyageurs recueillis par une source proche des autorités locales, le véhicule a été retrouvé abandonné, au bord de la route, avec les pneus crevés et des impacts de balles.

Les forces mauritaniennes dans la région ont été placées en état d'alerte maximum, selon la source sécuritaire.

La Mauritanie, vaste pays aux trois quarts désertique peuplé de 3 millions d'habitants, a été très affectée, depuis 2007, par une série d'actions revendiquées par la branche maghrébine d'Al-Qaïda (Aqmi).

Les trois Espagnols enlevés le 29 novembre dans ce pays, ainsi qu'un Français capturé le 26 novembre dans la ville malienne de Ménaka (nord du Mali), seraient actuellement entre les mains d'Aqmi, dans une zone du Sahara située à la frontière entre Mali et Algérie, selon des sources sécuritaires maliennes.

jeudi 3 décembre 2009

Le Mali touché par la "menace globale" d'Al-Qaida

Les espaces du Sahara et du Sahel sont considérés désormais comme des zones dangereuses.

AP
Les espaces du Sahara et du Sahel sont considérés désormais comme des zones dangereuses.

Bamako Envoyé spécial | Philippe Bernard

Les immenses espaces du Sahara et du Sahel sont l'une des nouvelles zones dangereuses du monde. Islamistes et trafiquants en tous genres - drogue, armes, émigrés - s'y croisent et prospèrent en se protégeant mutuellement. L'Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Tchad ont été le théâtre d'enlèvements d'Occidentaux. Cette réalité s'étend désormais au Mali.

C'est pourtant loin de là, à 1 500 km au nord-est de la capitale, dans la localité de Ménaka, que la quiétude française a été brutalement rompue, dans la nuit du mercredi 25 au jeudi 26 novembre. Pierre Camatte, 61 ans, un retraité français qui se consacre à l'aide au développement du Nord-Mali, a été kidnappé dans le petit hôtel dont il assurait la gestion et où il avait élu domicile depuis des mois. Les ravisseurs se sont présentés à lui comme des clients.Plusieurs événements dans ce pays très vaste (un peu plus de deux fois la France) et pauvre, mais tranquille et accueillant, conduisent un haut responsable malien à évoquer une"menace globale" dans les régions du nord. Inquiètes, les autorités françaises évacuent les rares ressortissants présents dans ces zones désertiques et renforcent les mesures de sécurité, y compris à Bamako.

Ils ont agi peu après la coupure d'électricité qui, chaque nuit, permet de réduire la consommation du groupe électrogène. Mais ce ne sont probablement que des exécutants. Dans la région, ce type de "contrat" met en jeu des intermédiaires. Selon plusieurs sources, la nature du commanditaire ne fait guerre de doute : Pierre Camatte est entre les mains d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et détenu à très grande distance du lieu de son enlèvement.

L'enquête, menée par des services maliens mais aussi français, est entourée d'une compréhensible discrétion. Certes, les activités de M. Camatte incluaient le contrôle de l'utilisation locale des fonds de son association de solidarité entre la ville de Gérardmer (Vosges) et le village de Tidarmene, ce qui peut lui avoir valu des inimitiés. Mais, selon la même source, les mécanismes de l'enlèvement, qui n'a pas été revendiqué, sont liés non pas à ses activités, mais d'abord à sa nationalité. Récemment, d'autres Européens ont été enlevés dans la région, mais jamais des Français au Mali.

"Le pacte tacite par lequel AQMI épargnait le Mali a été rompu", analyse un diplomate occidental. A Ménaka, un autre pas a été franchi. La menace récurrente d'AQMI contre les Français a été mise à exécution.

Le profil de la cible semble avoir été choisi pour frapper les esprits. Beaucoup de Français sont engagés dans des actions de solidarité avec le Mali. "Nous sommes nombreux à nous reconnaître en Pierre Camatte, témoigne l'un d'eux.Comme lui, nous avons le sentiment de faire du bien et de n'avoir ici que des amis."

Une autre affaire agite le Mali. Au début du mois de novembre, un antique Boeing 727 bourré de cocaïne a atterri clandestinement dans une zone déserte, sans couverture radar, à 160 km au nord de la ville de Gao (nord-est).

Les trafiquants se sont volatilisés avec leur cargaison - potentiellement 10 tonnes - après avoir détruit par le feu l'appareil dont la valeur était négligeable au regard de son contenu. Selon une autre version, ils se seraient crashés au décollage. Des enquêteurs libyens sont arrivés parmi les premiers sur les lieux, indique une source. Ils ont été rejoints par beaucoup d'Occidentaux. "De sérieux indices d'identification ont été retrouvés", assure une autre. L'avion aurait appartenu dans le passé à la Libye et aurait décollé du Venezuela.

Le Mali a cherché à minimiser, voire à étouffer ces affaires. Le président Amadou Toumani Touré (surnommé "ATT") a attendu trois semaines pour rompre le silence sur l'"avion de la drogue" et annoncer l'ouverture d'une enquête pour "atteinte à la sécurité extérieure de l'Etat". Après l'enlèvement de Pierre Camatte, un communiqué officiel a été rapidement publié "condamnant"le rapt "avec la dernière vigueur" mais le qualifiant de simple "acte crapuleux".

Pareille prudence semble répondre au souci de préserver l'image d'un pays en paix et de sauver la saison touristique. Mais elle pourrait aussi s'expliquer par des raisons plus politiques et moins avouables. L'audace des trafiquants de drogue et le succès de leur opération ont fait naître des soupçons de complicité dans l'administration et l'armée. Dans toute la région, "les appareils étatiques sont plus ou moins infiltrés", confirme Boubai Maïga, ancien ministre malien de la défense.

L'incorporation dans l'armée nationale de Touareg, en rébellion contre Bamako, au terme d'un accord de paix, fait aussi courir un soupçon de connivence militaire avec les trafiquants. Des Occidentaux reprochent aussi au Mali de ne pas mener une lutte assez vigoureuse contre les islamistes, en dépit de l'aide logistique fournie par les Etats-Unis et la France. M. Maïga reconnaît une "grande prudence dans la riposte". Il la justifie par le souci d'éviter que le Mali ne devienne un terrain d'affrontements entre Occidentaux et islamistes. "En luttant contre la sanctuarisation du pays, on risque de le transformer en cible. Le Mali ne veut être ni un sanctuaire ni une cible, explique-t-il. Nous refusons que la lutte contre le terrorisme se transpose chez nous. Le Mali ne veut pas devenir un nouvel Afghanistan."

Mais une chose est certaine. La zone sahélo-saharienne qui, d'est en ouest, court de la mer Rouge à l'Atlantique, n'est plus seulement, comme depuis des siècles, un désert livré à des trafics frontaliers. Carrefour des routes en provenance et vers le Moyen-Orient, l'Europe et l'Amérique latine, cette immense bande désertique est désormais à la fois une plaque tournante de transactions mondialisées et un lieu-clé de la compétition planétaire pour la maîtrise des approvisionnements en énergie dont les pays riverains sont producteurs. Elle constitue un"corridor pétrole-gaz-uranium" hautement stratégique dans une zone faiblement contrôlée par les Etats. Autant dire une potentielle poudrière.

samedi 28 novembre 2009

Le Français enlevé à Ménaka serait aux mains d'Al-Qaïda au Maghreb

AFP - Le Français enlevé dans le nord du Mali est retenu par des membres de "l'aile dure" d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a affirmé vendredi à l'AFP une source sécuritaire malienne, six mois après l'exécution d'un otage britannique par le même groupe, dans cette région.

Pierre Camatte, 61 ans, a été kidnappé dans la nuit de mercredi à jeudi dans un hôtel de Ménaka, une ville située à plus de 1.500 km au nord-est de Bamako.

"Tous les éléments que nous avons confirment que M. Camatte est entre les mains des islamistes armés dans le Sahara", a déclaré la source sécuritaire, sous couvert de l'anonymat, ajoutant: "Il est détenu par l'aile dure d'Aqmi".

"Nous sommes en contact permanent avec les autorités françaises à qui nous avons déjà donné toutes ces informations", a-t-elle ajouté.

Plusieurs Occidentaux -mais jamais des Français- avaient été kidnappés ces derniers mois dans le Sahel avant d'être acheminés dans le nord du Mali.

Ils étaient généralement libérés après versements de rançons, même si les gouvernements concernés ne faisaient jamais état de transactions financières.

Mais, en juin, la branche maghrébine d'Al-Qaïda a annoncé, pour la première fois, avoir tué un otage occidental, le touriste britannique Edwin Dyer.

Selon une source malienne proche des négociations, le groupe responsable de cette exécution était dirigé par l'Algérien Abdelhamid Abou Zeïd.

C'est ce groupe qui détiendrait, aujourd'hui, l'otage français.

Abou Zeïd est, avec Moctar Ben Moctar, l'un des deux "émirs" (chefs) d’Aqmi qui dirigent des opérations dans le sud du Maghreb, dont le désert est commun avec le Mali. Ces deux hommes, de nationalité algérienne, ont recruté leurs combattants dans différents pays de la sous-région.

Le Français enlevé avait l'habitude de se rendre "régulièrement au Mali" où il était impliqué notamment dans la culture d’une plante thérapeutique contre le paludisme, selon l'association qu'il préside dans les Vosges (est de la France).

De son côté, le ministère malien de la Sécurité intérieure a assuré que M. Camatte était installé depuis 2008 dans la région de Ménaka où il dirigeait une ONG locale et gérait aussi un hôtel.

A la question de savoir si des "islamistes armés" étaient venus directement à Ménaka pour l'enlever, la source sécuritaire malienne a répondu "non".

"Ils ne sont pas venus eux-mêmes. C'est une +commande+ (qui a été passée), donc, il y a eu des intermédiaires, et on peut les rechercher même parmi les relations de M. Camatte", a affirmé cette source.

Vendredi, Paris a "instamment" demandé aux Français vivant dans le nord et l'est du Mali, ainsi que dans les zones frontalières proches, de "quitter immédiatement la zone", en raison d'"une nouvelle aggravation de la menace terroriste".

Cet appel à quitter la zone "et à regagner sans délai la capitale" malienne s'adresse aux Français présents dans les régions de Kidal, de Gao et de Tombouctou. Leur nombre est estimé à une dizaine de personnes, a précisé le ministère français des Affaires étrangères.

La France a aussi demandé à ceux qui envisageaient de se rendre dans le nord-est du Mali "de renoncer à leur déplacement".

"Cette recommandation vaut également pour le Niger, au nord d'une ligne reliant Ayorou, Tahoua, Gangara et N'Guimi", a précisé le ministère.

En juin, l'assassinat de l'otage britannique avait constitué un tournant au Mali, un pays démuni mais politiquement stable et particulièrement hospitalier avec les étrangers. Plusieurs Etats occidentaux et africains ont, depuis, accentué leur collaboration sécuritaire avec Bamako.