dimanche 19 juillet 2009

Le général putschiste vers la victoire, l'opposition conteste

Selon les derniers chiffres de la commission électorale dimanche après-midi, le général Ould Abdel Aziz, 53 ans, a recueilli 52,75% des voix sur 86,34% des suffrages dépouillés.

Si cette tendance se confirme, il serait donc élu dès le premier tour malgré le nombre élevé de candidats en course (neuf au total) pour ce scrutin crucial censé mettre un terme à la grave crise née du putsch.

Dès la nuit de samedi à dimanche, des partisans de l'ex-chef de la junte, qui avait démissionné en avril pour se porter candidat, étaient descendus dans les rues de Nouakchott pour célébrer la victoire.

Selon ces résultats partiels, le président de l'Assemblée nationale et candidat du front anti-putsch Messaoud Ould Boulkheir arrive loin derrière avec 16,16% des voix, suivi par le chef du principal parti de l'opposition, le Rassemblement des forces démocratique (RFD), Ahmed Ould Daddah avec 13,54%.

Ibrahima Sarr, issu de la minorité négro-mauritanienne et qui avait appuyé le putsch, décroche la quatrième place avec 4,74%.

Le candidat islamiste modéré Jemil Ould Mansour, qui se présentait pour la première fois, remporte 4,60% des voix et se place devant le colonel Ely Ould Mohamed Vall, l'ex-chef de la junte (2005-07) qui avait rendu la pouvoir aux civils au terme d'une transition souvent saluée comme exemplaire (3,92%).

Le taux de participation s'élève à 61,51%, selon la commission électorale. Le ministère de l'Intérieur doit annoncer dans l'après-midi les résultats totaux provisoires.

Mais les quatre principaux candidats de l'opposition ont dénoncé dimanche devant la presse une "mascarade électorale qui cherche à légitimer le coup d'Etat" du 6 août 2008.

M. Ould Boulkheir s'exprimait au nom de trois autres candidats: MM. Ould Daddah, Ould Mohamed Vall et Hamadi Ould Meimou, ex-ambassadeur et candidat indépendant.

Les quatre hommes ont publié une déclaration dans laquelle ils rejettent les "résultats préfabriqués" du scrutin et appelé la communauté internationale à diligenter une enquête indépendante sur les irrégularités constatées.

Ils ont demandé aux "entités compétentes" comme le Conseil constitutionnel et le ministère de l'Intérieur de ne pas "accepter la validation" des résultats et au peuple mauritanien de "se mobiliser pour mettre en échec ce coup d'Etat électoral".

Ils accusent le général Ould Abdel Aziz de fraude massive comprenant la "manipulation du fichier électoral", la "corruption généralisée" et l'utilisation de faux documents électoraux.

Presque au même moment, l'ex-chef de la junte s'est rendu au siège de sa campagne pour féliciter son équipe et promettre "d'appliquer rigoureusement" son programme électoral.

Lors de la campagne et le jour du vote, le général putschiste avait répété qu'il serait élu dès le premier tour.

Plus de 300 observateurs internationaux étaient déployés dans le pays, notamment de l'Union africaine (UA), de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et de la Ligue arabe.

Aucun observateur européen n'était présent, officiellement pour des "raisons de calendrier", selon une source diplomatique.

En avril, l'UE avait officiellement suspendu pour deux ans sa coopération avec la Mauritanie en raison du coup d'Etat, assurant que cette coopération ne pourrait reprendre sans "retour à l'ordre constitutionnel".

Sur 156 millions d'euros préalablement programmés entre 2008 et 2013, 40 millions d'euros d'aide budgétaire ont été gelés.