jeudi 23 juillet 2009

Le président de la commission électorale "doute" de la "fiabilité" du scrutin

LEMONDE.FR avec AFP, 23 juillet 2009

Principal organisateur du scrutin présidentiel du 18 juillet, Sid Ahmed Ould Deye "doute" de la "fiabilité" de l'élection qui a vu le général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz porté à la présidence. En conséquence, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé, jeudi 23 juillet, qu'il démissionnait de ses fonction.

Dans un communiqué transmis à l'AFP, M. Deye dit avoir "constaté comme beaucoup d'autres que l'élection présidentielle s'était déroulée normalement, dans les formes". Mais, poursuit-il, "les plaintes que j'ai reçues ainsi que les contenus des recours adressés au Conseil constitutionnel ont semé le doute dans mon esprit sur la fiabilité de ces élections quant au fond""C'est pour cela et pour ne pas être en contradiction avec ma conscience que j'ai décidé de présenter ma démission de la présidence de la CENI à compter de ce jour", conclut-il.

"QUELQUES IMPERFECTIONS"

Le meneur du putsch du 6 août 2008 en Mauritanie et ex-chef de la junte, le généralOuld Abdel Aziz, 53 ans, a été déclaré vainqueur dès le premier tour de la présidentielle avec plus de 52 % des voix. Mais les trois principaux candidats de l'opposition – Messaoud OuldBoulkheir, candidat du front anti-putsch,Ahmed Ould Daddah, chef du principal parti d'opposition, et Ely Ould Mohamed Vall, ancien chef de junte (2005-2007) – ont dénoncé des"fraudes massives en amont et en aval du scrutin". Ils ont déposé des plaintes devant la commission électorale et des recours devant le Conseil constitutionnel.

Dirigée par un représentant de la société civile, la CENI est notamment constituée de six membres de l'opposition et de six membres de la majorité favorable au putsch du 6 août. Elle avait, un peu plus tôt dans la journée, publié un communiqué affirmant que le scrutin présidentiel s'était déroulé "dans des conditions normales et transparentes", malgré "quelques imperfections" sans influence sur les résultats.

L'Union européenne, principal bailleur de fonds de Nouakchott, qui a suspendu pour deux ans sa coopération à la suite du putsch du 6 août, a elle appelé jeudi les autorités mauritaniennes à enquêter "de façon adéquate" sur les accusations de fraudes lancées par l'opposition.