vendredi 26 mars 2010

Des étudiants protestent contre l’hégémonie de la langue arabe

Après 24 heures de détention, huit étudiants de l’université de Nouakchott ont été relâchés le 25 mars 2010 au soir. Ils avaient été arrêtés lors de heurts avec les forces de l’ordre en marge d’une manifestation contre la promotion de la langue arabe. Les étudiants entendaient protester contre des propos de deux ministres qu'ils jugeaient discriminatoires et qui évoquaient la « généralisation de l’arabe comme langue de travail, d’échanges administratifs et de recherche scientifique ».

Le motif de cette grève, ce sont des propos du Premier ministre et de la ministre de la Culture prononcés le 1er mars lors de la journée de la promotion de la langue arabe. A cette occasion, le Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, avait fixé comme objectif « la généralisation de l’arabe comme langue de travail, d’échanges administratifs et de recherche scientifique ».

Pour de nombreux étudiants francophones, cette annonce a suscité de vives inquiétudes quant à leurs futurs débouchés professionnels. Ces étudiants, en grande majorité pular, wolof et soninké, manifestaient également contre les propos de la ministre de la Culture, Cissé Mint Cheikh Ould Boide, qui avait déclaré que « le plus grand défi de la langue arabe est la propagation des langues locales et dialectes qui lui suppléent ».

Des propos jugés discriminatoires par les étudiants. « Nous n’avons rien contre l’arabe qui est la langue de notre religion, mais nous ne voulons pas que l’argument de la langue serve à mettre de côté certaines communautés » , souligne Hamiba, représentante du mouvement. « Arabisants ou non, nous sommes tous des citoyens à part entière : le pular, le wolof et le soninké sont aussi des langues nationales ».

Mercredi, huit étudiants avaient été interpellés suite à des heurts avec la police. Jeudi 25 mars, les forces de l’ordre étaient stationnées devant l’université, mais la grève s’est poursuivie dans le calme et, dans la soirée, les étudiants ont été relâchés.

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