mercredi 17 mars 2010

Sept pays réunis à Alger pour lutter contre le terrorisme dans le Sahel

Le ministre algérien des Affaires étrangères Murad Medelci, le 16 mas 2010 à Alger

ALGER — Les représentants de sept pays africains ont condamné "sans équivoque" mardi à Alger la prise d'otages et le paiement de rançons à des "entités terroristes" actives dans la région sahélo-saharienne, où ils se sont dits "déterminés" à "éradiquer le terrorisme".

"Nous avons condamné sans équivoque le paiement de rançons et la prise d'otages et nous avons rappelé l'obligation de chaque Etat d'appliquer intégralement les résolutions de l'ONU à ce sujet", a affirmé le ministre délégué algérien chargé des Affaires maghrébines et africaines Abdelkader Messahel à l'issue d'une conférence réunissant Algérie, Burkina Faso, Tchad, Libye, Mali, Mauritanie et Niger.

Les ministres des Affaires étrangères, ou leurs représentants, des sept pays ont réitéré leur "ferme condamnation du terrorisme" et leur "détermination (...) à éradiquer ce phénomène" pour "redonner à la région sahélo-saharienne sa vocation d'échanges, de paix, de stabilité et de coopération féconde", ajoute le communiqué.

Ils ont rappelé pendant cette rencontre que la prévention et la lutte contre le terrorisme et ses connexions" avec le crime organisé doivent procéder "d'une approche intégrée, coordonnée et solidaire" entre les Etats, indique le communiqué final. Le texte insiste sur la "responsabilité de chaque Etat de mener une lutte efficace contre le terrorisme et la nécessité d'"un renforcement d'une coopération" bilatérale et régionale "structurée, exclusive et de bonne foi".

Cette coopération constitue "le cadre incontournable pour une lutte coordonnée, efficace, totale et sans concessions contre le terrorisme et ses connexions" que sont "le banditisme transfrontalier, le trafic d'armes, de drogues et d'être humains", ont-ils affirmé.

La réunion d'Alger a également souligné "l'importance" de l'organisation "dans les meilleurs délais à Bamako de la Conférence des Chefs d'Etat sur la paix, la sécurité et le développement dans la région sahélo-saharienne", qui a été reportée à plusieurs reprises ces derniers mois.

Elle a enfin rappelé "l'interdépendance entre la paix, la sécurité et le développement socio-économique", "l'importance de réaliser des programmes de développement durable pour l'amélioration des conditions de vie des populations" et la nécessité de soutenir "de grands projets structurants à vocation régionale".

Le ministre malien des Affaires étrangères Moctar Wane, le 16 mars 2010 à Alger

La région du Sahel connaît depuis quelques années une recrudescence des activités de trafiquants et contrebandiers en tous genres mais aussi de groupes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Ces groupes maintiennent une certaine pression sur les forces de sécurité algériennes régulièrement visées par des attentats dans certaines zones du pays, qui ont cependant sensiblement diminué d'intensité ces derniers mois.

Ils ont également revendiqué l'enlèvement de plusieurs ressortissants étrangers dans plusieurs pays voisins de l'Algérie, dont trois en Mauritanie, qui ont ensuite été transférés au Mali.

Une otage espagnole Alicia Gamez a été libérée le 10 mars par un groupe d'Aqmi mais quatre Européens, deux de ses compatriotes et un couple italien dont la femme est d'origine burkinabè, sont toujours détenus dans le Nord du Mali.

Un Français, Pierre Camatte a également été libéré le 23 février peu après la remise en liberté par le Mali de quatre hommes - deux Algériens recherchés dans leur pays, un Mauritanien et un Burkinabé, - soupçonnés de terrorisme.

Alger et Nouakchott avaient alors protesté contre ces libérations, rappelant leur ambassadeur respectif pour consultations.

La France et les Etats-Unis ont salué la tenue de cette conférence, Washington "espérant" qu'elle pourra "consolider une action collective contre les groupes qui utilisent le territoire de ces pays" pour "lancer des attaques contre des civils innocents", a indiqué le Département d'Etat dans un communiqué.