samedi 27 mars 2010

Une conférence à Nouakchott prône la modération religieuse


Des érudits religieux venus du monde entier se sont réunis en Mauritanie cette semaine pour souligner les valeurs de modération et de tolérance prônées par l'Islam.

Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud | Magharebia à Nouakchott

[Mohamed Yahya Abdel Wedoud] La modération religieuse a été au centre des discussions lors d'une conférence organisée cette semaine à Nouakchott.

Une conférence internationale destinée à lutter contre l'extrémisme religieux par la modération et en fixant les règles d'un dialogue musulman a ouvert ses portes mercredi 24 mars à Nouakchott.

A l'invitation de l'érudit mauritanien Mohamed El Hacen Ould Deddew, des spécialistes de la religion venus de Bahreïn, du Koweït, de Palestine, de Syrie, du Soudan, du Qatar, du Maroc, d'Algérie, du Sénégal, du Mali et de Côte d'Ivoire ont rejoint leurs homologues locaux pour une conférence de trois jours. Les participants publieront des recommandations sur la propagation des valeurs de modération et sur le renoncement à l'extrémisme en religion.

"Cet appel à la modération est mauritanien par excellence", a déclaré à Magharebia Ahmed Oud El Bou, un imam qui participait à cette conférence. "C'est la raison pour laquelle les différentes composantes de la société se sont réunies, que ce soit des chefs d'entreprise, des membres du gouvernement, des responsables élus, des responsables politiques de gauche comme de droite, des leaders salafistes et soufistes — qui, tous, s'accordent sur la méthode de la modération, qui dénonce la violence et l'extrémisme."

"[C]ette conférence, qui rassemble pour la première fois des érudits de haut rang de divers Etats islamiques… permettra de purifier l'Islam de toutes les notions destructrices qui sont étrangères à la nature-même de cette grande foi", a ajouté Oud El Bou.

"Cette conférence internationale a montré que la modération islamique est fortement enracinée dans la culture mauritanienne, dont les traits caractéristiques sont la tolérance, l'hospitalité et l'amour de chacun", a expliqué l'imam Noureddine Ould Chamekh. "Ce rassemblement ici, aujourd'hui, n'est qu'un rappel de ces valeurs. Nous sommes ici pour souligner que la violence et l'extrémisme ont envahi notre société pacifique."

"Redoublez d'efforts pour porter le message de l'Islam et le pardon et l'ouverture qu'il implique", a déclaré le ministre des Affaires islamiques Ahmed Ould Nini aux participants.

Les intellectuels, a-t-il affirmé, ont le devoir de corriger les "mauvaises interprétations... relatives au djihad [et] à la notion de loyauté et aux relations d'un Musulman avec ceux qui vont à l'encontre... de la foi islamique, telle qu'elle est dictée par l'Islam, et non telle que l'ont faite paraître les falsificateurs durant le cours de l'Histoire".

Ould Deddew, directeur du Centre de formation des érudits dans la capitale, a joué un rôle déterminant lors d'uneconférence organisée en janvier et destinée à démystifier les liens entre Islam et terrorisme. L'Association Futur pour l'appel, la culture et l'éducation, qui organisait cette conférence sous la direction d'Ould Deddew, vise à renforcer l'unité nationale, à réformer la société et l'éducation, et à élever les jeunes dans le respect des valeurs de modération de l'Islam.Le ministre a ajouté qu'il "soulignait" la "volonté de la Mauritanie de dresser des passerelles de coopération pacifique entre les nations".

Dans son discours d'ouverture, Ould Deddew a cité ce qu'il a appelé deux extrêmes, l'un fait de fanatisme et d'extrémisme, l'autre de décadence morale et de relâchement. Il a expliqué que cette conférence devait rechercher une position légitime entre les deux extrêmes.

"Le meilleur intérêt de la Mauritanie repose dans l'adoption d'une réflexion modérée, qui fasse office de soupape de sécurité, dans la mesure où elle tend à unir les peuples plutôt qu'à les diviser", a déclaré cet intellectuel, ajoutant que la modération "était l'enseignement du Prophète Mahomet et de ses compagnons, et l'enseignement qui satisfait Allah – que Son nom soit béni".