mercredi 17 mars 2010

Mauritanie, un parfum de Sahara

Mauritanie, un parfum de Sahara

© Jens Palme/Breaking-the-Ice de/Abacapress.ComOM


Marion Tours

Le jardin de Mahmoud fleure bon la menthe, le basilic et la citronnelle. S’il n’y avait aussi du henné, des hibiscus et des grenadiers, on pourrait s’imaginer partout, sauf en Mauritanie. Et pourtant, c’est au coeur de l’Adrar, dans l’erg Ouarane, que se situe ce potager. Tel un mirage jaillissant aux portes de Chinguetti. Haut lieu d’échanges culturels du XVIIe au XIXe siècle, l’étonnante cité des sables se dévoile au petit jour dans la brume et les dunes environnantes.

Seuls signes de vie : les poteaux électriques et les antennes paraboliques qui ponctuent çà et là le toit des maisons. Ici, pas un endroit où le sable ne s’immisce ni ne reprenne ses droits. Jusque dans les bibliothèques familiales abritant d’innombrables manuscrits datant, pour certains, du XIe siècle. Dans sa maison en banco (pisé), la dynastie Habbott en concentrerait ainsi 1 400, consacrés, entre autres, à la médecine, à l’astronomie, aux mathématiques ou à la philosophie. « Et encore, la moitié ont été perdus à cause du sable et des termites », explique le maître des lieux.

A quelques pas de là, Mahmoud se dresse, altier, devant le porche de son auberge joliment baptisée Eden. Entre salons colorés, éclairages à la bougie, meubles en branches de palmier et patio arboré, l’adresse séduira tous ceux qui résistaient encore au charme du désert. Il faut, en effet, parcourir les oueds parsemés d’acacias et surplombés de plateaux en grès, s’élancer parmi les dunes sculptées balançant de l’ocre au blond, observer les caravanes de dromadaires traversant les plaines rocailleuses, s’abriter à l’ombre des oasis plantées de palmiers dattiers et conquérir la ville de Ouadane, inscrite au patrimoine mondial par l’Unesco.

Située à une centaine de kilomètres de Chinguetti, l’ancienne cité fortifiée (XIIe) laisse deviner, malgré les ruines et les amoncellements de pierres, sa splendeur passée, lorsque marchands et méharées convoyaient sel, or, ivoire et épices. Mais c’est en fin de journée, quand la lumière confère un éclat doré au minaret et aux maisons, qu’il nous revient alors cette délicieuse réplique du naturaliste Théodore Monod : « Monotone, le désert ? Monsieur veut rire ! »

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