lundi 8 mars 2010

La Mauritanie campe sur sa position :"pas de négociations ni d' échange" avec Al-Qaïda

La Mauritanie reste au centre du règlement du rapt de cinq Européens -- trois humanitaires espagnols et un couple d'Italiens, enlevés en novembre et décembre 2009 en territoire mauritanien par des groupuscules d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI).

Ces otages font l'objet d'un marchandage de la part d'AQMI, qui fort de la libération de quatre terroristes détenus au Mali contre celle de l'otage français Pierre Camatte, exige l'élargissement de quatre autres terroristes en prison à Nouakchott, en échange de la liberté des cinq otages européens.

AQMI a menacé d'exécuter les otages italiens si la Mauritanie de libère ses quatre membres avant le 1er mars. Cet ultimatum est épuisé. Nouakchott campe sur sa position et résiste aux pressions. Jeudi dernier, son Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghdhaf a exprimé le refus de son gouvernement de négocier avec les groupes terroristes d'Al-Qaïda ou d'accepter un échange de prisonniers contre des otages en leur possession, ou de faire le moindre geste pouvant signifié la soumission aux pressions des terroristes.

Il dira que la position de son pays, par rapport à cette question est claire, avant de souligner qu'"il n'y aura pas de négociations avec ces groupes terroristes et il n'y aura pas d' échange de qui que ce soit contre qui que ce soit avec les preneurs d'otages".

Le chef du gouvernement a, tout de même affirmé que son pays entendait "faire tout ce qui est en son possible pour que les otages pris sur notre territoire puissent retrouver leur liberté et regagner les leurs".

La Mauritanie reste donc fidèle à la ligne adoptée par la plupart des pays en lutte contre le terrorisme : ne pas céder au chantage des terroristes. C'est au nom de ce principe que Nouakchott a condamné la libération par le Mali de quatre terroristes qu'il détenait, contre celle de Pierre Camatte.

Par rapport à cette libération et la décision de la Mauritanie de rappeler son ambassadeur à Bamako, le Premier ministre Ould Mohamed Laghdhaf dira: "Il est vrai que nous avons répondu de façon diplomatique à un geste que nous avons jugé inamical, pour le reste, rien n'a changé".

Le ministres malien des Affaires étrangères, Moctar Ouane, a, de son côté, tenté de calmer le jeu en affirmant que "le gouvernement du Mali demeure profondément attaché aux relations séculaires de fraternité, d'amitié et de bon voisinage, en particulier avec la République algérienne démocratique et populaire et la République islamique de Mauritanie".

Il est clair, selon les observateurs, qu'une plus grande coordination entre les Etats de la sous-région et l'appui des Européens, une meilleure stratégie de lutte contre le terrorisme pourra s'organiser.

Un de ses objectifs devrait être la rupture de la chaîne logistique des terroristes, dont la collusion avec le trafic d' armes et de drogue n'est plus à démontrer, comme l'a prouvé la dernière arrestation d'une colonne de trafiquants de drogue, encadrée par des terroristes.

Pour l'heure, une des contraintes de cette lutte est le fait que les gouvernements européens sont pris en tenaille par leurs opinions publiques et veulent tout faire pour sauver la vie de leurs citoyens pris en otage.

Le souvenir de l'exécution d'un otage britannique à l' expiration d'un ultimatum d'Al-Qaïda, reste encore vivace.

Xinhua