mardi 27 juillet 2010

La France a-t-elle tout fait pour sauver Michel Germaneau?


Vincent Daniel | Le Post



Après l'annonce par Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmib) de l'exécution de l'otage français, Michel Germaneau dimanche, certains s'interrogent sur la gestion par la France de cette prise d'otage. A-t-on réellement tout fait pour libérer Michel Germaneau? L'opération militaire française a-t-elle empiré les choses? Eléments de réponses.

Michel Germaneau (capture d'écran France 24)

Michel Germaneau (capture d'écran France 24)


1. "La médiatisation protège les otages"

A la différence de Florence Aubenas ou d'Ingrid Betancourt, Michel Germaneau n'était pas connu et son cas n'a pas été très médiatisé.
Le Comité de soutien aux journalistes de France 3 otages en Afghanistan, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, estime que la situation de Michel Germaneau était "restée longtemps inconnue du public". Pour le comité, ça montre "que la médiatisation protège les otages en rendant leur vie plus précieuse aux yeux des ravisseurs".


2. L'usage de la violence contesté

"Tous les moyens ont été déployés pour tenter de le libérer", affirmait ce lundi Nicolas Sarkozy pour justifier l'opération militaire tentée la semaine dernière et qui s'est soldée par un échec. Fallait-il avoir recours à la violence? Ce raid fait polémique. Pour Serge Daniel, journaliste et écrivain
spécialiste de l'islamisme, "le raid français était une erreur". "Depuis 2002 que je travaille sur ces bandes-là, l'une des choses que j'ai retenues, c'est que le premier ultimatum est toujours repoussé, notamment pour faire monter les enchères", déclare-t-il à Europe1.fr.

Par ailleurs, l'Espagne qui a deux ressortissants entre les mains de l'Aqmi "a été confortée dans son approche non-militaire pour parvenir à la libération des deux coopérants", selon une source gouvernementale, citée par Le Parisien. L'opération militaire menée jeudi dernier avait suscité "l'inquiétude" de Madrid, précise le quotidien.

3. Les précédents: Pierre Camatte et Clotilde Reiss

A l'annonce de l'exécution de Michel Germaneau, le maire de Marcoussis, la commune dont il était originaire, a exprimé sa "colère". "Il faut se poser des questions: comment cet otage a été géré? A-t-il été géré comme ça parce que c'était un inconnu? Je ne sais pas..."

Pierre Camatte, enlevé par Al Qaida au Maghreb islamique en 2009 au Mali, a lui été libéré sain et sauf. Mais son cas n'est pas tout a fait le même que celui de Michel Germaneau. On a soupçonné un temps Pierre Camatte d'être un agent secret, une information démentie par l'Elysée à l'époque.
Mais ce qui a surtout retenu l'attention à la libération de Pierre Camatte, c'est l'intervention de la France pour faire libérer 4 chefs d'Aqmi détenus au Mali en échange de Pierre Camatte.

Seulement voilà, "en intervenant pour faire libérer des prisonniers détenus par le Mali en échange de Pierre Camatte, [la France] est apparue comme une nation prête à négocier avec des terroristes pour épargner l'un des siens. Le gouvernement ne pouvait donc pas s'engager sur cette nouvelle voie", explique Mathieu Guidère, spécialiste des mouvements islamistes à TF1 News.
Clotilde Reiss


Autre cas de forte mobilisation de la France: la libération de Clotilde Reiss. La jeune universitaire française a été emprisonnée en Iran, puis assignée à résidence à l'ambassade de France. Elle aussi, était soupçonnée d'appartenir à la DGSE, ce qu'elle a démenti. Mais les conditions de sa libération sont également restées floues. On a parlé de contrepartie financière, le chiffre avancé était de 250.000 €. Et on a évoqué un marchandage entre la France et l'Iran pour libérer Clotilde Reiss en échange de deux Iraniens emprisonnés en France. Ces deux informations ont été démenties à l'époque par Paris et par Clotilde Reiss elle-même.

4. Mais le gouvernement assure ne pas avoir pu dialoguer

Ce lundi, le ministre de la Défense, Hervé Morin indiquait ne pas avoir eu "la moindre discussion" avec les ravisseurs de Michel Germaneau. "Nous n'avons jamais eu de revendications précises. Ils ont même refusé toute discussion pour permettre l'acheminement de médicaments dont Michel Germaneau avait besoin pour ses problèmes cardiaques", affirme le ministre, cité par Le Figaro.fr.

Hervé Morin est aussi revenu sur la tentative de libération de l'otage français la semaine dernière avec l'armée mauritienne. Il s'agissait d'une "décision collective qui engage le président de la République et le gouvernement dans son ensemble".

Mais dans les rangs de l'opposition, on souhaite faire la lumière sur cette affaire. La première secrétaire du PS, Martine Aubry, demande à ce que "les conditions effroyables de sa détention et de son exécution soient éclaircies".


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