mardi 27 juillet 2010

Paris justifie son intervention au Sahel pour tenter de libérer Germaneau


Nicolas Sarkozy, qui a confirmé la mort de Michel Germaneau, a dénoncé, lundi, un acte "barbare et odieux".
AFP/ERIC FEFERBERG
Nicolas Sarkozy, qui a confirmé la mort de Michel Germaneau, a dénoncé, lundi, un acte "barbare et odieux".

Le chef de l'Etat a confirmé, au cours d'une intervention télévisée lundi 26 juillet, la mort auSahel de Michel Germaneau, revendiquée dimanche 25 juillet par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Le président de la République a dénoncé un "acte barbare, odieux", le qualifiant d'"assassinat programmé", à l'issue d'un "conseil restreint de défense et de sécurité", en présence du premier ministre, des ministres des affaires étrangères et de l'intérieur, ainsi que des responsables de la défense et des services du renseignement.

Trois Français sont actuellement retenus en otages à l'étranger. Depuis le 14 juillet 2009, un agent des services du renseignement français, Denis Allex, est détenu en Somalie par le mouvement islamiste des Chebabs. Il se trouve probablement dans la région autonome autoproclamée du Puntland dans le nord du pays.

Depuis le 30 décembre 2009, deux journalistes de France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, sont otages en Afghanistan. Les reporters, qui travaillent pour le magazine "Pièces à conviction", ont été enlevés avec leurs trois accompagnateurs afghans à 60 kilomètres de Kaboul, dans la province montagneuse de Kapisa, zone réputée à risques. – (Avec AFP.)"Cette mort dans des conditions tragiques illustre que nous avons affaire à des gens qui n'ont aucun respect de la vie humaine. (...) Depuis l'enlèvement de Michel Germaneau, tous les moyens étaient mobilisés pour tenter de le libérer", a assuré le président. Paris avait le"devoir" de mener le raid au Mali pour tenter de sauver Michel Germaneau, a expliqué M. Sarkozy, évoquant une "action préventive". "Le camp de base qui a été détruit était susceptible d'être le lieu de détention de Michel Germaneau. Malheureusement Michel Germaneau ne s'y trouvait pas. Aujourd'hui il est mort." Le président, qui assure que "le crime commis contre Michel Germaneau ne restera pas impuni", a demandé aux ressortissants français de renoncer à se rendre au Sahel.

PAS DE REVENDICATIONS PRÉCISES

Les circonstances de l'enlèvement et de la mort de l'humanitaire français restent floues : le maire socialiste de Marcoussis (Essonne), où résidait Michel Germaneau, s'est ainsi interrogésur les "zones d'ombre" entourant l'exécution de l'otage. Il sera reçu jeudi par François Fillon. La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a pour sa part estimé que "les conditions effroyables de la détention et de l'exécution" de Michel Germaneau "devront être éclaircies".

Selon le président français, l'"ultimatum" lancé par AQMI le 12 juillet, dans lequel le groupe menaçait de tuer l'otage sous quinze jours si Paris ne répondait pas à ses exigences, n'avait"jamais été précédé du moindre début de dialogue avec des autorités françaises", à l'inverse de ce qui s'était produit lors de l'enlèvement d'un autre Français dans la région,Pierre Camatte. Ce dernier avait été détenu près de trois mois dans le désert malien par un groupe d'AQMI, avant d'être relâché en février dernier, en échange de la libération de quatre islamistes détenus au Mali.

"UNE DÉCISION COLLECTIVE"

Le ministre français de la défense, Hervé Morin, a confirmé lundi sur France Inter que Paris n'avait pas pu avoir "la moindre discussion"avec les ravisseurs de Michel Germaneau. "Ils ont même refusé toute discussion pour permettre l'acheminement de médicaments dont Michel Germaneau avait besoin pour ses problèmes cardiaques." M. Morin est revenu sur l'intervention au Mali, la semaine dernière, au côté de l'armée mauritanienne, "une décision collective qui engage le président de la République et le gouvernement dans son ensemble".

Actuellement en déplacement officiel en Asie, le ministre de la défense a décidé d'écourter son séjour, annulant l'étape prévue en Indonésie. Le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, devait quant à lui se rendre dès lundi soir au Mali, au Niger et en Mauritanie.