vendredi 22 octobre 2010

Forte croissance de l'enseignement privé en Mauritanie



La tendance croissante à l'enseignement privé en Mauritanie inquiète certains responsables, qui craignent que cela ne se fasse au détriment de l'école publique.
Mohamed Yahya Abdel Wedoud | Magharebia | Nouakchott
[Mohamed Wedoud] Le porte-parole du ministère mauritanien de l'Education Sidi Ahmed Ould Abeke a reconnu la croissance de la privatisation dans tous les secteurs.


Un nombre de plus en plus grand de parents font passer leurs enfants de l'école publique à l'enseignement privé.
"Chacun sait que l'enseignement public est en voie de détérioration, avec une pénurie d'enseignants et de personnels administratifs pour assumer les fonctions", a expliqué Abdellahi Mokhtar, un père de trois enfants.
"J'ai transféré mes enfants de l'école publique à l'école privée, et je pense que leur niveau s'est grandement amélioré, Dieu soit loué", a-t-il ajouté.
Mokhtar n'est pas seul à préférer l'enseignement privé à l'école publique. Lors de la reprise officielle des cours en Mauritanie le 2 octobre, de nombreux élèves ont fréquenté l'école privée pour la première fois.
Selon Mariem Mint Yehdhih, une mère de trois enfants, "les élèves des écoles publiques souffrent de négligence et n'étudient que peu de cours, raison pour laquelle ils échouent à obtenir leur diplôme de l'enseignement secondaire".
Certains professeurs ne nient pas ces problèmes, mais ils affirment en même temps que la confiance des parents dans l'enseignement privé est déraisonnablement haute.
"L'enseignement public souffre de nombreux problèmes, notamment un manque de surveillance, une mauvaise coordination entre les différents services, des infrastructures insuffisantes et la succession des ministres", a expliqué le professeur Nour Eddine Ould Ghassem.
Mais le secteur privé connaît lui aussi ses problèmes, selon lui. "La confiance accordée par de nombreux parents à la privatisation de l'enseignement est devenue légendaire et doit être revue", a-t-il ajouté.
Mais certains jeunes affirment que les écoles privées leur ont permis de trouver des emplois tant désirés.
"J'ai trouvé les portes de ce secteur ouvertes après avoir désespérément frappé aux portes fermées de l'enseignement public, bien que je dispose des qualifications nécessaires. De nombreux jeunes comme moi bénéficient de ce secteur et sont prêts à se sacrifier pour lui", a expliqué Mohamed Salick Ould Deye.
Selon le ministère de l'Education, le pays compte autant d'écoles privées que d'écoles publiques, et la majorité d'entre elles se trouvent à Nouakchott. Près de 50 000 élèves fréquentent les écoles primaires privées de la capitale, et plus de 24 000 les écoles secondaires, "ce qui représente une augmentation importante en seulement quelques années".
Le ministère fournit les manuels et les programmes aux écoles privées. L'enseignement privé est, en retour, tenu d'appliquer les programmes fournis par le ministère.

"La demande en enseignement privé ici en Mauritanie ne signifie pas qu'il est toujours meilleur ; il existe une croyance très répandue selon laquelle celui qui paie le plus obtient le meilleur, mais bien entendu, une telle perception n'est pas fondée", a ajouté Ould Abeke.Le porte-parole du ministère de l'Education Sidi Ahmed Ould Abeke a décrit cet accord comme "une relation de soutien", soulignant la croyance des Mauritaniens en général, et des parents d'élèves en particulier, dans "la tendance à la privatisation, qui est désormais présente dans tous les secteurs".

Il conseille aux parents d'élèves de "superviser leurs enfants, qu'ils fréquentent l'enseignement public ou privé, et de savoir que le temps passé à la maison par les enfants est bien supérieur au temps passé à l'école."
"Si les citoyens aident l'Etat à renouveler l'enseignement public, les opportunités seront minces pour l'avenir de l'école privée", a-t-il conclu.