jeudi 21 octobre 2010

Un chef jihadiste mauritanien menace la France de "nuits noires"


NOUAKCHOTT — Le chef d'un groupe mauritanien affilié à Al-Qaïda, jugé avec 18 autres islamistes devant la Cour criminelle de Nouakchott pour "appartenance à une organisation terroriste", a menacé mercredi la France de "nuits noires" et de "liquidations physiques d'apostats" en Mauritanie.
"Je veux le leur promettre ici, des nuits noires attendent la France de (Nicolas) Sarkozy", a lancé à la Cour Khadim Ould Semman, chef de l'organisation "Ansarou Allah" (sympathisants de Dieu), affiliée à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Le procureur a requis mardi devant la Cour la peine capitale contre sept membres de cette organisation dont Ould Semman et deux autres en fuite, faisant l'objet de mandats d'arrêt internationaux.
Le verdict est attendu mercredi, selon des sources proches de la Cour.
Ould Semman a déclaré que lorsque les moujahidines prendront le pouvoir en Mauritanie, "les mécréants" parmi lesquels il a cité les Français, devront payer la dîme comme prévu par la charia (loi islamique).
Il a annoncé des "opérations de liquidation physique d'apostats et de mécréants" en Mauritanie.
S'adressant à la Cour avant son retrait pour délibération, il a affirmé: "je suis un moujahidine. J'ai voué ma vie à cette mission et je demande à la Cour de prononcer ma mort et de me découper en petits morceaux. Cela agrandira ma rétribution dans l'au-delà".
Le procureur avait également requis mardi 20 ans de prison ferme avec travaux forcés contre sept autres jihadistes présumés parmi le groupe de 19 accusés jugés pour leur appartenance à "Ansarou Allah" et actes "terroristes", dont la mort d'un policier à Nouakchott en 2008 au cours d'une fusillade.
Les avocats des accusés ont estimé que le réquisitoire était "très sévère et disproportionné", affirmant que "l'accusation n'a apporté aucune preuve matérielle", selon Me Fatimata MBaye, avocate de l'unique étranger du groupe, le Tunisien Abdel Karim Faraje.
Mme Mbaye et les autres avocats ont dénoncé des "mauvais traitements et tortures subis" par leurs clients pour "leur extorquer des aveux les incriminant". "J'ai souvent trouvé mon client ligoté, cela m'a choquée et j'en suis révoltée", a indiqué Mme MBaye.