mercredi 6 octobre 2010

Seule la Haute cour peut juger Ould Dadde, selon son avocat


NOUAKCHOTT - L'ex-commissaire mauritanien à l'action humanitaire Mohamed Lemine Ould Dadde, accusé de malversations financières et récemment écroué, "ne peut être jugé que par la Haute cour de justice puisqu'il avait rang de ministre", a fait valoir samedi son avocat.
Avant même de répondre aux accusations sur le fond, Me Brahim Ould Ebetty entend faire reconnaître que M. Ould Dadde "a rang et prérogatives de ministre" selon le décret du 24 décembre 2008 portant création du Commissariat aux droits de l'Homme et à l'action humanitaire.
"Pour tout acte commis dans l'exercice de ses fonctions, il ne peut être jugé par une juridiction ordinaire mais seulement par la Haute cour" créée en 2008, a affirmé cet avocat, joint par l'AFP depuis Dakar.
"C'est pourquoi mon client a refusé de répondre aux questions du procureur et du juge du tribunal régional de Nouakchott", a-t-il expliqué.
De son côté, le procureur Cheikh Ould Baba Ahmed a déclaré à l'AFP à Nouakchott: "C'est une simple manoeuvre politique que de présenter M. Ould Dadde comme membre du gouvernement. Il n'en faisait pas partie et ne siégeait pas à la réunion du Conseil des ministres".
Le parquet avait annoncé fin septembre que M. Ould Dadde faisait "l'objet d'une plainte de l'inspection générale d'Etat pour malversations, détournements et dilapidation d'un montant de 271 millions d'ouguiyas (750.000 euros) pendant l'exercice de ses fonctions de septembre 2008 à août 2010".
Mis en demeure de rembourser, fin août, il avait été immédiatement limogé par décret présidentiel.
Arrêté le 20 septembre, il a été écroué le 27 septembre à la prison civile de Nouakchott.
Selon son avocat, M. Ould Dadde a refusé de payer une caution "d'abord parce qu'il n'a rien détourné, ensuite, parce qu'il n'en a pas les moyens".
"Dans ce dossier, il n'est pas question d'enrichissement personnel, mais essentiellement de problèmes de surfacturation, pour des produits achetés en période de catastrophes naturelles", assure Me Ould Ebetty.
"Mais si l'on parle 'd'ententes illicites,' cela suppose plusieurs personnes... Pourquoi est-il le seul mis en cause?", interroge l'avocat, plaidant qu'"on veut 'casser' à tout prix M. Ould Dadde et lui seul".
De son côté, le procureur a affirmé que "si l'instruction judiciaire découvrait d'autres formes de complicités ou responsabilités, les responsables seraient poursuivis pour les fautes de gestion commises".
Farouche opposant au régime de Maaouiya Ould Taya (1984-2005) et militant des droits de l'homme, M. Ould Dadde avait présidé le mouvement clandestin Conscience et résistance.
Puis il avait soutenu le général Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a renversé en août 2008 le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi avant d'être élu en juillet 2009, au premier tour de la présidentielle.

AFP