samedi 16 octobre 2010

Les Etats du Maghreb souhaitent coopérer contre le terrorisme


Des experts ont proposé une stratégie antiterroriste en deux volets, combinant solution militaire et développement social.
Walid Ramzi | Magharebia | Alger
[Mahmud Turkia/AFP/Getty Images] Les responsables du Maghreb étudient de nouvelles manières de renforcer la sécurité dans la région.
Les analystes du terrorisme soulignent que les solutions économiques et sociales, ainsi qu'un effort militaire conjoint, pourraient renforcer la sécurité dans la région. Selon le Dr Lies Boukraa, directeur du Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (CAERT) à Alger, la force d'AQMI réside dans la faiblesse des pays du Sahel et dans le manque de coopération.
"L'élimination d'al-Qaida est possible d'ici quelques mois, contrairement à ce que l'Occident tente de montrer", a déclaré Boukraa. Cet expert a mentionné le sous-développement comme l'une des causes profondes de la radicalisation, ajoutant que lorsque les problèmes de la pauvreté et de la faim seront résolus, il n'y aura plus de place pour le recrutement dans les rangs d'al-Qaida.
Il a fait valoir qu'au moins 50 tonnes d'héroïne transitent par la région du Sahel et que 100 millions d'euros sont ainsi trafiqués chaque année, ajoutant qu'AQMI a collecté 70 millions d'euros de rançons ces dernières années, ce qui lui confère un budget supérieur à celui de certains pays du Sahel.
"Les principaux facteurs d'agravation du terrorisme dans la région sont intérieurs, notamment l'absence de démocratie et une approche de tutorat pour traiter avec les citoyens", a expliqué Abdelaziz Hariti, président de l'Association algérienne d'assistance humanitaire.
"Les pays du Sahel ont suffisamment de volonté politique pour gérer leur sécurité, mais des problèmes sociaux, ethniques et religieux ainsi que l'absence de projets de développement font partie des principales raisons qui font de la région du Sahel un lieu propice aux vulnérabilités sécuritaires", a expliqué Mohamed Khetaoui, spécialiste en politique.
"L'échec des pays africains à lutter contre le terrorisme a poussé l'Algérie à régir militairement pour éradiquer ce fléau de la région", a ajouté Sadek Bouguetaya, un diplomate, ajoutant que d'autres pays pouvaient apprendre de l'expérience algérienne.
Pour leur part, certains analystes estiment que la coordination entre les pays du Sahel fait encore défaut. Mohamed Smiem, universitaire spécialisé en matière de sécurité, a déclaré à Magharebia que les différences entre les pays sont "principalement liées aux méthodes de conduite des opérations militaires contre al-Qaida dans la région".
Pour tenter de renforcer la coordination en matière de sécurité dans la région, les dirigeants d'Algérie, de Libye, de Mauritanie, du Mali et du Tchad ont tenu une réunion consultative en marge du somet arabo-africain de Syrte, en Libye, dimanche 10 octobre. Ils ont parlé des développements politiques et sécuritaire dans la région du Sahel-Sahara.
Houcine Boulahia, spécialiste de la sécurité, a qualifié cette réunion de "bonne chance de surmonter les différences qui sont récemment apparues" entre les dirigeants du Sahel.
Pour sa part, l'Algérie a lancé une campagne de sensibilisation antiterroriste de grande ampleur. L'ambassadeur d'Algérie aux Etats-Unis Abdallah Baali a rencontré Daniel Benjamin, le coordinateur de la lutte antiterroriste au département d'Etat américain, pour discuter de la coopération dans la lutte contre le terrorisme dans la région.
Le gouvernement algérien fait de gros efforts pour empêcher la marginalisation de la jeunesse locale et son recrutement par des groupes terroristes. Le ministère de l'Intérieur a récemment remplacé les responsables locaux dans les provinces des frontières sud pour injecter un nouvel élan dans les projets de développement.

Dans le même état d'esprit, d'anciens combattants du mouvement touareg dans le nord du Mali ont expliqué samedi 9 octobre qu'ils étaient prêts à lutter contre AQMI au Sahel. Ahmed Agh Bebe, porte-parole des anciens rebelles et membres de l'assemblée nationale malienne, a déclaré dans un communiqué à l'AFP que lui-même et son groupe attendaient "le feu vert du gouvernement malien pour expulser AQMI" du Sahel africain.Dans un entretien avec le quotidien francophone algérien El Watan le 11 octobre, Amenokal des Touaregs algérien a réfuté que les tribus touaregs aient rejoint al-Qaida, mais il a reconnu que cela était devenu extrêmement difficile du fait de leurs exigences financières.
Il a ajouté que s'ils étaient armés, ils seraient en mesure de battre rapidement AQMI dans le cadre de l'Accord d'Alger signé en juin 2006, qui a mis fin à vingt ans de lutte entre les rebelles touaregs et le gouvernement malien et envisage de mettre en place des unités spéciales de l'armée pour maintenir la sécurité dans le nord du Mali.
Ces combattants espèrent que le gouvernement malien créera des opportunités d'emploi par la mise en oeuvre de l'Accord d'Alger pour leur permettre de reprendre la défense de leur pays.