lundi 18 janvier 2010

Dialogue gouvernement/prisonniers salafistes

Le gouvernement mauritanien a lancé lundi un "dialogue spirituel" avec les prisonniers salafistes en Mauritanie, une première dans ce pays frappé par une série de violences attribuées à Al-Qaïda, a constaté un journaliste de l'AFP.

La cérémonie de lancement s'est tenue à la prison centrale de Nouakchott où sont détenus 67 salafistes mauritaniens en instance de jugement pour "actes terroristes", dont les tueurs de quatre touristes français en décembre 2007 à Aleg (sud).

"Nous sommes ici aujourd'hui pour discuter ensemble des voies et moyens de sortir d'une crise qui menace la paix civile dans un pays connu pour son esprit de tolérance, de magnanimité et d'ouverture", a expliqué le ministre mauritanien des Affaires islamiques, Ahmed Ould Nini.

Il a appelé ses interlocuteurs à tirer profit de ce dialogue qui sera conduit par une vingtaine d'érudits mauritaniens, des oulémas et des imams.

Les prisonniers salafistes semblaient divisés avec cependant une majorité favorable au dialogue et prête au repentir, notamment 47 d'entre eux ayant récemment lancé un appel à des discussions avec le pouvoir.

Les opposants à ce dialogue sont menés par Al-Khadim Ould Semman, en prison depuis 2008 et poursuivis notamment pour l'assassinat des touristes français à Aleg.

"Je parle au nom de ceux qui portent les armes pour combattre les mécréants et leurs acolytes parmi les dirigeants dans les pays musulmans" a-t-il lancé, brandissant une banderole au nom d'Al-Qaïda.

"Il est le porte-voix d'un groupe minoritaire parmi ceux qui ont (les mains entachées de) sang et qui ne s'attendent donc pas à être libérés", a expliqué à l'AFP un membre de la délégation officielle.

Le dialogue est prévu pour durer trois jours mais il pourrait se prolonger "si cela s'avérait nécessaire", selon les autorités.

Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué ces deux dernières années une série d'actions meurtrières en Mauritanie, dont l'assassinat fin 2007 de quatre Français à Aleg (sud) et celui d'un Américain en juin dans la capitale.

Trois humanitaires espagnols ont été enlevés, le 29 novembre, un rapt suivi de celui de deux touristes italiens en décembre sur le sol mauritanien.

AFP