mercredi 6 janvier 2010

La Mauritanie renforce ses lois contre le terrorisme

Les députés mauritaniens ont adopté le 5 janvier, par 20 voix contre 15, des amendements à la loi antiterroriste de 2005 qui autorisent, entre autres, les écoutes téléphoniques et suppriment la prescription en matière de terrorisme. Ces mesures qui font polémique ont été décidées par le gouvernement depuis l'enlèvement, en novembre, de trois Espagnols, puis de deux Italiens en décembre dernier.

Il faut noter que, ces deux dernières années, al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a multiplié les attaques et kidnappings en Mauritanie. L’Assemblée de Nouakchott a donc adopté, mardi, un projet de loi qui, selon le ministre de la Défense nationale Hamadi Ould Hamadi, doit permettre de comble les insuffisances constatées dans la législation nationale en matière de lutte contre le terrorisme.

RFI

Parmi les dispositions phares de ce texte, la possibilité de placer sur écoute toute personne suspectée de terrorisme et de perquisitionner son domicile à toute heure, alors que, auparavant, les perquisitions étaient interdites après 22 heures. Par ailleurs, la coopération entre la Mauritanie et les autres pays en matière d’échange d’informations et d’extradition de suspects est renforcée.

La nouvelle loi ne fait pas l’unanimité. Les députés de l’opposition ont voté contre. Lundi dernier, Ahmed Ould Daddah, président de la Coordination des forces d’opposition démocratique (CFOD), avait mis en garde contre « une dérive dictatoriale à travers une loi qui vise à légitimer des pratiques de violation des droits et des libertés des citoyens ».

Les députés n’étaient pas seuls à se pencher sur le sujet de la lutte contre le terrorisme puisque les leaders religieux mauritaniens ont entamé, mardi, un colloque de quatre jours pour débattre du « message de l’islam face à la violence ». A cette occasion a été rendue une fatwa ou décret religieux, interdisant « toute atteinte aux étrangers non musulmans se trouvant sur le sol mauritanien ». Cette fatwa condamne clairement les enlèvements de ces derniers mois, puisqu’elle indique qu’il est « formellement interdit par notre Sainte Religion de léser, attenter, enlever ou exposer les étrangers au chantage, que ce soit homme ou femme ».

RFI