lundi 11 janvier 2010

D'où vient Al-Qaeda au Maghreb islamique?

Alors que cette formation menace d'exécuter un otage français, LEXPRESS.fr fait le point sur son apparition et son évolution.

Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) branche maghrébine de la centrale terroriste d'Oussama Ben Laden, est née officiellement en janvier 2007. Elle regroupe plusieurs organisations d'Afrique du Nord sous la houlette du GSPC- Groupe salafiste pour la prédication et le combat- algérien, alors dirigé par Abdelmalek Droukdal. Ce dernier tenait à formaliser son intégration au jihad global.

Son offre, du point de vue d'Al-Qaeda, était alléchante. Certes, la base territoriale du GSPC en Algérie même était – et demeure - limitée à quelques gouvernorats, principalement en Kabylie mais l'organisation disposait, et dispose aujourd'hui encore, depuis le Sud algérien, grâce à sa branche saharienne, d'un précieux réseau transfrontalier. Les territoires aux confins de la Mauritanie, du Niger et du Mali, de la Libye et du Sud-tunisien devenaient ainsi terres de jihad. Un jihad nomadisant qui bien souvent relève du brigandage.

Les premiers attentats revendiqués par l'AQMI, en 2007, ciblent l'Algérie: le 11 avril trois attaques coordonnées frappent le palais du gouvernement, un commissariat de police et une caserne de gendarmerie; le 11 juillet, une camionnette bourrée d'explosifs fonce sur une caserne à Lakhdaria; en septembre à Batna le président Abdelaziz Bouteflika est victime d'une tentative d'attentat; en décembre le Conseil constitutionnel et des bureaux des Nations Unies sont visés, à Alger.

La chasse aux ressortissants occidentaux

Mais l'AQMI va rapidement se spécialiser dans la chasse aux ressortissants occidentaux, notamment dans cette zone saharo-sahélienne où la sécurité est particulièrement précaire. Le 24 décembre 2007, quatre touristes français sont assassinés dans l'Est de la Mauritanie. Menacé, le Paris-Dakar 2008 doit être annulé.

Le 22 février 2008 ce sont deux touristes autrichiens qui sont enlevés dans le Sud-tunisien puis transféré dans le déserté algérien. Ils seront finalement libérés par l'armée malienne. Mais en décembre 2008, un diplomate canadien est enlevé en Mauritanie, puis, en janvier 2009, quatre touristes européens, à la frontière entre le Mali et le Niger. Tous seront libérés sauf un, le Britannique Edwin Dyer, exécuté le 31 mai 2009.

En novembre 2009, l'AQMI revendique l'enlèvement de trois humanitaires espagnols en Mauritanie, puis au Mali celle d'un Français de 61 ans, Pierre Camatte, un humanitaire qui a développé la culture d'une plante thérapeutique contre le paludisme. Ce sont ces derniers que la branche maghrébine d'Al-Qaeda menace aujourd'hui d'exécuter.

A lire: Jean-Pierre Filiu, les Neuf Vies d'Al-Qaeda, chez Fayard et Mathieu Guidère, Al-Qaeda à la conquête du Maghreb, aux Editions du Rocher

Dominique Lagarde