vendredi 16 avril 2010

Le tourisme plombé par le terrorisme

Depuis la vague d'attentats et d'enlèvements qui a commencé fin 2007, les visiteurs se font rares dans ce pays saharien où la pauvreté reculait grâce au tourisme.

Chinguetti. Correspondance

Les rues de Chinguetti sont très calmes en cette matinée printanière. La ville ancienne de grès rose, à demi enfouie dans les sables du Sahara, somnole en espérant des jours meilleurs. « On se croirait en 1999, quand il y avait encore peu d'étrangers », soupire Ahmed Sherif, un vendeur de tissus.

Pendant deux ans, les tours operators ont annulé ou limité la destination Mauritanie. Boutiques fermées, auberges closes : Chinguetti s'est aussi vidée d'une partie de ses habitants. Nombre d'entre eux étaient pourtant revenus y vivre grâce aux premiers avions affrétés par le voyagiste Point-Afrique, en 1996, vers Atar, à une heure de route des dunes de Chinguetti et du désert.

Désert relativement sûr

Cette région de l'Adrar, ceinturée de montagnes, avait alors connu un essor économique relatif. En 2007, le tourisme apportait à la Mauritanie près de 32 millions d'euros et 10 800 passagers sur les vols directs Paris-Atar. En 2008-2009, ils n'étaient plus que 1 100. « L'Adrar est pourtant une région sûre, plaide Mahmoud, propriétaire de la maison d'hôte l'Eden à Chinguetti. D'abord pour des raisons géographiques qui rendent son accès difficile sans être repéré. Mais surtout parce que les gens, ici, sont hostiles à toute radicalisation religieuse. »

D'ailleurs, la poignée de Français qui vivent tout ou partie de l'année sur place ne manifeste pas d'inquiétude. Ainsi les médecins membres de l'ONG Médecins de Chinguetti n'ont pas cessé de sillonner la brousse sur un rayon de 200 km.

« Nous avons seulement de nouvelles instructions, explique Pierre Le Ponsin, en tournée avec son fils étudiant en médecine, et une collègue médecin. « Nous prévenons la gendarmerie de notre départ et devons l'appeler par téléphone satellite à notre arrivée. Et nous ne changeons pas d'itinéraire. » Ces mesures s'appliquent aussi aux guides des circuits dans le désert, qui sont en outre équipés de balises Argos et de radiotéléphones.

Une brigade de gendarmerie est désormais postée à quelque distance des bivouacs dans le désert. Alors, le bouche-à-oreille aidant, cette saison 2010 a été meilleure : 2 300 passagers auront volé vers Atar depuis Paris. « Le gouvernement prend certes des mesures efficaces pour la sécurité, commente Dah Maayouf, un ancien guide qui vit maintenant à Nouakchott. Mais il doit aussi se préoccuper de donner de l'espoir aux jeunes de ce pays afin d'éviter que la pauvreté ne fasse le lit de la haine. »