dimanche 11 avril 2010

Les imams de Mauritanie élaborent une stratégie de lutte contre le SIDA

Un séminaire de formation organisé à Nouakchott encourage les imams à jouer un rôle essentiel dans la lutte contre cette pandémie mondiale.

Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud | Magharebia

[Adek Berry/AFP/Getty Images] Les imams travaillent à sensibiliser les Mauritaniens au SIDA.

Les imams et les édiles religieux de Mauritanie travaillent ensemble à élaborer une stratégie destinée à prévenir le VIH/SIDA et à venir en aide aux personnes atteintes, d'une manière qui honore la tradition islamique.

"Le rôle des érudits religieux dans la lutte contre cette maladie et pour le suivi des personnes affligées est important dans notre société islamique", a déclaré le ministre de la Santé Cheikh Mokhtar Ould Herma lors de l'ouverture d'un séminaire de deux jours, le 5 avril, placé sous le thème "Vision et élaboration des mécanismes islamiques de mobilisation des efforts dans la lutte contre le SIDA".

Le ministre a félicité les imams pour l'aide qu'ils ont déjà apportée dans l'aide à l'éducation et aux soins du SIDA.

Les imams "ont montré un parfait exemple lorsque leurs caravanes ont parcouru les régions de l'ouest et du centre de l'Afrique en 2005, en tant que réformateurs, prêcheurs et guides", a déclaré Herma, ajoutant que les Mauritaniens doivent "remporter la bataille contre cette maladie en limitant ses implications économiques et sociales et en apportant leur soutien aux patients".

Ce séminaire s'inscrit dans le cadre de la campagne "Aware 2" de l'Agence américaine pour le développement internal, lancée en Afrique de l'Ouest pour lutter contre la propagation de cette immunodéficience.

Les participants à ce séminaire ont reçu un manuel de recommandations sur la manière d'apporter un soutien aux victimes du SIDA de manière à réduire leur sentiment de marginalisation et d'aliénation. Ils ont aussi discuté de la manière dont les préceptes de l'Islam peuvent être appliqués pour encourager à la prévention, exprimer la solidarité avec les patients et combattre les stigmates de la maladie.

Cette formation s'est également attachée à porter les campagnes de sensibilisation religieuses dans les régions reculées et isolées du pays.

Les Mauritaniens victimes du SIDA ont fait part de leur gratitude aux organisateurs de cette rencontre.

"En tant que personnes infectées par cette maladie, nous fondons de grands espoirs sur ce séminaire, parce que les imams expliqueront au peuple de Mauritanie nos droits aux termes de la sharia islamique" pour éviter la maginalisation, a déclaré Fatimeta Ball, représentante du Programme national de lutte contre le SIDA.

"Nous souhaitons bénéficier du soutien que les imams nous apportent, à nous, les personnes pauvres et malades", a-t-elle expliqué à Magharebia.

Les imams qui participaient à ce séminaire se sont déclarés tout à fait favorables aux objectifs de ce projet pour mieux sensibiliser le public mauritanien.

Le secrétaire général de l'Union des imams, Mohamed Ould Mahoud, s'est félicité du soutien que ce projet apporte aux patients du SIDA dans le pays et de la campagne visant à diffuser une culture de la prévention.

Les imams apprécient de se voir confier la responsabilité de changer l'opinion publique sur cette maladie, et mettront tout en oeuvre pour éclairer le public sur le SIDA et ses conséquences, a-t-il ajouté.

La Mauritania a été choisie pour accueillir ce séminaire du fait de "la richesse et l'efficacité de l'expérience de ses édiles religieuses dans la lutte contre le SIDA", a déclaré l'administrateur de ce projet, le Dr Martin Laourou, à Magharebia. Le pays a mené une campagne de sensibilisation au SIDA en 2005 dans six pays africains, dont le Sénégal, le Mali et le Nigeria, a-t-il rappelé.

L'imam Babe Ould Matta a expliqué que la communauté religieuse poursuivra sa lutte contre le SIDA, qui affecte près d'un pour cent de la population mauritanienne."Nous comprenons parfaitement bien la portée de l'impact qu'ont les responsables religieux en Mauritanie sur les diverses composantes de la société", a-t-il ajouté. "Nous avons besoin d'eux comme partenaires dans la lutte contre cette maladie, qui tue désormais bien trop de personnes sur le continent noir."

"Ce séminaire sera suivi d'autres destinés à former d'autres imams et à les dépêcher dans les provinces de l'intérieur", a-t-il expliqué à Magharebia.

"Ils sensibiliseront les gens à l'importance de la prévention contre la maladie, ainsi qu'à la nécessité de suivre ses patients, de rompre leur isolement social et d'améliorer leurs conditions de vie et financières, en vertu des principes d'enseignement tolérant de l'Islam."