vendredi 16 avril 2010

Les préparations aux examens en ligne en hausse en Mauritanie

Les cyber-cafés sont plus chers que les bibliothèques, mais les parents commencent à percevoir les avantages que l'Internet apporte à l'éducation en Mauritanie.

Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud | Magharebia | Nouakchott

[Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud] Les cyber-cafés fleurissent, profitant de l'essor de l'enseignement en ligne en Mauritanie.

L'Internet est devenu l'un des grands outils de l'éducation en Mauritanie, selon les futurs bacheliers et les enseignants, mais certains parents refusent de payer les frais d'abonnement à un cyber-café pour leurs enfants.

"Les enfants n'arrêtent pas de me demander de l'argent tous les jours, en affirmant que l'Internet leur est utile pour préparer leurs examens", explique Seyid Ould Arbi, 56 ans et père de trois enfants. "Personnellement, je ne comprends pas, et je ne vais pas dépenser de l'argent sur quelque chose que je ne comprends pas."

Les enfants d'Arbi font partie de ces grands nombres d'élèves qui se tournent vers l'Internet pour approfondir leurs connaissances.

"L'Internet nous offre, à nous les élèves, une chance d'en savoir plus sur les différentes théories et approches que nous étudions à l'école", explique Souad Mint Hamahou Allah, une élève en filière littéraire, qui utilise la Toile pour suivre des cours de soutien chez elle.

"Ce que l'on voit en classe n'est pas suffisant si vous voulez vraiment bien maîtriser le sujet", explique-t-elle. "Il faut aussi consulter des informations en ligne."

Les écoles ne sont aujourd'hui que l'un des moyens d'acquérir des connaissances en Mauritanie, explique Salick Ould Mouloud, un enseignant.

"La révolution mondiale de l'information a fait de l'école une station mineure dans la poursuite de la connaissance", explique-t-il. "Les enseignants se trouvent un peu embarrassés, parce que ce qu'ils ont à offrir est très limité."

"Lorsque les élèves entrent un sujet dans un moteur de recherche, ils sont toujours étonnés de la quantité d'informations qu'ils obtiennent – explications, analyses, commentaires, etc.", explique-t-il. "Utiliser l'Internet pour se préparer est devenu une nécessité à la fois pour les élèves et les professeurs. Tous ont besoin de cette technologie."

Les parents habitués à une culture académique un peu différente ne perçoivent pas toujours cette nécessité - du moins de prime abord.

Mariam Mint Sidi Mohamed, mère de deux filles et âgée de 50 ans, a accompagné plusieurs fois l'une de ses filles dans un cyber-café avant de décider que l'Internet pouvait contribuer à son éducation. Elle a finalement été convaincue, explique-t-elle, lorsqu'elle a vu que les camarades de classe de sa fille utilisaient elles aussi les cyber-cafés.

"J'avais habité avec des élèves au bac il y a des années, et je me rappelle qu'ils passaient des heures dans les bibliothèques publiques et privées, sans que cela ne leur coûte jamais rien", se rappelle-t-elle. "Aujourd'hui, les élèves fréquentent les cyber-cafés et désertent les bibliothèques. La vie change très vite."

Selma Mint Mohamed Vadel, 18 ans, qui passera le bac pour la première fois cette année, a également eu des difficultés à convaincre ses parents de payer les frais d'abonnement à l'Internet.

"Je n'arrivais pas à convaincre mes parents de l'importance de l'Internet dans la préparation aux examens de fin d'année", explique-t-elle, "alors j'ai emmené mon père voir le proviseur de l'école pour qu'il discute avec lui du fait que nous avons besoin, nous les élèves, de la technologie moderne."

Le père de Vadel, un agriculteur de la campagne, a alors décidé d'aider sa fille.

Les gérants de cyber-cafés profitent eux aussi du rôle toujours plus important que joue l'Internet dans l'éducation dans le pays."Maintenant, ma famille me donne ce dont j'ai besoin, et j'en suis ravie", explique-t-elle.

"Mon café est en permanence bondé d'élèves, car il est situé à proximité de plusieurs écoles privées", explique Abderrehman Ould Levdhal, l'un de ces propriétaires de cyber-cafés. Ceux-ci ouvrent souvent leurs magasins près des écoles à Nouakchott et à Nouadhibou, pour attirer les élèves.

"J'envisage sérieusement d'étendre [mon café] bientôt, pour qu'il puisse accueillir encore plus d'élèves, notamment à l'approche du bac", explique Ould Levdhal.