jeudi 29 avril 2010

Une force régionale contre Al-Qaida au Maghreb

L'Algérie, le Niger, le Mali et la Mauritanie engagent 25 000 hommes dans la luttecontre les terroristes islamistes, qui utilisent le désert du Sahel comme sanctuaire.

Est-ce la fin d'Al-Qaida au Maghreb islamique ? Pas encore. Mais les États limitrophes du Sahel semblent ¯ enfin ¯ décidés à mettre le paquet pour éradiquer les quelques centaines de djihadistes qui, depuis un peu plus de trois ans, multiplient les embuscades dans cette immense bande désertique...

La ville de Tamanrasset, dans le sud algérien, héberge depuis le début du mois un quartier général, chargé de coordonner les militaires algériens, maliens, nigériens et mauritaniens engagés dans la traque. « Il y a dès à présent 25 000 soldats à sa disposition. Ce chiffre passera à 75 000 d'ici à 2012 »,annonçait, mardi, la télévision d'Alger.

Les Occidentaux encourageaient de longue date cette coopération, essentielle à leurs yeux pour lutter contre l'Aqmi. Cette émanation du GSPC algérien a prêté allégeance à Ben Laden, recruté dans toute la région et multiplié les attaques contre des Européens, depuis l'assassinat, en 2007, de quatre touristes français en Mauritanie. Ses commandos échappent à leurs poursuivants, en jouant à saute frontière et en achetant la protection de groupes rebelles touaregs.

Rapts et enlèvements

Rien qu'en 2009, une dizaine d'Occidentaux ont été enlevés, principalement le long de la frontière entre Niger et Mali. Si le Français Pierre Camatte a été relâché en février, contre la libération de quatre islamistes maliens, le Britannique Edwyn Dyer a eu moins de chance. Ses ravisseurs l'ont tué, en juin 2009, Londres ayant refusé de libérer le Palestinien Abou Qatada, l'un des principaux idéologues d'Al-Qaida. Plusieurs Européens sont toujours retenus dans le désert, dont un Français de 78 ans kidnappé la semaine passée au Niger.

Si l'Aqmi n'a jamais perpétré d'attentat hors d'Afrique, son chef, Abdelmalek Droukdel, et le n°2 d'Al-Qaida, Ayman el-Zawahiri, profèrent régulièrement des menaces, en particulier contre la France et l'Espagne. Des menaces prises au sérieux par les renseignements occidentaux : l'enlèvement contre rançon, le trafic de cigarettes et de drogue ont permis à l'Aqmi de se renforcer et de recruter des jeunes, entraînés, loin de tout, au maniement des armes et des explosifs.

Ouest France