jeudi 18 février 2010

Fin samedi de l'ultimatum pour l'otage français d'Al-Qaïda

Carte localisant enlèvements d'un Français et de trois Espagnols

BAMAKO — L'ultimatum de la branche maghrébine d'Al-Qaïda concernant un otage français détenu dans le nord du Mali expire samedi, mais les autorités de Bamako restaient optimistes à l'approche de cette échéance.

"Nous ne perdons pas du tout espoir pour aider à la libération de tous - je dis bien de tous - les otages", a indiqué jeudi à l'AFP un responsable malien au coeur de ce dossier très sensible, suivi de très près par la France, qui a dépêché à deux reprises son ministre des Affaires étrangères à Bamako.

"Mais j'invite les uns et les autres à observer la discrétion requise sur le sujet", a ajouté ce responsable sous couvert de l'anonymat.

Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) retient actuellement six otages européens dans la zone désertique du nord du Mali.

Outre le Français Pierre Camatte, enlevé fin novembre dans le nord du Mali, cette branche d'Al Qaïda détient aussi trois Espagnols, capturés le 29 novembre en Mauritanie, et un couple d'Italiens, dont une femme d'origine burkinabè, kidnappés le 17 décembre, également en Mauritanie.

Les ravisseurs ont exigé la libération de quatre de leurs combattants détenus au Mali en échange de la remise en liberté de M. Camatte et de l'otage italien Sergio Cicala.

La branche maghrébine d'Al-Qaïda avait fixé un premier ultimatum au 30 janvier concernant uniquement le Français, avant de le repousser au 20 février, menaçant de le tuer si ses demandes n'étaient pas satisfaites. Dans le cas de l'otage italien, l'ultimatum a été fixé au 1er mars.

Ces menaces sont prises d'autant plus au sérieux que, début juin, Aqmi avait annoncé avoir tué, pour la première fois, un otage occidental, le touriste britannique Edwin Dyer, Londres ayant refusé d'accéder à ses exigences.

Les 1er et 13 février, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a effectué deux visites à Bamako. Lors de sa deuxième visite, il était accompagné par le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant.

Le 12 janvier, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, avait lui aussi fait le déplacement à Bamako et s'était entretenu avec le président malien Amadou Toumani Touré.

L'Espagne a, de son côté, envoyé plusieurs messages à Bamako, affirmant qu'elle comptait "sur les hautes autorités maliennes" pour obtenir la libération de ses ressortissants, selon une source diplomatique.

Une vidéo de quelques minutes a récemment été rapportée du nord du Mali comme "nouvelle preuve de vie" des otages espagnols, avait indiqué le 11 février un négociateur de l'Etat malien.

Le 6 février, le président malien s'était exprimé à ce sujet. "Surtout, il ne faut pas être pessimiste. J?invite tout le monde à être optimiste. Nous le souhaitons de tout coeur. Nous souhaitons que tout se passe bien pour eux" (les six otages, ndlr).

M. Camatte avait été kidnappé par des inconnus en pleine nuit le 26 novembre dans un hôtel de Ménaka, dans le nord-est désertique du Mali. Agé de 61 ans, il préside une Association entre la ville de Gérardmer, dans les Vosges (est de la France), où il est domicilié, et Tidarmene, localité du nord du Mali.

La branche maghrébine d'Al-Qaïda a, à plusieurs reprises, pris pour cible la France et des ressortissants français ces dernières années dans la zone sahélienne.

Fin décembre 2007, quatre touristes français avaient été assassinés dans le sud de la Mauritanie. Et début août 2009, un jeune activiste mauritanien s'était fait exploser près de l'ambassade de France à Nouakchott, blessant deux gendarmes français.