mardi 9 février 2010

La peine de prison prononcée à l'encontre de l'éditorialiste mauritanien fait craindre pour la liberté de la presse


[Seyllou/AFP/Getty Images] Les Mauritaniens se disent inquiets pour la liberté de la presse après que la cour d'appel eut alourdi le verdict contre l'éditorialiste de Taqadoumy, Hanefi Ould Dehah.Un tribunal mauritanien a condamné la semaine dernière l'éditorialiste d'un journal en ligne mauritanien à deux ans de prison, suscitant de nouvelles inquiétudes quant à l'érosion de la liberté de la presse dans le pays.













La cour d'appel de Nouakchott a tranché le 4 février sur le cas de Hanefi Ould Dehah, éditorialiste du journal d'opposition Taqadoumy, qui devait répondre de charges d'offense à la morale publique et d'incitation à la rébellion. Il avait été arrêté en juin 2009 sur la base d'une plainte en diffamation déposée par un haut responsable politique.

Cette condamnation fait suite à la précédente peine de six mois de prison prononcée à l'encontre d'Ould Dehah, et a été initiée par la décision du 14 janvier de la Cour suprême selon laquelle le premier procès de cet éditorialiste avait été faussé. Ce nouveau procès est également intervenu après un mois de ce que ses détracteurs qualifient de détention "arbitraire" et la grève de la faim de 15 jours observée par Dehah.

A l'issue du procès, un membre de l'équipe d'avocats d'Ould Dehah a déclaré au Comité pour la protection des journalistes basé à New York qu'un appel serait déposé très prochainement devant la Cour suprême. Entre temps, comme lors des précédentes étapes du procès de Dehah, les réactions nationales et internationales ont été promptes à affluer.

"L'Union des journalistes mauritaniens... dénonce avec tristesse cette condamnation, qu'elle considère comme un recul dans le domaine de la liberté de la presse et dans la manière de traiter les journalistes", indique un communiqué de l'union publié quelques heures seulement après l'énoncé du verdict. "Dans ces circonstances, l'union apporte son plein soutien à Hanefi Ould Dehah et demande qu'il soit libéré immédiatement."

Le 5 février, Reporters sans frontières a publié un communiqué dénonçant cette condamnation et demandant que le Président Mohamed Ould Abdel Aziz autorise ses représentants à rendre visite à Ould Dehah. Cette association internationale de défense des droits de l'Homme condamne ce qu'elle appelle "la punition sévère d'un journaliste professionnel après un... procès injuste et arbitraire".

Ould Deha "a été maintenu en détention pendant plus d'un mois, bien que sa peine de six mois se soit terminée le 24 décembre", ajoute ce communiqué.

La Coordination mauritanienne des Forces de l'opposition démocratiques (CFOD) a publié un communiqué le 4 février appelant "tous les … pouvoirs en Mauritanie et de l'opinion publique internationale à s'opposer fermement au retour à la politique de la terreur".

"La CFOD dénonce ce recul alarmant des libertés en Mauritanie, condamne fermement cette peine oppressive et exprime son entier soutien à Hanefi Ould Dehah et à toute la famille des journalistes", ajoute ce communiqué.

L'agence de presse al-Akhbar a cité Abdullah affirmant que ce comité "lancera une campagne internationale de grande envergure pour informer l'opinion publique internationale" des circonstances et des violations des droits qui entourent le procès de Hanefi.Des membres des médias internationaux ont mis en place un comité de défense d'Ould Dehah, qui sera présidé par un journaliste mauritanien travaillant pour Al Jazeera, Deddah Ould Abdullah. Selon certaines sources de presse, ce comité se compose de plusieurs professionnels des médias mauritaniens, arabes, africains, européens, américains et asiatiques.

Le 6 février, le Parti national pour le développement avait demandé au Président Abdel Aziz d'intervenir pour le compte de Dehah, affirmant : "Nous ne pouvons que demander que le journaliste Hanefi Ould Dehah soit libéré et bénéficie de toute sa liberté."

"A cet égard, nous invitons le Président Mohamed Ould Abdel Aziz à intervenir personnellement pour mettre un terme aux souffrances [de Dehah]", poursuit ce communiqué. "Nous soulignons également la dénonciation par le parti de toute mesure visant à limiter la liberté d'expression ou à emprisonner des journalistes qui ne font que mettre à profit les libertés qu'ils s'étaient vus accorder."