mardi 23 février 2010

"Harragas" : clandestins en partance

Une scène du film franco-algérien de Merzak Allouache, "Harragas".
JOUR2FÊTE
Une scène du film franco-algérien de Merzak Allouache, "Harragas".

Merzak Allouache, réalisateur de Chouchou, se tourne vers les "brûleurs", ces hommes et ces femmes venus des quatre coins de l'Afrique pour traverser la Méditerranée.

En exergue de son film, il explique son titre. "Harragas, ce mot, originaire de l'arabe algérienharraga, veut dire "brûler". Partir, cela s'appelle brûler, brûler ses papiers, brûler les frontières, brûler sa vie s'il le faut mais partir. Avant de partir les clandestins brûlent leurs papiers d'identité pour que les garde-côtes ne puissent pas savoir qui ils sont ni d'où ils viennent. Ils prennent la mer depuis l'Afrique du Nord, la Mauritanie, le Sénégal sur des pateras(embarcations de fortune) pour rejoindre les côtes andalouses, Gibraltar, la Sicile, les Canaries, les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, l'île de Lampedusa ou encore Malte".

En faisant de ces "brûleurs" les héros d'une fiction, en les filmant à partir de la côte algérienne, Merzak Allouache propose une alternative bienvenue à la représentation de ces hommes et de ces femmes dans les médias occidentaux (photographiés à leur arrivée en Europe alors qu'ils sont dépouillés de tout, hagards après un voyage d'une dureté inimaginable, et rapidement parqués comme des délinquants dans des centres de rétention).

Ici, les personnages sont introduits alors qu'ils ont encore un pied dans une vraie vie, une vie insatisfaisante, et à laquelle ils s'apprêtent à tourner le dos, mais une vie néanmoins, avec famille, maison, amis, activité professionnelle.

Malheureusement, le film se contente de poser des personnages-types pour dresser la liste la plus exhaustive possible des sacrifices que requiert un tel voyage, des obstacles quasi-insurmontables qui se dressent sur la route des candidats au départ. On a le sentiment d'avoir affaire à un dossier de société dont la fin suggère, qui plus est, que le jeu n'en vaut pas la chandelle.


Film franco-algérien de Merzak Allouache avec Nabil Asli, Lamia Boussekine, Seddik Benyagoub. (1 h 35.)

Isabelle Regnier