jeudi 18 février 2010

L'OMS recommande que le H1N1 soit intégré au futur vaccin saisonnier

GENÈVE — L'Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoit que le virus pandémique H1N1 continue de circuler l'hiver prochain dans l'hémisphère nord, mais préconise désormais de l'intégrer dans le futur vaccin contre la grippe saisonnière, a-t-elle indiqué jeudi.

Alors que l'apparition du virus déclaré première pandémie de grippe du siècle a donné lieu à la production massive d'un vaccin séparé avant l'hiver, l'OMS recommande pour 2010-2011 la production d'un seul vaccin protégeant contre tous les virus de grippe en circulation.

L'organisation onusienne prévoit que trois virus, le H1N1 mais aussi le H3N2 et le B déjà présents cet hiver continuent "de cohabiter en 2010-2011 dans l'hémisphère nord avec une probabilité que le virus pandémique de 2009 domine".

Elle "recommande" en conséquence que le "virus pandémique soit intégré au futur vaccin de grippe saisonnière" avec le H3N2 et le B, a expliqué lors d'une conférence de presse le spécialiste des pandémies de grippe de l'OMS, Keiji Fukuda.

Cette décision a été prise à l'issue d'une réunion d'experts qui est chargée deux fois par an de faire des recommandations de vaccins de grippe pour le nord et le sud. En septembre, l'OMS avait déjà recommandé de ne plus faire qu'un vaccin saisonnier pour les pays du sud.

En mai, deux mois après l'apparition du virus d'un type inédit sur le continent américain, l'organisation avait estimé qu'un vaccin spécifique devait être consacré au H1N1, ouvrant une course contre la montre des laboratoires pour la fabrication du nouveau produit.

Alors que la grippe pandémique s'est révélée moins agressive que craint, nombre de pays occidentaux se sont retrouvés avec des surplus de vaccins qu'ils tentent désormais de revendre. Quelque 200.000 millions de personnes se sont vaccinées contre le H1N1 dans le monde, a précisé le Dr Fukuda. Un chiffre bien en deça de ce qui avait été anticipé par les gouvernements.

Une polémique est née de cette situation, certains accusant l'OMS de connivence avec les laboratoires pour la production de ce vaccin spécifique, ce que l'organisation onusienne n'a cessé de démentir.

Interrogé sur le sort de ces gigantesques stocks, le Dr Fukuda a reconnu que tous les vaccins H1N1 déjà conditionnés ne pouvaient être réutilisés. Les laboratoires ont en revanche "en théorie" la possibilité de se servir du produit en vrac, a-t-il assuré.

Relevant que la propagation du virus qui a fait plus de 15.000 morts depuis son apparition en mars 2009 a globalement marqué le pas dans le monde, le responsable de l'OMS a tenu à préciser que l'incorporation du H1N1 dans un vaccin saisonnier ne signifait pas la fin de la pandémie.

"Cette recommandation n'est pas une indication que la pandémie est terminée", a insisté le Dr Fukuda. Certaines poches de propagation existent encore, comme en Afrique de l'ouest et notamment au Sénégal et en Mauritanie.

Le comité d'urgence de l'OMS doit toutefois se réunir mardi pour déterminer si "le pic" de la pandémie est globalement passé, a-t-il ajouté.