vendredi 5 février 2010

Mauritanie: un journaliste, détenu depuis 7 mois, condamné à 2 ans de prison

NOUAKCHOTT — Le journaliste mauritanien, Hanavi Ould Dehah, directeur du site d'information "Taqadoumy", a été condamné jeudi à deux ans de prison pour incitation à la rébellion, outrage et atteinte aux bonnes moeurs, a-t-on appris de source judiciaire.

"M. Ould Dehah a été condamné à deux ans de prison ferme" par une "cour de renvoi" constituée par la Cour suprême à la mi-janvier pour le rejuger après qu'il ait purgé une peine de six mois de prison au terme d'une première condamnation.

Selon ses avocats, le journaliste devait sortir de prison le 24 décembre dernier, mais il a été maintenu en prison de "façon arbitraire".

"C'est une façon de légaliser la détention arbitraire", a protesté son avocat, Me Brahim Ould Ebetty dans une déclaration à l'AFP à la fin du procès. Selon lui, la cour de renvoi a retenu contre le journaliste des chefs d'inculpation dont certains avaient été écartés lors de son premier jugement, à savoir: incitation à la rebellion, outrage et diffamation contre un homme politique, ancien candidat à la présidentielle.

Des chefs d'inculpation comme l'atteinte aux bonnes moeurs et la publication de procès verbaux de police ont également été pris en compte par la Cour contre M. Ould Dehah, a affirmé son défenseur.

M. Ould Dehah, directeur du site d'informations Taqadoumy, avait été arrêté et placé en détention provisoire fin juin. Puis le tribunal correctionnel de Nouakchott l'avait condamné, en août, pour "atteinte aux bonnes moeurs" à six mois de prison ferme, ce qu'avait confirmé ensuite la cour d'appel.

Après avoir purgé sa peine, le journaliste devait être libéré le 24 décembre, mais il avait été maintenu en détention suite à un pourvoi en cassation déposé par le parquet.

Le 14 janvier, la Cour suprême a finalement cassé les précédentes décisions de justice, renvoyant l'affaire devant une nouvelle cour, pour que le journaliste soit rejugé.

Le site Taqadoumy se situe dans l'opposition au régime de Mohamed Ould Abdel Aziz, meneur du coup d'Etat du 6 août 2008, élu en juillet 2009 à la présidence de la République.

Reporters sans frontières (RSF) avait dénoncé en janvier son maintien en détention, le jugeant "totalement inacceptable et scandaleux", de même que d'autres organisations de défense des droits de l'Homme.