vendredi 26 février 2010

L'ex-otage français Pierre Camatte raconte son calvaire "épouvantable"

RÉCIT - L'ex-otage français Pierre Camatte raconte son calvaire

Pierre Camatte et Nicolas Sarkozy, qui a effectué une visite de deux heures à Bamako dans la nuit de mercredi à jeudi pour le rencontrer © AFP PHOTOS.

L'ex-otage français Pierre Camatte, relâché mardi par Aqmi, branche d'Al-Qaeda au Maghreb, est revenu mercredi sur ses trois mois de captivité dans le désert malien. En présence de Nicolas Sarkozy, qui a effectué une visite de deux heures à Bamako dans la nuit de mercredi à jeudi pour le rencontrer, il a décrit ses ravisseurs comme des "fanatiques".

Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) l'a libéré mardi après avoir obtenu de Bamako la remise en liberté de quatre islamistes détenus au Mali. "Ils détiennent une vérité qui est à la vérité suprême. Ils ont le Coran qu'ils lisent tout le temps. (...) Ils disent que les musulmans de France ne sont pas de vrais musulmans, que ce sont eux qui détiennent la vérité et que leur objectif est d'islamiser le monde entier", a déclaré Pierre Camatte, au cours d'une conférence de presse, au palais de la présidence malienne. "Ils recrutent surtout chez les jeunes. Il y a, parmi eux, 70 à 80 % des jeunes, et ça, ça pose problème", a expliqué l'ex-otage, âgé de 61 ans, qui ajoute qu'il avait parfois eu "des échanges en anglais avec certains d'entre eux, parce que rares sont parmi eux ceux qui parlent français".

"Le plus difficile, c'est la solitude"

Évoquant les conditions de sa captivité dans le désert, il a dit : "C'est difficile d'imaginer une prison. On me donne une couverture et c'est ça ma prison.(...) On est isolé, on ne doit pas bouger, il y a la chaleur du Sahara, les conditions d'hygiène épouvantables, une alimentation et une eau absolument dégoûtantes. (...) Le plus difficile, c'est la solitude." Nicolas Sarkozy a alors ajouté : "Des blessures, des coups." L'ex-otage a conclu : "Aujourd'hui, je dois me reconstruire."

Pierre Camatte a été kidnappé le 26 novembre dans un hôtel de Ménaka (nord-est) par des Maliens de la région qui l'auraient ensuite "vendu" à Aqmi, selon des sources maliennes. Depuis, le Français aurait été retenu par le groupe de l'Algérien Abdelhamid Abou Zeïd, responsable de l'assassinat, en juin, d'un otage britannique. Par ailleurs, dans le nord du Mali, Aqmi séquestre toujours trois Espagnols et un couple d'Italiens enlevés en Mauritanie.