mardi 21 septembre 2010

Aqmi accuse la Mauritanie d’agir pour le compte de la France


Carte de la Mauritanie
Carte de la Mauritanie
Eric Gaba-Sting/CC, GNU, Wikimedia Commons
RFI

Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) condamne le bombardement de civils par l'armée mauritanienne dans la région de Tombouctou au Mali. Aqmi fait notamment référence dans son communiqué aux deux femmes tuées par un avion mauritanien le dimanche 19 septembre 2010. Un raid mené suite à l’enlèvement la semaine dernière de sept étrangers dont cinq Français au Niger. Un rapt qui n’a pas été formellement revendiqué. L’organisation terroriste accuse Nouakchott d'être l'agent de la France et promet des représailles.

Le communiqué diffusé par une agence de presse privée mauritanienne dénonce un crime lâche mené par un pouvoir à la solde des mécréants et des croisés. « Nouakchott a eu recours au mensonge et à la désinformation » dit le texte. Une allusion à la version des autorités mauritaniennes qui ont affirmé qu'une des femmes décédée était l'épouse d'un combattant islamiste.

Al-Qaida au Maghreb islamique menace directement le président mauritanien Ould Abdelaziz : « La guerre que tu mènes par procuration à la place de la France est une folie et le sang des deux femmes martyrs ne restera pas impuni ».

Ces propos sont loin d'être les premiers du genre. Depuis 2005, Aqmi s'en est pris à la Mauritanie et à ses présidents successifs. Les militaires mauritaniens ont été les premiers à payer le prix d'attaques sanglantes menées par djihadistes en plein désert. Et depuis 2007, les étrangers ont été aussi pris pour cible dans le pays, victimes d’assassinats ou d'enlèvements.

La coopération militaire entre la France et la Mauritanie, qui s'est illustrée en particulier le 22 juillet 2010 par un raid au nord Mali, justifie aujourd'hui toutes les menaces. La dernière remonte à début août. Et trois semaines plus tard, un kamikaze se faisait exploser dans une caserne militaire à Nema dans l'est du pays.

Le président mauritanien attendu ce mardi à Bamako

Il doit s'entretenir avec Le président malien Amadou Toumani Touré, notamment des questions sécuritaires. L’heure est au réchauffement entre les deux voisins. C'est le message que veulent faire passer les deux pays.

Il y a six mois, la Mauritanie avait rappelé son ambassadeur pour protester contre la politique malienne en matière de lutte contre le terrorisme. La semaine dernière le diplomate a repris son poste à Bamako et on se plaît à dire, côté mauritanien, que le rapprochement est irréversible.

On vient d'ailleurs d'apprendre ce lundi matin, 20 septembre, que la Mauritanie allait remettre sous peu au Mali 20 de ses ressortissants arrêtés en février et accusés de « trafic de drogue et de soutien » à al-Qaida au Maghreb islamique.

Le Mali de son côté a ouvert ces derniers jours ses frontières à l'armée mauritanienne en lui accordant un droit de poursuite. Bamako a laissé les soldats mauritaniens combattre des djihadistes près de Tombouctou. Un partage des rôles qui a, jusqu'ici, servi les intérêts de chacun. Si ce n'était la bavure dimanche de l'armée mauritanienne qui a bombardé une voiture de civils maliens. Une frappe embarrassante pour Bamako.

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