lundi 27 septembre 2010

Une nouvelle impulsion dans la lutte sous-régionale contre le terrorisme

C’est du moins l’objectif de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger, dont les responsables militaires étaient réunis ce dimanche à Tamanrasset. « Comment passer à l’action au Sahel », expose Liberté en Algérie. « Après la mise en place d’une coordination des services de renseignement, voici venu le moment d’installer un poste de commandement opérationnel commun des opérations conjointes. Ce commandement aura pour objectif de traquer les éléments d’Al-Qaïda, éparpillés dans le désert » relève le journal.
« L’enlèvement au nord du Niger, mi-septembre, des sept employés d’Areva et leur transfert au nord du Mali ont ravivé l’inquiétude des Etats, constate El Watannotamment l’Algérie qui a convoqué cette réunion d’urgence à Tamanrasset. L’intervention de la France et de la Mauritanie en territoire malien (en juillet dernier) a été sévèrement critiquée, remarque le journal, et a suscité les grincements de dents des uns et des autres, mais aussi l’inquiétude de voir la région basculer vers l’Afghanisation. A l’ordre du jour, donc, relève El Watan, l’examen de la situation et les mesures à prendre pour 'faire en sorte' que chacun des pays 'assume' ses responsabilités en menant la lutte contre le terrorisme sur son propre territoire et en privilégiant la coopération régionale. » Et le quotidien algérien de s’interroger : « peut-on croire que les lourdes divergences qui ont miné ce comité vont enfin se dissiper pour laisser place à une lutte régionale coordonnée contre les phalanges d’Al-Qaïda et leurs alliés les barons de la drogue colombienne ? L’avenir nous le dira…»
L’engrenage militaire
« Depuis longtemps, on attend des responsables de la région, une harmonisation des actions. Cette autre rencontre sera-t-elle la bonne ? Le miracle aura-t-il vraiment lieu ?» Des interrogations formulées cette fois par Le Pays  au Burkina. Le Pays qui constate que « face à AQMI, les pays de la région semblent avoir compris qu’ils sont condamnés à unir leurs forces. Un plan a donc été mis au point, qui permettra de lutter avec efficacité contre le crime organisé et le terrorisme dans le Sahel. Dans ses grandes lignes, précise le quotidien burkinabé, il est prévu de baser dans le Sud algérien un poste de commandement opérationnel composé des troupes de plusieurs pays de la sous-région. L’Algérie est le premier pays à prendre les rênes de la force commune. Sur le terrain, Il y aura des équipes techniques d’appui, positionnées à des endroits précis dans tout le Sahel avec pour objectifs, entre autres, de traquer les éléments d’Al-Qaïda. »
Commentaire du Pays : « c’est donc l’engrenage dans la région. D’une part, les pays directement concernés mobilisent leurs troupes. De l’autre, Paris, excédé par les dernières audaces d’AQMI au Niger, fait débarquer des soldats dans le Sahel comme pour préparer une guerre d’endurance et de grande envergure. Il lui faut laver l’affront d’Al-Qaïda. »
L’enjeu du nucléaire
Et cette présence militaire française renforcée au Sahel inquiète certains journaux, à l’instar de l’hebdomadaire nigérien La Roue de l’Histoire, pour qui « Al–Qaïda apparaît ici comme un prétexte vertueux et le Plan Sahel décrété par le Président français Nicolas Sarkozy dans les pays comme le Niger, le Mali, la Mauritanie préfigure clairement une implantation militaire française dans le Sahel à l’image de l’Africom pour les américains. » 
Pour 
La Roue de l’Histoire, l’élément déterminant dans cette affaire est « l’enjeu stratégique autour du nucléaire ». Et « pour Areva, explique-t-il, l’essentiel était d’obtenir une présence militaire française dans la région. (…) Au fur et à mesure que le personnel civil d’Areva est évacué en France, des éléments de l’armée française vont progressivement investir le Nord nigérien. En fait, conclut l’hebdomadaire nigérien, si la France a toujours cherché une présence militaire dans la région Sahélo-saharienne, elle ne pouvait rêver meilleure occasion. »
Le terreau du terrorisme
Enfin, on revient au quotidien Le Pays, pour qui l’intervention militaire, qu’elle soit française ou interrégionale, ne règlera pas tout… « L’action militaire ne peut pas résoudre à elle seule l’ensemble des problèmes qui se posent dans cette région immense et diversement peuplée,affirme le quotidien burkinabé. Et si les Etats subsahariens ont toujours éprouvé du mal à y exercer leur autorité, relève Le Pays, c’est que les communautés qui vivent dans cette partie du continent, ont toujours su tisser, au fil du temps, des réseaux d’influence et des liens de complicité indispensables à leur survie. La probable connexion entre les islamistes et certains éléments des communautés vivant sur le vaste territoire sahélo-saharien, incite à plus de concertation et de conjugaison des efforts, affirme le quotidien burkinabé. (…) Dans un tel contexte, estime-t-il, AQMI saura toujours compter sur la complicité d’individus ou de groupuscules ayant en partage avec lui le rejet de toute influence ou tutelle étrangère, qu’elles proviennent de la puissance publique locale ou pas. Et cela, remarque Le Pays, tant que dureront la pauvreté, l’exclusion sociale et la mauvaise répartition des 'fruits de la croissance', conséquence de politiques de développement inégalitaires. »
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