lundi 20 septembre 2010

La Mauritanie dévastée par les inondations

Hamdi Ould Cheikh pour Magharebia | Nouakchott

[Hamdi Ould Cheikh] Les inondations en Mauritanie ont détruit de nombreuses localités.

La saison des pluies de cette année en Mauritanie a endommagé des infrastructures critiques et déplacé des centaines de familles, mais elle pourrait aussi avoir évité le spectre de la famine qui sévit dans d'autres pays sahéliens. Les précipitations considérables ont entraîné des dommages très répandus et coupé les principales routes reliant la capitale, Nouakchott, au reste des villes et bourgades de l'intérieur du pays. Mais le Programme alimentaire mondial avait averti en juillet que sans pluies importantes, les pays du Sahel risquaient de se retrouver face à une menace de famine.

La Route de l’Espoir, la plus longue du pays avec ses quelque 1200 km, qui traverse le pays jusqu'à sa frontière orientale, est restée impraticable pendant plusieurs jours après avoir été emportée en plusieurs endroits.

Les camions transportant des produits depuis les marchés sont restés bloqués pendant plusieurs jours, dans l'attente de points de franchissement de secours.

"Le problème, c'est que je transporte des produits alimentaires périssables et qui risquent de pourrir. En Mauritanie, il n’y a pas d’assurance pour ce genre de produits, donc le propriétaire de la cargaison sera confronté à une énorme perte. Les points de franchissement qui ont été mis en place comme solution provisoire ne résistent pas et à chaque pluie, ils sautent ; nous sommes donc coincés jusqu’à l’écoulement des eaux pour pouvoir passer", a expliqué Mohamed Ould M'Bareck, un chauffeur de camion.

La route reliant Nouakchott à Nouadhibou, la capitale économique du pays, a été coupée pendant deux jours par suite de plus de 100mm de pluie. Les vacanciers qui rentraient à Nouakchott après avoir célébré l'Aïd al-Fitr au Maroc ont fait part de leur désarroi.

"J’ai trois enfants ont un bébé de quatre mois. Ici sur la route, il n’y a pas d’infrastructures hôtelières, ni de gîtes d’étapes. Je dois donc rebrousser chemin et attendre que la route soit réparée", a expliqué Mohamedou Salem à Magharebia.

Dans le centre et le sud du pays, plusieurs localités ont été inondées, des maisons détruites et des familles entières se retrouvent sans abri. Les habitants s'inquiètent avant tout de la destruction des digues, des écoles et des commerces.

Fatma Mint Brahim, une femme divorcée habitant à Kamour avec ses trois enfants, a expliqué à Magharebia : "Les inondations sont intervenues en plein mois du Ramadan, qui est déjà difficile pour les populations. Mais ici, nous sommes plus préoccupés par les dégâts causés aux écoles dont les classes vont rouvrir en octobre prochain. Il faut compter la durée des travaux de réfection et la menace de pluie qui, à tout moment, peut perturber les travaux ; ce qui fait que la rentrée scolaire pourrait être retardée."

Même si la misère de ceux qui ont souffert de ces pluies est difficile à supporter, les pluies ont apporté quelques motifs de satisfaction aux groupes de jeunes Mauritaniens qui ont travaillé à sortir les véhicules noyés sous les eaux en échange de 4 000 à 7 000 ouguiya par véhicule (entre 11 et 19 euros).

Le plan d'urgence initié par le gouvernement a permis la distribution immédiate de 400 tonnes de blé, de dattes, d'huile et de plus de 350 tentes et 500 couvertures. Des rations alimentaires comprenant un sac de riz, 10kg de sucre, 5 litres d'huile, 4kg de dattes, et une moustiquaire imprégnée, ont été remises à chacune des familles affectées.Selon les autorités, plus de 2 000 familles ont été officiellement touchées. Le gouvernement a mis en place une cellule de crise pour tenter de gérer la situation. Certains pays, comme l'Algérie, la Libye et le Qatar, ont fait parvenir des fournitures d'urgence.

"Le nombre des personnes sinistrées enregistrées dans un premier temps par les autorités administratives a été revu à la hausse dans un second temps à la suite des visites effectuées sur le terrain par les responsables de la caravane dans les localités sinistrées", a expliqué Sidi Mohamed Ould Khattry, conseiller auprès du Premier ministre chargé de superviser les opérations de secours.

Il a expliqué que la distribution de nourriture et de tentes avait été initiée de manière transparente et honnête. Il a précisé que les pouvoirs publics étaient prêts à intervenir et à fournir les aides nécessaires aux villes et villages sinistrés selon les besoins, relevant que ces villages bénéficieront d'une aide permanente.