mardi 21 septembre 2010

L'opposition dénonce une guerre "illégitime" menée sans les pays voisins

NOUAKCHOTT - La Coordination de l'opposition démocratique (COD) en Mauritanie a jugé "illégitime" mardi l'offensive de l'armée contre la branche maghrébine d'Al-Qaïda "sur la terre d'un autre pays", le Mali, en évoquant une action menée en coordination avec une "force étrangère".

Dans un communiqué en arabe, la COD se dit "surprise" par l'entrée de la Mauritanie "dans une guerre illégitime, sans fondements légaux, et dénuée de tout consensus national (...)". Elle reproche au pouvoir d'avoir "décidé de façon unilatérale d'engager le pays dans une guerre dont il n'a pas bien calculé les résultats".

"Pourquoi menons-nous cette guerre sur la terre d'un autre pays?", interroge cette coalition des principaux partis de l'opposition au régime de l'ex-général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz, élu à la présidence en 2009.

"L'on est en droit de s'interroger sur les raisons qui ont amené notre pays à s'engager seul dans cette guerre, sans la participation des pays de la région confrontés au même danger", écrit la COD qui demande: "Sommes-nous capables, seuls, d'être le gendarme chargé de la sécurité de la région?"

La COD juge que la Mauritanie a "préféré coordonner" cette action "avec une force étrangère", semblant faire allusion à la France, près de deux mois après un raid franco-mauritanien contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Mali.

Cependant, elle réaffirme son "soutien" et ses "condoléances" aux forces armées "pour ce qui leur est arrivé durant cette opération".

Selon un bilan officiel, huit soldats mauritaniens sont morts pendant ou après les combats, tandis qu'au moins 12 "terroristes" ont été tués.

Le principal parti d'opposition mauritanien, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) d'Ahmed Ould Daddah, fait partie de la COD, mais avait publié mardi un communiqué distinct.

Dans son propre texte, le RFD demandait aux autorités de mieux informer le pays sur les "opérations militaires" tout en exprimant son "entière solidarité avec l'armée". Il soulignait également "la nécessité de bâtir un front intérieur, en vue de faire face aux menaces qui guettent la Mauritanie".

Le 12 septembre, le RFD avait annoncé qu'il reconnaissait désormais Mohamed Ould Abdel Aziz "comme président", après avoir vivement contesté son élection. Il avait expliqué que sa décision était "dictée par les nombreux défis auxquels fait face la Mauritanie", en particulier celui posé par les actions d'Aqmi menaçant "l'existence de la Nation et sa stabilité".

AFP