mardi 21 septembre 2010

Les pays du Sahel-Sahara luttent contre le financement du terrorisme

Walid Ramzi | Magharebia | Alger

[Fayez Nureldine/AFP/Getty Images] Abdelkader Messahel, le ministre algérien du Maghreb et des Affaires africaines, a demandé une plus forte collaboration régionale dans la lutte contre AQMI.

Les chefs des services de renseignement d'Algérie, du Mali, de Mauritanie et du Niger ont tenu une réunion ultra-secrète à Alger mercredi 15 septembre pour lancer une "cellule de renseignement" sahélo-saharienne.

Cette nouvelle unité, qui vient en appui ducommandement militaire conjoint de Tamanrassetmis en place en avril dernier, vise à contenir les activités d'al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) en asséchant le financement de l'organisation terroriste à partir des réseaux de trafic et du paiement des rançons.

Les chefs des services de renseignement ont souligné que l'argent des rançons reçu par les militants grâce aux enlèvements de ressortissants occidentaux avait été utilisé pour acheter des armes et des explosifs.

Aux termes de cette initiative de coopération, plusieurs milliers de soldats bénéficieront également d'une formation à la guérilla pour être en mesure de mieux lutter contre les combattants d'al-Qaida au Maghreb islamique. Des troupes d'autres pays africains participeront également à ces exercices de formation spécialisée.

Cette nouvelle organisation militaire recevra également une formation sur la manière de mieux contrôler les vastes étendues désertiques que les éléments terroristes utilisent comme base pour lancer leurs attaques. De plus, les militaires seront formés aux dialectes locaux hassani, ifogha et tergui. Le centre de commandement de cette nouvelle force sera basé à Alger et placé sous la direction d'un colonel de l'armée algérienne connu pour ses compétences militaires et son professionnalisme.

Le ministre algérien du Maghreb et des Affaires africaines Abdelkader Messahel a déclaré lors d'une conférence de presse jeudi qu'Alger accueillera deux autres réunions dans les jours qui viennent pour discuter de la sécurité au Sahel et des efforts antiterroristes en cours.

"Nous sommes certains que la responsabilité première incombe à ces pays, notamment africains, assumant la responsabilité des problèmes de sécurité", a-t-il confirmé. "Nous avons pris l'initiative de pénaliser le paiement des rançons il y a quatre ans, en constatant que ce phénomène devenait très répandu et constituait une véritable stratégie pour les groupes terroristes", a-t-il ajouté."[Nous] devons porter une part de la responsabilité de protéger les étrangers dans notre région", a déclaré Messahel. Il a ajouté que la coopération pourra être renforcée par la formation, ainsi que par l'apport d'une assistance technique et de renseignement aux pays qui ne disposent pas de cette capacité.

L'Algérie s'est prononcée contre la pratique de certains pays de verser des rançons à AQMI.

Al-Qaida a reçu plus de 150 millions euros, dont 50 millions de rançons en provenance des pays occidentaux, en échange de la libération de leurs ressortissants, a indiqué le conseiller présidentiel algérien Kamel Razzaq le mois dernier. L'Espagne arrive en tête de la liste de ces pays, ayant versé 8 millions d'euros, soit 16 pour cent du total de l'argent des rançons.