mercredi 2 décembre 2009

A la Une : les rapts se multiplient dans la zone sahélienne

Frédéric Couteau

Localisés ? Libérés ? On a eu l’espoir mardi soir, l’espace de quelques heures, d’un dénouement heureux dans l’affaire des 3 humanitaires espagnols enlevés dimanche dernier en Mauritanie. Le portail d’information Mauritanie-Web relayant l’agence de presse espagnole DPA, annonce en effet en fin d’après-midi que « les trois travailleurs humanitaires espagnols ont été localisés par l'armée mauritanienne et que des négociations auraient débuté avec les ravisseurs. »
Ensuite on apprend que « les trois humanitaires espagnols ont été abandonnés par leurs ravisseurs près du Sahara Occidental ».
Mais quelques heures plus tard, c’est la douche froide : démenti formel des autorités marocaines…

Compassion, consternation et tristesse…

Ces trois humanitaires, deux hommes et une femme, font partie de l’association Barcelona Accio Solidaria qui fournit, entre autre, du matériel aux écoles. Et ils étaient notamment attendus dans les prochains jours à Tambacounda au Sénégal, nous apprend Le Soleil . Là-bas, écrit le journal, « c’est la compassion, la consternation et la tristesse au sein de la communauté scolaire. (…) La nouvelle de l’enlèvement est tombée comme un couperet, affirme Le Soleil. (…)Car le partenariat établi avec les humanitaires espagnols était particulièrement fécond. (…) C’est pourquoi, conclut le quotidien sénégalais, d’intenses prières sont dites à Tambacounda pour leur libération. »

Actions concertées ?

Inquiétude et désarroi également dans le Nord Mali, avec l’enlèvement de ce Français, Pierre Camatte, jeudi dernier, dans la région de Gao. « En fait, relève Le Républicain, les populations avaient repris espoir que la paix allait s’installer au nord », avec l’apaisement ces derniers mois de la rébellion touareg. « Malheureusement, cet espoir a été de courte durée », s’exclame le journal qui affirme que « les services de sécurité français avaient prévu une nouvelle aggravation de la menace terroriste dans la région. » Le quotidien malien met dans le même sac également la récente affaire de l’avion de la drogue… « Tout cela, écrit-il, finit par corroborer la thèse de manœuvres concertées des réseaux de toutes obédiences qui grouillent dans l’espace sahélo-saharien. »

Ou groupes terroristes éclatés ?

Le quotidien Le Pays au Burkina affirme à contrario qu’il ne faut pas tout mélanger : «Mali, Niger, Tchad, Soudan, Centrafrique et tout dernièrement, la Mauritanie. Les otages enlevés ont tous une caractéristique commune, écrit le journal : Français, Espagnols, Britanniques, ils sont tous Européens. Le modus operandi des kidnappeurs demeure sensiblement le même, mais les revendications varient. Preuve, affirme Le Pays, que les auteurs de ces rapts ne sont pas tous d’une même obédience. »
En tout cas, pour le quotidien burkinabé, « ces terroristes se trompent de cible. (…) A supposer que la cause de ces +combattants+ soit vraiment l’affranchissement du continent africain des serres de quelque puissance +néo-coloniale+, la sagesse commanderait qu’ils s’en prennent d’abord aux dirigeants de leurs pays, qu’ils leur réclament bonne gouvernance et saine démocratie pour leur peuple. (…) S’en prendre à la vie de ces humanitaires européens qui viennent soulager la misère des nécessiteux dans les villes et villages africains est tout simplement odieux, intolérable et inhumain », s’exclame Le Pays.

Al-Qaida au Maghreb islamique sur le déclin ?

En France, Le Figaro constate qu’Al-Qaida au Maghreb islamique détient quatre Européens en otage : les trois Espagnols et le Français. Mais, « aussi inquiétantes soient-elles, relève le journal, ces nouvelles prises d’otage ne doivent pas faire illusion. Al-Qaida est une organisation aux abois », affirme Le Figaro. Elle a échoué en Algérie. Et son succès au Sahel, « semble précaire. Sous l’égide des Etats-Unis et de certains pays européens, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad, constate le journal, ont commencé à coopérer et à se former dans la lutte antiterroriste ». Et selon Le Figaro, « ces efforts commencent à porter leurs fruits. »