samedi 12 décembre 2009

Un désert coupé en deux par un conflit de trente-quatre ans

Le conflit du Sahara occidental s'éternise depuis trente-quatre ans dans une indifférence quasi générale. Il démarre en novembre 1975, quand le roi du Maroc, Hassan II, lance quelque 350 000 de ses compatriotes en direction de ce territoire, grand comme la moitié de la France, que le colonisateur espagnol est en train de quitter. Ce bout de désert recèle d'importantes richesses : du phosphate, du fer et, surtout, des réserves de poissons au large. Hassan II lance sa "marche verte", alors qu'un mois plus tôt la Cour internationale de justice a recommandé l'organisation d'un référendum pour laisser les Sahraouis décider de leur sort. Mais personne n'ose s'interposer face au Maroc. Un accord est vite trouvé : le Sahara occidental est coupé en deux, le nord est attribué au Maroc, le sud à la Mauritanie. Les civils sahraouis, eux, se séparent. Les uns demeurent sur place et passent sous occupation marocaine. Les autres fuient vers l'Algérie. Aujourd'hui, ils vivent de l'aide internationale dans des camps de réfugiés.

Harcelée par le Front Polisario, mouvement militaire indépendantiste sahraoui, la Mauritanie abandonne en 1978 sa portion de Sahara. Le Maroc l'investit aussitôt. Une guerre sporadique se poursuit entre le royaume chérifien et le Polisario dans les années 1980.

En 1991, un cessez-le-feu est signé, sous l'égide des Nations unies, mais faute d'accord sur la composition du corps électoral, le référendum est abandonné.

La population sahraouie est estimée aujourd'hui à quelque 400 000 personnes. Les trois quarts vivent sous occupation marocaine, largement dépassés, en nombre, par les Marocains venus du nord du royaume. Dans les camps de Tindouf, en Algérie, ils sont environ 120 000.

Toutes les tentatives de règlement du conflit se heurtent au langage de sourds des principaux protagonistes (dont l'Algérie, qui épaule le Front Polisario). Le Maroc ne veut entendre parler que d'une autonomie élargie. Le Polisario, lui, rappelle le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui.

La France, quant à elle, se voit amèrement reprocher par les Sahraouis et l'Algérie son soutien sans faille au Maroc. Elle s'est ainsi opposée, en avril, à l'extension du mandat des casques bleus de l'ONU à la surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental comme dans les camps de Tindouf. Une surveillance instamment réclamée par Amnesty International etHuman Rights Watch, notamment.

Florence Beaugé