samedi 19 décembre 2009

Sahara occidental: une affaire très politique

Dominique Lagarde

Le Sahara occidental n’en finit pas d’envenimer les relations entre Rabat et Alger. Les autorités marocaines avaient espéré faire bouger les lignes en présentant, en 2007, un plan d’autonomie de ce territoire, dont un mouvement armé, le Polisario, réclame l’indépendance, avec le soutien de l’Algérie. On s’était félicité, à Rabat, du bon accueil réservé à cette proposition par les capitales occidentales. Mais, depuis, toutes les séances de pourparlers organisées sous l’égide des Nations unies se sont soldées par un échec. Et maintenant, une nouvelle escalade semble s’amorcer.

En septembre dernier, une demi-douzaine de militants associatifs sahraouis, indépendantistes de l’intérieur, ont été invités en Algérie, où ils ont rencontré des responsables du Polisario et visité des camps de réfugiés. Les Marocains, qui les ont arrêtés à leur retour, à l’aéroport de Casablanca, ont fort mal pris la chose, accusant les Algériens d’instrumentaliser une «cinquième colonne ». Le 6 novembre, le roi Mohammed VI prononçait, à l’occasion de l’anniversaire du rattachement du Sahara au Maroc, un discours très ferme, fustigeant une «bande de hors-la-loi » qui « complote, en intelligence avec les ennemis », et reprochant, sans la nommer, à l’Algérie d’avoir « contrarié la dynamique de négociation ».

Le ton est monté d’un cran encore avec l’affaire Aminatou Haidar. Le 16 novembre, cette activiste indépendantiste, qui réside à Laayoune, au Sahara occidental, s’est vu retirer son passeport à son arrivée dans le royaume, au motif qu’elle avait omis d’indiquer sa nationalité marocaine sur sa fiche de débarquement. Renvoyée à Lanzarote, aux Canaries, elle y a entrepris une grève de la faim, suscitant une émotion internationale qui s’est retournée contre le Maroc, pris à son propre piège.

Conscient de la nécessité de trouver une issue honorable qui préserve l’image du royaume, le ministre marocain des Affaires étrangères, Taieb Fassi Fihri, a alors multiplié les contacts avec Paris, Madrid, Bruxelles et Washington. Il s’est vite rendu compte qu’il n’y aurait pas de solution sans le retour d’Aminatou Haidar. Elle a été rapatriée, dans la nuit du 17 au 18 décembre, « pour raisons humanitaires ». On ne peut que s'en réjouir.